L’homme est atteint. Il en serait à moins. Le football, pourtant, laisse la moindre compassion au placard. L’humain se relègue à l’arrière-plan. L’exposition engendrée par la popularité de ce sport entraîne de facto un impossible filtrage de sentiments souvent exacerbés. Les critiques fusent. Les insultes pleuvent. Les incompréhensions demeurent.
Rarement un entraîneur du RC Lens n’a été aussi impopulaire. Bollaert-Delelis a pris Alain Casanova en grippe. Sifflé, hué, conspué, même la barrière émotionnelle ne peut que céder devant ces « Casanova casse-toi » hurlés par des inconditionnels (et quelques abrutis) Sang et Or à bout. Après trois petites journées, le coach artésien se trouve plus que jamais sur la sellette. Ses soutiens se font de plus en plus rares. Ses opposants de plus en plus nombreux.
Pourquoi une telle impopularité ?
Alain Casanova ne paie ici aucunement une personnalité particulière. L’ancien Toulousain ne s’est jamais aventuré hors des sentiers battus. Son public ? Il l’a toujours salué, encensé, respecté, remercié. Sincérité ? Communication ? Un peu des deux. « Son » douzième homme lui reproche une communication trop lisse, souvent en contradictions avec les faits. Difficile de lui donner tort lorsque, samedi, Casanova avance une réussite sochalienne à 3-0… Un manque de caractère qui, avec l’accumulation des déceptions liées aux nombreuses années de Ligue 2, débouche sur un rejet massif.
Qui plus est, Alain Casanova est parti avec un double handicap, dès son intronisation : le fait d’être un 2e choix. L’ambition affirmée de monter en une année, alors que ses actionnaires évoquaient un projet sur deux ans. Sa réputation d’entraîneur frileux et défensif le poursuit, aussi. Il est devenu le fusible idéal. Celui qui caractérise la très grande frustration et impatience de supporters marqués par une décennie d’échecs.
Aujourd’hui, il ne paraît clairement plus l’homme de la situation. Le laisser sur le banc pour la réception de Brest, samedi (4e journée), peut-être risqué. Le comité d’accueil lui offrira une atmosphère irrespirable, insoutenable. Un lynchage en public que personne ne mérite. Les joueurs s’en trouveront affectés, décontenancés. Et comme il est devenu, malheureusement, quasi-impossible de manifester son mécontentement sans débordements et insultes… Pourtant, des revendications sans heurt donnent davantage de crédits. L’après-match dans le Doubs permet d’assurer que ce n’est pas la voie prise par les fans Sang et Or.
Au-delà de Casanova, le sportif en question
Fusible idéal, Alain Casanova ne porte pourtant pas toute la responsabilité de ce début de saison raté sur les épaules. Son poste le positionne en première ligne. Mais, avec lui, c’est tout le domaine sportif qui soulèves moultes interrogations. Notamment un recrutement loin des cibles visées à l’origine, offrant une équipe affaiblie en un été. La possible prise en main du groupe par Eric Sikora, enfant du cru, pourrait ramener le calme au sein d’un club qui, depuis trop d’années, prend la problématique sportive peut-être à contre-sens. Le retour des valeurs d’identité et d’humilité, dans une entité qui a construit son histoire sur celles-ci, doit être priorisé. Car sans elles, le retour du Racing en Ligue 1 s’opèrera sur des fondations plus que jamais bancales.
Très bon article (et site)
Je pense qu’effectivement Casanova subit la colère des supporters qui encaissent depuis trop d'années ces mauvais résultats. Sainté, Nantes et j'en passe ont su remonter en Ligue 1... D'autres, moins attendus sont montés sans en avoir forcément l'ambitions en début de saison et Lens... Y est toujours !
On ne peut résumer l échec le sois à un seul homme Le principal responsable jocelyn Blanchard responsable de la cellule de recrutement. On ne peut remonter en ligue 1 avec des joueurs venant de National ou des inconnus voire des laissez pour compte Aucune politique de terme Le RCLENS navigue à vue et va droit vers les rochers
Lens s'en sort bien ! Le commentaire de Casanova sur le 3-0 ressemble fort à un déni : Lens a été étouffé, surpassé toute la première mi-temps. Alors certes, les 2 buts concédés dès l'entame de la seconde peuvent relever de "la réussite" ; c'est incontestable pour le second ; mais le premier traduit une "réussite" provoquée. Lens revient dans le match et termine mieux, à deux doigts de prétendre au match nul grâce, notamment, à un généreux pénalty accordé dans le dernier quart d'heure et à la fâcheuse propension sochalienne au relâchement de toute fin de match. Mais cette équipe a globalement failli et il est temps que les joueurs assument aussi leurs responsabilités. Pour autant, la saison en L2 est très longue et il serait stupide de condamner Lens au regard de cette mauvaise entame. Une réaction est attendue face à Brest, autre prétendant pas du tout à son avantage en ce début de championnat.