Bientôt deux mois après la déception d’une élimination en Coupe de France chez un club de CFA, on a retrouvé Jean-Luc Vasseur pour une série de questions liées au comportement actuel de l’US Créteil en championnat. Après avoir reçu Lens et à 2 jours d’un déplacement peu évident à Dijon, l’entraîneur cristolien nous répond en détail :
MaLigue2 : l’US Créteil est actuellement 12ème au classement avec une marge de 3 ou 4 points (selon match en retard de Brest) sur le 1er relégable, à 13 matchs de fin : c’est conforme à votre tableau de marche ou vous espériez mieux ?
Jean-Luc Vasseur : Notre départ nous avait permis de nous installer un peu plus confortablement dans le ventre mou. On sait que la deuxième partie de championnat est toujours un peu différente et que ça va se resserrer. On s’y prépare, et on s’y est toujours préparé, l’objectif a toujours été le maintien. Alors la place, peu importe, si ce n’est que plus on sera haut mieux ce sera et plus on sera confortable.
Que vous-a-t-il manqué sur ces 25 premiers matchs pour être un peu plus haut et passer une fin de saison plus tranquille ?
On s’est amélioré. C’est une équipe qui découvre la Ligue 2, des joueurs qui auront accumulé à la fin de la saison 25 à 30 matchs pro, avec une désinhibition des approches de match, des stades, des adversaires, des médias… c’est tout cet apprentissage. On sait que ça va être compliqué mais ça pourrait être assez bénéfique pour les saisons futures puisqu’on est en train de faire mûrir un effectif.
Vous rejouez un vendredi après la parenthèse du lundi soir, vous n’étiez pas forcément très heureux de ça, certains de vos supporters non plus… Vous l’avez vécu comment ?
Les supporters ont le droit de manifester, je comprends. J’avais eu des paroles aussi. On est content d’avoir des droits télé aujourd’hui, c’est important ; on a besoin des médias, indéniablement, eux ont besoin aussi de nous. On a besoin des supporters parce qu’on est toujours sur du spectacle, c’est bien d’avoir des stades pleins ; ça assure un spectacle sur le terrain mais aussi dans les tribunes. Et il faut se dire que les supporters sont bien souvent des salariés, ils n’ont que le weekend pour éventuellement se dévouer à leur passion. C’est vrai que c’est un peu compliqué, les acteurs du foot sont un peu dans l’impasse avec des matchs qui commencent le vendredi à 20h puis toutes les heures le samedi et dimanche. Est-ce qu’on serait prêt à jouer le dimanche à 11h plutôt que le lundi à 20h ? Je ne sais pas, c’est une concertation qu’il faut avoir parce que ça permettrait peut-être aux supporters, aux enfants, aux familles de venir. Il faut essayer de comprendre l’autre pour voir que ce n’est pas de la mauvaise volonté et qu’aujourd’hui il n’y a pas énormément de possibilités.
Vous n’allez donc pas à la messe le dimanche à 11h ?
Voilà, exactement, donc c’est compliqué ! J’ai trouvé que ce match du samedi, ou du dimanche – même si c’est la Ligue 1 – à 14h, sur lequel tout le monde disait c’est un horaire bâtard commence en fin de compte à rentrer dans les mœurs. C’est pour cela que j’évoquais ce match à 11h au lieu du lundi soir. Mais le lundi soir c’est quand même en terme de programme télé, de choix, un atout supplémentaire. Je comprends tout ça, tous les acteurs et simplement, aujourd’hui, c’est compliqué.
Votre équipe marque pas mal de buts, êtes-vous notamment surpris par la régularité de Faneva Andriatsima qui pourrait approcher les 15 buts en fin de saison s’il poursuit à ce rythme ?
Oui, mais au-delà du joueur c’est qu’aujourd’hui, il faut avancer dans le foot. Il y a plusieurs philosophies, la nôtre c’est d’avancer : on est capables de marquer, il n’y a pas qu’Andriatsima, il y a aussi une faculté de faire marquer les autres. Après, c’est vrai qu’on prend beaucoup de buts et qu’aujourd’hui il faut avancer dans ce championnat en prenant des points. Je continuerai à être dans l’optique de défendre, oui, mais je ne crois pas qu’un 0-0 nous suffise, il vaut mieux aller chercher la gagne. J’aurai plutôt tendance à dire que je préfère me livrer, pas la fleur au fusil mais me livrer, marquer des buts, parce que c’est forcément cela qui va m’amener à prendre plus de points le jour où je prendrai moins de buts. C’est une construction, aujourd’hui on est un tout petit peu déséquilibré puisqu’on prend beaucoup de buts, on ne peut pas marquer 3 ou 4 buts à chaque fois pour l’emporter ou faire match nul, c’est un équilibre à trouver.
Ça fait plaisir d’entendre ce genre de discours, il y a une vraie évolution en terme d’intention de jeu en Ligue 2, on assiste de plus en plus à des matchs ouverts comme lundi face à Lens et c’est loin d’être désagréable…
On fait un sport et on fait du spectacle aussi. Il y a des bons 0-0 des fois, mais je pense que l’émotion se dégage lorsqu’il y a des buts. Autant quand vous êtes supporter d’une équipe et que vous prenez un but il y a une déception énorme, autant quand vous marquez vous montez dans les extrémités de l’émotion, c’est ça aussi un bon match. Il y a aussi cette notion irrationnelle, ce paramètre de chance, qu’il faut être capable d’aller chercher pour faire la différence. On en est pas là encore mais on a vu sur notre dernier match, si vous regardez les buts de Lens, il y a un maximum de réussite : le ballon qui saute juste avant la frappe, se lève et donne la pleine puissance à la frappe d’El Jadeyaoui, le 3ème but sur lequel mon défenseur tacle et une motte fait que le ballon passe au-dessus de son tacle, l’arrêt du gardien lensois sur lequel il touche le ballon du talon postérieur et dévie la trajectoire… L’audace va nous permettre très certainement d’aller trouver cette notion de réussite.
Vous n’êtes pas mal à l’aise à l’extérieur chez les gros ; avec des nuls à Metz et Nancy récemment. Vous vous rendez à Dijon en ayant quand même engrangé de la confiance ?
Oui, mais on n’est pas payé, c’est ça qui est dommage ! Sincèrement, on me dit souvent qu’on n’est pas à notre place ; oui, mais ça c’est dans le contenu, pas dans le résultat. Dès qu’on a une petite défaillance derrière et un manque de lucidité devant, on ne prend pas les points qu’on escomptait. Mais je ne veux pas m’arrêter là-dessus, on va continuer et je sais qu’on va réussir. Cette première année de Ligue 2 me fait penser à notre première année de National, on avait tenté des choses et je pense qu’aujourd’hui on est vraiment en train de préparer l’avenir. Mais ça passe par le maintien, c’est sûr.
Dijon s’était imposé 1-3 à l’aller, quel souvenir conservez-vous de cette équipe ?
C’est étonnant parce qu’on nous dit toujours qu’on est une équipe hyper athlétique, on va jouer une équipe qui est vraiment plus grande que nous. Ils nous avaient vraiment battu là-dessus et avaient amorcé une bonne dynamique ; nous on était un peu moins bien. Ce jour-là, on s’était écrasé sur ce bloc, sachant que cette équipe nous avait marqué 2 buts un peu bizarres, sur 2 touches. C’est la 2ème équipe à domicile, on vient de recevoir la 2ème équipe à l’extérieur, on sait qu’on a affaire à un gros morceau. On va à Dijon avec cet esprit de continuer ce qu’on fait à l’extérieur, leur poser un maximum de problèmes et saisir toutes les opportunités. Ça ne sera pas un match facile pour nous, mais ça ne va certainement pas être un match facile pour eux aussi.
Enfin, un point sur l’effectif pour vendredi : votre défenseur central Diarrassouba sera suspendu alors qu’il s’imposait comme titulaire ; c’est ennuyant ?
Il n’y a pas de souci, on a 4 défenseurs centraux, un est suspendu, un en retour de blessure, il en reste deux : ça sera forcément une charnière Di Bartolomeo – Diedhiou, qui se connaissent parfaitement. Un effectif c’est ça, s’appuyer sur les joueurs disponibles, je n’ai pas de souci de ce côté là. Christophe est un bon joueur, à partir du moment où il se canalise, c’est un très bon joueur. Sinon, on a toujours Ludovic et Da Cruz blessés.
Crédit photos : USCL