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Les secrets des maillots de Ligue 2 (épisode 3/4 : Grenoble, Guingamp, Laval, Paris FC, Pau)

Les couleurs et les motifs portés par les joueurs de Ligue 2 ne doivent rien au hasard. Troisième épisode de notre série sur les tuniques du championnat.

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Grenoble : du bleu et un oubli  ?

Fondé en 1911 « Football Club de Grenoble », émanation d’une association sportive du Lycée Champollion (1892), évoluait (et évolue toujours en rouge et bleu). Comme nombre de clubs déjà évoqués, le FCG est alors un club omnisport, dont le descendant véritable est le club… de rugby de la ville qui évolue en Pro D2 cette saison.

La section football a connu un destin plus chaotique. En 1917, la section football prend son indépendance et gardera le même nom jusqu’en 1977 et un changement de nom en Football Club Association Sportive de Grenoble puis en Football Club de Grenoble Dauphiné en 1984. Au long des décennies, le bleu persiste, le rouge s’effacera après les années 80.

Le Football Club Association Sportive de Grenoble (1981)
Le Football Club de Grenoble Dauphiné (années 80, avec Youri Djorkaeff)

En 1990, nouveau changement de nom (Football Club de Grenoble Isère)… de courte durée. En 1992, le club fusionne avec le FC Jojo pour se nommer Football Club de Grenoble Jojo Isère car la mairie ne souhaite plus subventionner plusieurs clubs concurrents. En 1993, l’identité change encore : Olympique Grenoble Isère ! Le club végète alors en amateur, dans une situation financière désastreuse.

C’est en 1997 que le Grenoble Foot 38 naît enfin, d’une nouvelle fusion appuyée par la municipalité. Ce qui reste de l’OGI fusionne avec le Norcap Olympique Grenoble, un club d’origine ouvrière évoluant en blanc et rouge : « Un très bon club amateur qui jouait un rôle social évident dans cette ville. Un endroit où les jeunes venaient même faire leurs devoirs », se remémorait Jean-Michel Larqué dans Mag2Lyon en mars 2011.

Norcap Olympique Grenoble

D’après JM Larqué, le président de Norcap, Paul Elkaïm, médecin de famille, et propulsé à la tête du Gf38 pour sa première saison aurait accepté cette fusion à contrecœur, le professionnalisme n’étant pas dans l’ADN de Norcap. Et l’occasion de renouer avec la couleur rouge ne sera pas saisie. Le nouveau club isérois se parera de bleu et de blanc. Les anciens joueurs de Norcap seront progressivement écartés de l’équipe première et les couleurs du club de quartiers oubliées.

Dans un billet de blog, le maire d’alors, Michel Destot reconnaîtra que le club de Norcap a été « sacrifié » pour permettre « la renaissance d’un grand club de football à Grenoble ».

Guingamp : une origine laïque

Plusieurs clubs de Ligue 2 ont été fondés ou accompagnés par des institutions catholiques (voire l’AJ Auxerre dans l’épisode 1 ou le Pau FC ci-dessous) Pour En Avant Guingamp, c’est tout le contraire, l’Église n’étant pas la seule à se préoccuper d’occuper la jeunesse.  C’est un instituteur laïc, Pierre Deschamps qui crée le club en 1912. « Nos créateurs en 1912 étaient des instituteurs laïcs : les « Rouges » (ndlr, le noir a été choisi par d’autres membres du club proches des anarchistes. » explique-t-on du côté de l’EAG. Le rouge est alors assimilé à la « couleur de la République ».

L’EAG lors de sa première saison, avec Pierre Deschamps (debout, à droite)

Contrairement à d’autres clubs, l’EAG ne changera, jamais de nom, ni de couleurs. Le premier jet est souvent le meilleur.

Laval : 21 ans avant le Tango

Fait certain : le Stade Lavallois est vêtu de « Tango » (orange vif) depuis, au moins, mois de septembre 1923. La victoire contre Nantes (2-1) ce jour-là à peut-être invité le club à poursuivre l’expérience. Pourquoi cette décision ? C’est plus flou. Une rumeur veut que les dirigeants d’alors auraient voulu des maillots rouge sang et que ceux-ci auraient viré à l’orange après quelques lavages, une explication qui semble tenir plus de la légende urbaine qu’à autre chose.

Journal La Mayenne, 19 septembre 1923

De 1902, date de création du club, à 1904, le club mayennais évoluait en haut noir et bas rouge, avant de passer à des maillots vert et blanc. Selon d’autres sources, moins documentées, la couleur orange est arrivée sur les maillots lavallois en 1918, après la Première Guerre mondiale. Un nouveau départ après l’armistice ?

Le Stade Lavallois en vert et blanc lors de la saison 1910-1911 (Photo ©Stade Lavallois)

Paris FC : Une longue recherche d’identité

Si le Paris FC peine parfois à déclencher une grande ferveur populaire, c’est peut-être en raison d’une histoire chaotique, marquée par des fusions, des tentatives de fusions, des changements de couleurs et des déménagements qui n’ont pas aidé le club à s’attacher dans le cœur des Parisiens.

À la fin des années 60, la capitale de la France ne compte aucun club professionnel en son sein, une anomalie à laquelle tentera de répondre le projet Paris FC. Le club est créé en 1969 mais reste pendant un an un club sans stade, sans équipe et donc sans maillot. En 1970, une fusion est annoncée avec le Stade saint-germanois pour former le Paris Saint-Germain FC qui arbore pour ses premières années un maillot tout rouge.

Le mariage prend fin dès 1972. La ville de Paris, qui verse les subventions, veut un club nommé « Paris Football Club ». On ne l’entend pas de cette oreille du côté de Saint-Germain-en-Laye. Le 20 juin, la séparation est actée : le PSG repart en troisième division tandis que le Paris FC obtient la garde de la section professionnelle mais sera relégué en D2 en 1974 et devra céder le Parc des Princes… au PSG qui lui, remonte.

En rouge aux débuts des années 70, me PFC va passer un temps à l’orange, la couleur des stylos BIC, alors principal sponsor. En 1978, le Paris FC devient bleu ciel et blanc alors qu’il est racheté par Jean-Luc Lagardère, car ce dernier prépare une fusion avec le Racing Club de France qui porte ces couleurs. Le club caméléon est même renommé brièvement « Racing Paris 1 ». La section professionnelle sera est transférée au Racing, qui deviendra le Matra Racing, un club qui échouera à se pérenniser dans le monde pro.

Le PFC en orange dans les années 70

Le Paris FC repart en division d’honneur, portera encore trois noms différents, évoluera notamment en rose, avant d’alterner plusieurs nuances de bleu, jusqu’au maillot actuel. À noter que les pensionnaires du stade Charléty ont aussi porté  à l’extérieur un maillot blanc et noir, en référence à celui du FCF Juvisy, absorbé par la section féminine du PFC en 2017.

Pau : Des Bleuets devenu trop grands

Ce n’est qu’à partir de 1961 que le Pau FC (précisément FC Pau à l’époque) s’est vêtu de jaune et bleu, aux couleurs du blason de la ville (à gauche), dont le blason du club (à droite) s’est encore plus rapproché en 2022.

Le lien entre la capitale béarnaise et son équipe est une évidence. Néanmoins, ce mimétisme graphique n’a pas toujours existé. Le Pau FC est issu d’un patronage catholique nommé les Bleuets de Notre-Dame, une œuvre religieuse agissant dans le quartier Mayolis, à proximité de l’église Notre-Dame de Pau. Destinée à œuvrer pour le « développement physique et moral des jeunes gens, par la pratique des sports et la création entre ses membres des liens d’amitié et de solidarité ». Le bleuet, première fleur à repousser sur les champs de bataille, avait été choisi comme symbole de renaissance et de reconstruction, dans un contexte post-Première Guerre Mondiale. Les maillots sont bleu ciel et blanc.

L’initiative paroissiale, à visée sociale, se destinait à tout sauf au professionnalisme mais le succès sportif est fulgurant. En 1958, l’équipe obtient sa neuvième montée en dix saisons. Les Bleuets atteignent la première division amateur. L’évêché décide alors de passer la main et cherche de nouveaux dirigeants. Dans un premier temps, le président Bidegain garde les maillots bleus, ainsi que la devise « Vaincre ou sourire », présente sur l’ancien logo. Les couleurs jaunes et bleus seront choisies en 1961 sous l’impulsion de l’ancien capitaine, René Lanusse, devenu dirigeant. Le club devient celui de toute la ville et plus seulement de Mayolis.

En 1991, le club est racheté par Alain Pitoun qui décide de revenir aux maillots « bleuets » mais son règne se termine par une liquidation judiciaire du FC Pau… qui renaîtra, en jaune et bleu, en 1995 sous le nom de Pau FC, dirigé par un ancien gardien de but de l’équipe, Bernard Laporte-Fray, qui n’est autre que l’actuel président.

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