Philippe Hinschberger « C’est une saison bizarre »

Philippe Hinschberger est l’entraîneur du Stade Lavallois depuis 2007, club qu’il a fait passer du National à la Ligue 2. Après 21 journées de championnat, l’équipe Tango est en situation délicate, flirtant avec la zone de relégation ; et pourtant MaLigue2 ne se fait pas trop de souci pour elle. Après avoir interviewé l’entraîneur lavallois, c’est encore moins le cas. Extraits de l’entretien, sans langue de bois.

MaLigue2 : C’est votre 7ème saison au Stade Lavallois, chaque année le maintien est obtenu même si on a l’impression que c’est de plus en plus difficile…

Philippe Hinschberger : Cette année est très différente des saisons précédentes, où la photographie du classement final ne veut pas forcément dire grand chose puisqu’on a souvent perdu nos 3-4 derniers matchs, lorsqu’on était sauvé. On était un peu plus confortables, même si ce n’est pas très glorieux. La meilleure saison fut celle de la montée (2009-2010), j’avais un super groupe avec des joueurs expérimentés, un jeune comme Romain Hamouma qui a fait une magnifique année avec 12 buts et 5 passes décisives. L’année dernière correspondait à une fin de cycle, beaucoup de joueurs en fin de contrat, d’autres avec nous depuis longtemps ; au cours de la saison quelque chose s’est cassé, l’ambiance de vestiaire n’était pas bonne, je n’aimais pas ce groupe. Bref, cette année je suis surpris de ce qui se passe, au vu de notre recrutement et du groupe je pensais qu’on serait plus haut.

Est-ce lié à une élévation du niveau général de la L2 ?

Je n’ai pas l’impression. On peut quand même noter qu’il y a de très bons jeunes gardiens cette année, Areola, Boucher, Nardi aussi qui nous a contrarié à Nancy. Et des valeurs sûres en attaque, il y a plus de qualité sur les coups de pied arrêtés, des attaquants qui savent faire la différence.

Revenons à votre saison, vous avez connu un démarrage très compliqué, par la suite un superbe mois de novembre (4 victoires 1 nul) vous avait permis de mieux figurer, depuis vous êtes à nouveau dans le creux de la vague : on a l’impression que vos résultats sont très « cycliques »…

C’est une saison bizarre, en effet. Ca s’explique aussi parce qu’on est obligé de marquer au minimum 2 buts par match si on veut gagner, on a un vrai problème défensif. Jordan Adeoti est redescendu en défense centrale et ça fait du bien ; j’ai aussi changé de gardien et, heureusement, on n’a pas pris de but contre Clermont.

Le remplacement de Vanhamel par Cappone est donc un choix qui sera maintenu ?

Oui. Sur nos 20 matchs disputés en championnat, je crois qu’on a pris 18 fois 1 but minimum. Ce n’est pas le seul responsable, mais Mike n’est pas clair sur pas mal de buts, même s’il n’est pas question de l’accabler. Ce n’est pas si facile de passer du rôle de doublure à titulaire. Il fallait envoyer un signal fort, c’est la première fois au cours de ma carrière d’entraîneur que je change de gardien en cours de saison !

A l’inverse, Christian Bekamenga réalise une grosse saison (11 buts), c’est un vrai motif d’espoir quand on connaît l’importance de posséder un buteur régulier ?

C’est aussi la première fois qu’un garçon de mon équipe a ces stats, mais Christian ne va pas nous mettre 3 buts à chaque match non plus ! Je reviens sur nos problèmes défensifs, mais c’est primordial de trouver le bon équilibre.

Concernant le match de samedi, vous aviez posé de vrais problèmes aux lensois à l’aller, même en infériorité numérique (9 contre 11) ; vous savez comment faire pour les gêner ?

Nous avions été très sévèrement arbitré, surtout sur le premier rouge, et on avait vécu un match assez équilibré, même à 9 contre 11. Eux avaient été presque déboussolés de se retrouver dans cette situation. Le but de Yahia, sur corner, si Mike sort on ne le prend jamais… Les circonstances ont changé, Lens pourra peut-être prendre la tête du championnat, à nous d’être à la hauteur de l’évènement devant 25 à 30 000 personnes.

Justement, allez-vous vous inspirez de ce qu’a fait Istres à Bollaert : jouer crânement sa chance et pas seulement faire le dos rond ?

On prend des buts tout le temps ! Donc si on n’en marque pas… On va évoluer en 4-3-3 à l’extérieur, pour plus de sécurité au milieu, l’objectif reste de se projeter vers l’avant. On est en progrès, à Nancy on a eu beaucoup d’occasions. Il faudra les piquer pour espérer quelque chose.

Paradoxalement, n’est-ce pas plus facile de préparer un déplacement chez une grosse cylindrée ?

On est plus dans la lumière, dans l’ambiance. C’est plus facile de se mettre à la hauteur de l’évènement, mais il y a aussi des inconvénients dans ce genre de situation : à Lens, Nancy, Caen…si vous n’êtes pas au parfum vous prenez une branlée ! On a su le faire à Nancy et Caen, poursuivons à Lens.

Un point sur l’effectif : pas de blessés ni suspendus ?

Non, l’équipe est au complet.

Et un souhait pour la fin de mercato ?

On doit solidifier la défense, il faudrait un joueur supplémentaire dans l’axe, au milieu ou derrière. Mais le mercato d’hiver, c’est très compliqué : on vous propose des joueurs en manque de temps de jeu, qui sortent de blessures, ou qui se sont perdus…Après, il faut aussi regarder à l’étranger, mais c’est très difficile de trouver un joueur compétitif de suite.

Un mot sur votre club de joueur, le FCMetz, ce qu’ils réalisent cette année ?

On parlait de mercato, ils viennent de se renforcer avec Eduardo. Ce que fait le FC Metz, c’est dans la continuité de leur saison dernière. Après, on peut dire tout ce qu’on veut, que c’est une équipe organisée, tout ça…je peux surtout vous dire que c’est une équipe généreuse, solidaire, avec des mecs qui cavalent, des besogneux ! Je connais le message d’Albert, et c’est à mon sens l’équipe qui débauche le plus d’énergie sur le terrain. Ils sont sur une superbe dynamique, même s’ils connaissent un moment difficile je ne vois pas comment l’accession peut leur échapper.

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