Une immense page se tourne à l’AS Nancy-Lorraine. Après 24 ans de présidence, Jacques Rousselot a annoncé le lundi 1er octobre qu’il passait la main à son ami Jean-Michel Roussier. Mais si l’emblématique dirigeant quitte ses fonctions, il n’en restera pas moins toujours proche de son club, en restant actionnaire principal, en attendant la vente officielle de l’ASNL.
Vingt-quatre ans, c’est une éternité dans ce monde fou qu’est le football. Jacques Rousselot était l’un des derniers dinosaures historiques en place dans le football français, à la tête de son club corps et âme depuis 1994. En Ligue 2, le RC Lens a vu Gervais Martel être mis à l’écart progressivement. Le président nancéien, lui, a jugé qu’il était temps de prendre du recul, et « d’amener un oeil nouveau » à la tête de Nancy. Une décision lourde, empreinte évidemment d’un gros pincement au coeur pour celui qui était sponsor principal de l’ASNL, avant d’en devenir le patron au mitan des années 1990.
En 1994 donc, le club au Chardon végète en Ligue 2. L’objectif numéro 1 de Jacques Rousselot est d’abord d’assurer une stabilité financière, avant de voir plus loin. Une première montée en 1996, puis une deuxième en 1998, premier titre en prime. Nancy est alors un habitué de l’ascenseur et peine à s’ancrer dans l’élite. Dès l’année 2000, l’ASNL retombe en Ligue 2. C’est alors que Pablo Correa débarque comme entraîneur en 2002, et va changer le visage de l’entité lorraine. Le technicien uruguayen amène le deuxième titre au président Rousselot en 2005, en terminant en tête de la deuxième division.
La Coupe d’Europe et une Coupe de la Ligue en 2006…
Le dirigeant vivra là sa période la plus faste de son aventure. Une 4e place en L1 en 2008, des matchs de Coupe d’Europe à Marcel-Picot, mais également une Coupe de la Ligue remportée en 2006 contre Nice au Stade de France. Une année où Jacques Rousselot est élu « dirigeant de l’année » par France Football. Après ça, Nancy rentre doucement dans le rang. En 2011, le président décide de se séparer de Pablo Correa. Finalement, le club retrouve la Ligue 2 deux ans plus tard, et le coach emblématique signe son retour pour relancer la machine. Pari réussi, avec une remontée et un troisième titre de champion de L2 en 2016. Le dernier, aussi. Jacques Rousselot peine à amener un nouveau souffle, des idées neuves. Et s’investit également pleinement pour briguer la place de président de la Fédération Française de Football, en vain. Noël Le Graët est reconduit en 2017. Un coup dur. D’autant que les résultats de Nancy s’étiolent avec la vente des meilleurs jeunes afin d’équilibrer les comptes, comme Lenglet en janvier.
La relégation en N1 évitée de justesse en 2018…
Nancy ne passe cette fois qu’une année dans l’élite, avant de redescendre aussi tôt. Mais rien ne bouge. Pablo Correa s’en plaint publiquement, réclame du renfort pendant le mercato. La sonnette d’alarme est tirée. L’Uruguyen s’en va rapidement, alors que 3 autres entraîneurs prendront le relais pour un maintien assuré in extremis.Une hérésie à ce niveau. Nancy évite la catastrophe industrielle. Et Rousselot, victime de soucis de santé, une sortie par la toute petite porte avec une relégation en National 1. Mais l’avertissement, sévère, est visiblement resté sans effet. Dans sa volonté de prendre du recul, Jacques Rousselot attend désormais que la vente du club soit actée. Jean-Michel Roussier, « un homme de confiance« , va désormais diriger la destinée de l’entité. Ancien président de l’OM entre 1995 et 1999, il a également été président de l’éphémère chaîne CFoot, avant de prendre les rênes d’Onzeo TV, chaîne partenaire des clubs. A lui, maintenant, d’écrire une nouvelle page de la riche histoire de l’AS Nancy-Lorraine. Et de ramener avant tout de la sérénité.
Crédit photo : asnl.net