Après nous avoir parlé de ses cinq années havraises et ses objectifs personnels, Alexandre Bonnet évoque maintenant le match au sommet du soir, Lens – Le Havre. En découle une discussion sur l’ambiance au stade Océane et le niveau de jeu de la Ligue 2.
Il te reste 2 ans de contrat. A 27 ans, tu n’as pas envie de retenter le challenge de t’imposer en Ligue 1, maintenant que tu es plus mûr ?
Sincèrement je pense arriver à maturité, si j’avais la possibilité d’évoluer dans le championnat supérieur, j’aurai davantage les armes pour supporter la concurrence, la pression. Ça s’apprend au fur et à mesure et ça vient avec l’expérience. Maintenant, je suis au Havre, on a une saison à terminer, il faut redresser le club. Et malgré tout, ça reste un club qui a de grosses ambitions, même si en terme de classement on ne le montre pas. Je pense que dans les années futures, j’espère en tout cas, Le Havre va retrouver l’élite.
Vous serez à Lens ce soir : vous leur aviez collé une belle fessée à l’aller, quel souvenir gardes-tu de cette rencontre ?
C’est une équipe très joueuse, qui a de grosses qualités offensives et se projette énormément vers l’avant. Contre nous, ils ont explosé, ce sont des choses qui arrivent. Au final, on pensait lancer notre saison, ça n’a pas du tout été le cas. Je pense que ça leur a peut-être mis une petite piqûre de rappel et permis de les rebooster. Ça va être un match complètement différent, on va jouer chez eux, avec certainement une grosse ferveur du public, un esprit revanchard de leur part, ils restent sur une bonne performance en Coupe de France… Un match très intéressant pour nous qui peut permettre de rebasculer et nous redonner de la confiance.
L’occasion de se hisser à leur niveau le temps d’un match, avec l’ambiance et tout ce qu’il y a autour…
Exactement. Au final, on se rend compte que cette saison on a plus de mal à évoluer contre des équipes dîtes un peu plus défensives, où l’on doit faire le jeu, ça n’est pas toujours évident. Là, on aura l’occasion de rencontrer une équipe joueuse, ça nous laissera certainement plus d’espaces, à nous de savoir en profiter.
Tu t’attends à devoir faire beaucoup d’efforts défensifs ?
Sincèrement, pas plus que cela. On a des joueurs qui ont le profil pour jouer au ballon, sur la plupart des matchs on a quand même la possession du ballon. Maintenant, c’est clair qu’il va falloir être intelligent, Lens est une grosse équipe de Ligue 2, ils vont vouloir nous mettre le feu. Il va falloir être costaud défensivement et puis, surtout, profiter des brèches qu’ils vont nous laisser.
Et c’est peut-être pour cela que tu fais une bonne saison, tu es un joueur plus à l’aise dans une équipe qui a la possession. Ton côté créateur est valorisé quand l’équipe a le ballon.
Le coach axe vraiment notre style de jeu sur la possession. C’est sûr que je suis plus à l’aise avec le ballon que sans, on a des joueurs qui ont ce profil, qui aiment la possession, créer du jeu. Après, il ne faut pas rechigner aux tâches défensives, paramètre important surtout dans notre championnat qui est pas mal axé sur le combat physique.
Toi qui es en Ligue 2 depuis 5 ans, tu sens que c’est toujours autant le cas ? J’ai l’impression qu’il y a quand même du mieux, au niveau du fond de jeu, des équipes comme Dijon, Angers, même vous sur certains matchs, malgré votre position, jouent pas mal au ballon.
C’est sûr qu’il y a une amélioration. Il y a un noyau de 5-6 équipes qui se focalisent vraiment sur le jeu, essayent de remporter les matchs par le jeu. Les années précédentes, ça n’était pas vraiment le cas. Maintenant, il y a aussi un noyau d’une douzaine d’équipes qui veut prendre les points, d’une manière ou d’une autre, c’est respectable, mais il y a des matchs forcément plus compliqués lorsqu’on va affronter des équipes qui évoluent à cinq défenseurs et trois milieux devant la défense. Au final, ce que l’on retient c’est les points et nous, même si on a tendance à réaliser des bons matchs en terme de jeu, les points nous manquent. Et en ce moment, on en a besoin.
Il risque d’y avoir une grosse ambiance à Bollaert. Au Havre, vous possédez un superbe stade mais des tribunes trop peu garnies. C’est quelque part encore plus frustrant ?
Bien sûr, on a un stade magnifique, de belles infrastructures. On n’a qu’une hâte, c’est d’évoluer dans ce stade plein. Après, ça va dans les deux sens… En ce moment, il y a peu de monde, le dernier match on a tourné à 5 000 spectateurs (ndlr : 5 880 exactement), ce qui est vraiment dérisoire. Maintenant, il faut faire venir les gens, on sait qu’il reviendront si les résultats sont bons. Là, ils se rendent compte que la saison est compliquée, qu’on ne montera sûrement pas, ils ont plus de mal à se déplacer. Mais on sait très bien que si on avait réalisé une saison pleine et qu’on était dans les trois premiers, le stade serait certainement davantage rempli. Il faut faire venir les gens, ça passe aussi par nous et le spectacle qu’on leur procure ; en ce moment, on est malheureusement pas en position d’attirer les spectateurs…
Et pourtant, paradoxalement et même si vous n’êtes pas bien classés, on ne s’emmerde pas tant que ça au stade Océane. Alors qu’il y a des équipes qui sont 5-6 places devant, je peux te dire qu’il faut se les taper leurs matchs !
Le souci c’est que les gens payent leur place, ils viennent voir un spectacle, une belle équipe qui joue. Sauf qu’ils viennent une fois, deux fois, trois fois, mais si les résultats ne sont pas là ils se disent à un moment donné « on veut une équipe qui gagne, qui soit devant », c’est humain. Le spectateur vient avant tout supporter son équipe, il veut la voir gagner, même si c’est vrai qu’il y a parfois du beau football.
Crédit photos : HAC