Après un départ extrêmement intéressant pendant les 11 premières journées, l’Amiens SC est rentré dans le rang à cause de quatre défaites consécutives en Ligue 2. Est-ce que cette petite chute au classement (le club occupe actuellement la 7e place) est un signe pour la suite du championnat, ou n’est-ce que le fruit du hasard, de la malchance ? C’est ce que nous avons tenté de décrypter avec l’entraîneur Philippe Hinschberger.
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Statistiquement, Amiens n’aime pas la norme
« On a quand même gagné 7 matchs sur 11, ce qui est une belle performance, nous raconte le coach qui compte le plus de matchs en Ligue 2 parmi les techniciens en activité dans le championnat. On a été souvent sur le podium dans les premiers matchs. Il y a certaines rencontres comme contre Grenoble, Annecy ou Sochaux, sur lesquelles notre marge de manœuvre n’était pas très importante. On gagne d’ailleurs cinq fois par un but d’écart. A un moment donné, on a eu la réussite, beaucoup d’efficacité, avec par exemple Gurtner qui fait un arrêt décisif à un moment où on était à 0-0. On était aussi l’équipe qui avait le plus mené au score sur les 9 ou 10 premières journées. On avait cette efficacité qui faisait que sur notre première, deuxième ou troisième occasion, on marquait. On a aussi eu la chance de gagner trois matchs d’affilée après chaque défaite. On n’était pas non plus dans une trajectoire de domination absolue. Sur ces 11 premiers matchs (7 victoires 2 nuls et 2 défaites), on a été à peu près bon sur 50% du temps. Pas plus. Mais cela nous suffisait pour prendre des points à cette époque. On n’est donc pas vraiment passés de l’ombre à la lumière. »
Si Philippe Hinschberger parle d’un changement modéré dans les résultats, c’est parce que l’Amiens SC est à l’arrêt depuis désormais 4 journées, avec des défaites contre Nîmes, Saint-Étienne, Pau et QRM. « Sur ces quatre derniers matchs, le seul qu’on a vraiment raté c’est contre Nîmes. On n’a pas été bons parce qu’on était encore sur notre petit nuage après le match de Dijon, avec un scénario complètement fou. Franchement, ce match à Nîmes on l’a pris un peu à la légère, je m’inclus dedans… On a pris deux buts et le match était cuit. Mais contre Saint-Étienne, on doit ouvrir le score et mener à la mi-temps. On perd sur un penalty très sévère, même si le coup d’épaule de Mendy est un peu inutile à ce moment-là du match. On domine le match à Pau et on prend des buts improbables, comme ce centre de leur gaucher (Evan’s) qui finit en lucarne… On ne doit jamais le perdre et faire nul. Je ne parle même pas du match de QRM, où on doit obtenir un penalty. Après visionnage des images avec la VAR, en Ligue 1, c’est expulsion du gardien pour une semelle sur Tolu et penalty au bout de 20 minutes. Cela nous aurait certainement permis d’ouvrir le score et de faire la course en tête contre une équipe qui est si redoutable en contres. »
Redevenir réaliste devant et derrière
Ces revers consécutifs n’inquiètent pas outre mesure le technicien. « Ce sont des petits facteurs comme ça qui nous handicapent, des décisions arbitrales ou un but évident que l’on rate. C’est vrai que Tolu Arokodare a mis 5 buts sur les 7 premiers matchs et depuis c’est plus compliqué, il est en panne d’efficacité et globalement, personne n’a pris le relais. Le fait que nous ne mettons qu’un but sur ces 4 derniers matchs avec plus de 30 centres par match, beaucoup de tirs et de corners… Toutes ces statistiques montrent qu’on a perdu notre efficacité. C’est pénible parce que ça nous amène sur des défaites, mais quand on analyse les matchs, surtout les deux derniers, les statistiques sont incomparables avec certaines de nos victoires. »
« Quoi qu’on en dise, on a pris sept buts sur cette période. Cette solidité défensive qu’on avait sur les premiers mois de championnat a disparu. Il faut absolument la retrouver, arrêter de prendre de but et surtout d’offrir des cadeaux ! On a donné des opportunités (2 penaltys en trois matchs) que nous ne donnions pas du tout avant. Il faut que tout le monde s’attelle à cette tâche. Ce n’est pas qu’on le faisait moins, mais il faut prendre conscience qu’on est moins en réussite défensivement aussi. On ne peut pas continuer sur ce rythme-là. Mais on ne veut pas arrêter de jouer non plus ! Notre marque de fabrique c’est d’attaquer, et on veut faire perdurer cela. »
« On voit aussi que nos adversaires nous ont étudié et ont remarqué que l’on créait deux fois plus d’occasions à droite qu’à gauche. Antoine Léautey abat beaucoup de boulot, il cavale, il défend, il déborde. Il y a Gomis qui vient souvent montrer le bout de son nez dans ce coin-là. Formose Mendy est au départ des actions depuis l’arrière. Donc les adversaires qui nous ont bien étudié bloquent un peu plus ce côté-ci. L’arrivée de Gaël Kakuta doit nous amener le talent qui nous faisait défaut, même si paradoxalement, on a fait un très bon début sans Gaël. »
L’équipe type d’Amiens (en 3-5-2) en fonction du temps de jeu :
Gurtner – Mendy, M. Fofana, Opoku – Léautey, Gomis, Gélin, Benet, Xantippe – Arokodare, Cissé.
Le banc : Charruau (g), Barry, Ring, Lachuer, Doums Fofana, Kakuta, Chibozo.
Le pronostic de MaLigue2
Statistiquement, il paraît improbable que les Amiénois en restent-là et continuent cette série de défaites en championnat bien longtemps. Il devraient reprendre leur marche en avant prochainement et cette victoire 10-0 contre L’Aiglon du Lamentin (R1 Martinique) est peut-être un indice d’une efficacité retrouvée pour les attaquants picards. Si ils veulent s’installer durablement dans le haut du tableau et jouer les trouble-fêtes pour la promotion en fin de saison, les coéquipiers de Régis Gurtner ne doivent pas attendre trop de temps avant de retrouver le chemin de la victoire.
Photo Loic Baratoux/Icon Sport