« Un joli clin d’oeil » dixit Youssef Chibhi. Le coach de Versailles, futur adversaire du RC Lens en Coupe de France (8e tour), ne parle pas pour lui. Mais bien pour son gardien, ancien international camerounais, Charles Itandje. « C’est un magnifique cadeau », confirme le portier, contacté peu après l’annonce du tirage par mail. Un cadeau qui lui permet de remonter il y a une quinzaine d’années en arrière. A ses débuts chez les pros, sous le maillot artésien.
Un début prometteur avec quelques singularités
Après une formation au Red Star, le portier camerounais arrive à l’été 2001 en Artois. Il débute en Ligue 1 (contre Guingamp, 1-3) un an et demi plus tard. Il remplace au pied levé un Guillaume Warmuz en retrait, puis partant au début de l’hiver. Il a tout juste 20 ans et un grand avenir devant lui. Capable de prouesses, Itandje progresse à une vitesse folle. Quelques fautes, logiques, surgissent. Elles sont liées à sa fougue, à son tempérament. Sa place de numéro 1 ne sera jamais remise en cause. Gardien atypique, il n’hésite pas à le faire remarquer. En février 2004, il se met à danser devant un penalty de Frédéric Piquionne…qu’il finit par repousser.
Les espoirs avant le départ
Quand on lui demande ce qu’il garde comme souvenirs de ses 6 années en Artois, Itandje répond : « Le RC Lens fait partie de moi. Le club m’a fait grandir en tant qu’homme et progresser en tant que footballeur. » Ses prestations attirent, au départ, l’oeil du sélection de l’équipe de France espoirs, Raymond Domenech. Surtout, Charles Itandje reste, à ce jour, synonyme d’un Lens habitué au top 5 de l’élite du foot français, et européen chaque saison. Coïncidence ou pas, son départ, à l’été 2007 devant le début du court règne de Guy Roux, signe le début des ennuis pour le RCL.
« Le club a voulu prendre une autre direction »
Charles Itandje quitte l’Artois. Vedran Runje prend sa relève. Promis à une belle carrière, le natif de Bobigny traverse la Manche et signe, comme doublure, à Liverpool. Il ne jouera jamais en Premier League, se contentant d’apparitions en Coupe. Il emprunte par la suite des chemins plus tortueux. Part en Grèce puis en Turquie. Pendant tout ce temps, il suit le parcours des Sang et Or. « Même à l’étranger, cela fait mal de voir un tel club avec des supporters si fidèles et passionnés en Ligue 2 depuis si longtemps. » Car, après la 5e place décrochée en 2007, le Racing a sombré. Prévisible ? « Je ne le sais pas… Mais nous avions une ossature solide à l’époque. Le club a voulu prendre une autre direction et, comme le savez, le football est imprévisible », se souvient Itandje.
Versailles ? C’est « très jeune, dynamique et talentueux »
Il réserve, aussi, souvent, de belles histoires. Ce Versailles-Lens, début décembre, en sera une pour lui. « Je venais à peine de rentrer chez moi lorsque le coach m’a appelé pour m’annoncer la nouvelle », lance-t-il, heureux comme dans ses plus jeunes années. Sauf que, depuis 2007, Itandje a gagné en expérience, en maturité et porte un regard plus complet sur le monde du football comme il l’assure. « La seule différence, c’est que je ne fais plus carrière chez les pros. Je veux juste prendre du plaisir », précise-t-il. Ce plaisir serait assurément d’éliminer le club qui l’a révélé au grand jour. Il croit en ses partenaires. « L’équipe est très jeune, dynamique et talentueuse. Un zeste d’enthousiasme et de générosité ne sera pas de trop. » Ce n’est pas Charles Itandje qui oubliera ces principes.
Laurent Mazure