Meilleur passeur (6 passes) et co-meilleur buteur (11 réalisations) de Ligue 2 cette saison, Jean-Philippe Krasso porte l’attaque de Saint-Etienne sur son dos. Pourtant, l’attaquant de 25 ans a dû lentement se construire dans le monde amateur puis à travers différents prêts afin de pouvoir enfin exprimer son plein potentiel chez les Verts. Avec la lourde blessure de Gaëtan Charbonnier, les responsabilités du vice-capitaine du club seront encore renforcées pour la fin de saison.
Il empile les buts et les passes décisives. Pourtant, Jean-Philippe Krasso aurait pu être de l’autre côté sur le terrain, parmi ceux qui doivent au contraire tout faire pour contenir le talent des offensifs. Né à Stuttgart en Allemagne, JPK débute le football à quatre ans Outre-Rhin et découvre le poste… de défenseur central ! « Comme j’étais le plus grand l’équipe, mon coach avait donc décidé de me mettre à ce poste sur le terrain. Mais j’ai toujours voulu jouer comme attaquant », retraçait-il à l’époque sur le site officiel de Lorient. Bien lui en a pris ! Très fin techniquement, à l’aise dans la vision du jeu et à la finition, ses aptitudes portent aujourd’hui l’AS Saint-Etienne dans sa quête de maintien. Pourtant, l’histoire d’amour entre les Verts et Krasso n’a failli jamais se lancer…
Un match déclic en Coupe de France avec Epinal
A son arrivée à l’été 2020, Jean-Philippe sort du monde amateur après ne pas avoir reçu de contrat professionnel chez les Merlus. Un passage à Schiltigheim d’une saison puis une signature à Epinal (N2) vont changer son destin. Le brillant parcours du SAS en Coupe de France en 2019, et notamment son doublé décisif en 8es de finale contre le LOSC (2-1), va permettre de braquer les projecteurs sur son potentiel. Si son compère Mickaël Biron rejoint Nancy en Ligue 2, lui décide de franchir directement le cap de la L1 dans le Forez. Difficile en effet de refuser l’offre d’un tel club historique. « Jean-Phi est dans la continuité de sa très bonne saison, puisqu’il doit en être à seize buts inscrits et sept ou passes décisives.. En tout cas il a prouvé ce soir qu’il n’avait rien à faire en National 2 : c’est un joueur au potentiel extraordinaire », disait à L’Equipe après ce match déclic contre Lille son entraîneur de l’époque à Epinal, Xavier Collin. Seulement voilà, la marche de trois divisions entre le N2 et la L1 et la situation de plus en plus difficile sportivement de l’ASSE ne vont pas permettre à Krasso de s’épanouir directement.
A lire aussi >> Ligue 2 – Saint-Étienne, Niort, Nîmes… la révolte des mal classés
Des prêts réussis en N1 puis en L2
Avec beaucoup de pression sur les épaules et peu de temps de jeu, JPK n’apparaît qu’à six reprises dans l’élite (2 titularisations). Sans avoir débloqué son compteur en championnat, l’attaquant est alors prêté pour la deuxième partie de saison au Mans, en N1. Une première bouffée d’oxygène dans la Sarthe et un regain de confiance, avec 5 buts marqués en 14 matchs. La machine semble lancée, mais à son retour à L’Etrat en 2021, les mêmes maux reviennent. Pointé du doigt par les supporters pour son manque d’efficacité et pas vraiment dans les plans de Pascal Dupraz qui a succédé à Claude Puel sur le banc, Krasso trouve de nouveau refuge loin de l’ASSE. Cette fois, c’est l’AC Ajaccio en Ligue 2 qui flaire le très bon coup au mercato hivernal 2022. « Personne ne le connaissait et on s’est battu pour ce joueur. On était sûrs de nous, même si on nous l’avait fortement déconseillé jusqu’au dernier jour. Mais avec le coach, je savais très bien que dans notre philosophie, il allait donner satisfaction. Il et il a peut-être été le plus qui nous a fait monter en L1 », salue le coordinateur sportif de l’ACA, Johan Cavalli, dans Corse-Matin.
Une nouvelle dimension chez les Verts
En Corse en l’espace de six mois, l’avant-centre met tout le monde d’accord : 15 matchs, 4 buts, des passes décisives et une importance dans le jeu qui permettent à l’ACA de célébrer la montée. C’est donc avec une nouvelle étiquette que Krasso revient (encore) à l’ASSE l’été dernier. S’il obtient l’accession sur le terrain, lui choisit de rester chez les Verts relégués. « Effectivement, on aurait voulu le conserver. Mais il fait partie d’un club qui est descendu, qui a un nom, qui a voulu vendre des joueurs à un montant élevé. Pour nous, c’était inenvisageable, on n’avait pas les moyens », regrette Cavalli. Mais pas les supporters des Verts. Moqué auparavant, Krasso devient le leader d’attaque de l’ASSE. Son mois d’août est stratosphérique malgré les résultats collectifs décevants. Il n’a besoin de personne pour inscrire des buts de folie et maintenir le cap, comme ses rushs impressionnants à QRM (2-2) ou à Valenciennes (2-2). Brassard autour du biceps en tant que vice-capitaine ces dernières semaines en l’absence d’Anthony Briançon, l’international ivoirien a pris une autre dimension et l’assume. « Personnellement, j’ai essayé de faire plus dans mon rôle d’ancien. Il était important de donner plus, c’est ce qu’on fait tous de notre côté. Moi, je n’ai pas l’habitude de parler devant tout le monde, mais je me force si c’est nécessaire pour le groupe. Je l’ai fait avant Annecy (victoire 3-2) », expliquait-il en conf de presse avant Dijon. Parler c’est bien, répondre sur le terrain c’est mieux, et JPK sait allier les deux ! Dans ce match crucial face au DFCO, c’est lui qui lance les Verts (2-0), avant de voir malheureusement son partenaire Gaëtan Charbonnier gravement se blesser. Alors plus que jamais, la mission maintien passera par un Jean-Philippe Krasso de haut niveau !
Photo Alex Martin/FEP/Icon Sport
