En chute libre depuis de trop long mois, l’AS Saint-Étienne se retrouve à la pire place de Ligue 2, 15 journées après le début de l’exercice 2022-2023. La relégation, qui aurait pu permettre aux Verts de renaître de leurs cendres, pourrait finalement précipiter le club forézien droit vers le championnat de National 1. Une nouvelle épreuve pour cette institution du football français que Laurent Batlles et les siens doivent tenter de surmonter lors des 23 journées restantes. Nous avons contacté le site EVECT (EnVertEtContreTous) pour dresser un bilan de ce début de saison avec Joris Saby, journaliste.
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Le bilan sportif
« C’est sûr que le bilan ne va pas être positif, en étant dernier de Ligue 2 après 15 journées. Il reste malgré tout un peu mitigé dans le jeu. Il y a eu trois périodes pour l’ASSE : celle qui s’étire jusqu’à la fin du mercato, où on n’arrivait pas à se prononcer sur les Verts parce qu’il y avait des joueurs qui voulaient partir, tout le monde n’était pas arrivé donc c’était très dur de se projeter sur le long terme. A partir du match à Valenciennes, on a vu énormément de « mieux » dans le jeu. On a vu la patte Batlles s’affirmer. Contre Bastia, contre Bordeaux… Saint-Étienne a imposé son jeu. Même face à Grenoble (match nul 2-2), c’est un match qu’on doit remporter neuf fois sur dix. On a les occasions, on ne les mets pas et on se fait punir. Il y a eu quelques matchs pendant lesquels on se disait « ça y est, la saison est lancée ». Et puis il y a eu la troisième période… »
Une série de six matchs (toutes compétitions confondues) avec une victoire pour cinq défaites qui passe mal pour les supporters. « Après le match face à Sochaux, les Verts ont commencé à retomber dans leurs travers, confirme Joris Saby. Les soucis défensifs sont revenus, avec cette moyenne de deux buts encaissés par match. C’est compliqué d’aller gagner des matchs dans ces conditions. Sur les derniers matchs, c’est pire : on n’a plus du tout ressenti cette qualité de jeu qui faisait l’une des forces, voire la seule force de l’ASSE sur le début de saison. Les deux matchs face au Paris FC et contre Rodez étaient très compliqués, à tous les niveaux. Même l’attaque stéphanoise, qui a performé un temps, n’a presque rien produit dans ces rencontres à domicile. Le problème, c’est qu’on reste là-dessus et que cette forme est quand même très, très inquiétante. »
Le mercato le plus important de l’histoire du club ?
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Pourtant, l’effectif a été largement remanié lors du marché des transferts d’été, avec plus de 20 départs et 11 arrivées, sans compter les retours de prêt. Une activité avec des recrues intéressantes qui nous a poussé, à tort, à imaginer Saint-Étienne parmi les favoris pour la montée… « Dès la fin du mercato estival, j’étais le premier à dire que les noms me convenaient, avoue le journaliste d’EVECT. On avait pris un bon mélange de joueurs comme le jeune Benjamin Bouchouari, encadré par des joueurs d’expérience comme Thomas Monconduit, Jimmy Giraudon ou Anthony Briançon, qui sont censés encadrer le groupe ». Une équipe complétée par des joueurs intéressants comme Chambost et surtout Victor Lobry, « le meilleur joueur de cette première partie de saison, même s’il est difficile de sortir un joueur du lot ». Car au final, ces cadres peinent à justifier leur statut. « Pour le moment, on ne peut pas dire qu’ils sont au niveau parce que Sainté est 20e… Si on fait du cas par cas, je trouve qu’Anthony Briançon a eu du mal à rentrer dans sa saison, mais il s’est bien relancé. Au contraire, Giraudon est en perte de vitesse, comme on a pu le voir contre Rodez (expulsion évitable à la 68e alors que Saint-Étienne est mené 2-0). Ce sont des erreurs qu’on ne veut pas voir chez des joueurs expérimentés, au contraire. Mais il n’y a pas à cibler un joueur plutôt qu’un autre, c’est tout un groupe qui a flanché, qui a fait une première partie de saison indigne de l’AS Saint-Étienne. Maintenant, les joueurs sont tous dans le même bateau et ça va être à eux de nous sortir de là. »
Si les individualités déçoivent malgré un CV intéressant, on peut affirmer sans problème que l’effectif a été mal construit par rapport à la tactique préférée de l’entraîneur : le 3-5-2. « Finalement, on n’a pas recruté de piston alors qu’on n’avait que Maçon, qui reste un joueur irrégulier. On a vu des « tests » à ce poste. Il y a eu Cafaro ou encore Pintor… Cela s’est énormément ressenti, surtout vu l’importance de ces pistons dans une telle formation. Devant, le problème est qu’on n’a que Wadji et Krasso. Quand ce dernier prend trois matchs de suspension, il ne reste que Wadji et on ne peut pas le faire souffler, on lui fait faire 90 minutes à chaque match, on le crame (sic)… J’espère que pendant ce mercato hivernal on va réussir à se renforcer en attaque pour permettre aux hommes en place de souffler et sur les côtés, avec des vrais pistons qui savent jouer à ce poste-là. La seule zone assez fournie est le milieu de terrain ». Par ailleurs, les Stéphanois semblent être à la recherche d’un nouveau gardien, Étienne Green et Mathieu Dreyer n’ayant pas entièrement convaincu.
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Malgré tous ces problèmes énumérés, la « réunion de crise » organisée à Saint-Étienne n’a pas abouti à un changement d’entraîneur, Laurent Batlles conservant la confiance des dirigeants pour le moment. « Quand ça ne va pas, le fusible le plus facile à faire sauter est l’entraîneur. Mais dans le passé proche, l’AS Saint-Étienne a souvent changé d’entraîneur, sans véritables changements sur le plan sportif. L’an dernier, on renvoie Claude Puel pour mettre Julien Sablé pendant un temps, puis Pascal Dupraz pendant l’hiver… Même avec la venue de Laurent Batlles, on est toujours dans la même situation : une chute inexorable vers le bas. Les entraîneurs ont leur part de responsabilité, au même titre que tout le groupe, mais Laurent Batlles, ce n’est pas lui qui est sur le terrain, ce n’est pas lui qui fait des erreurs individuelles… Je ne suis pas partisan du changement d’entraîneur pour tenter d’insuffler une nouvelle dynamique. On a essayé de le faire par le passé, ça n’a pas marché. Beaucoup de joueurs étaient titulaires en Ligue 1 alors la Ligue 2, normalement, ils devraient se régaler ! On voit que ce n’est pas le cas, il ne jouent pas à leur vrai niveau. C’est d’abord d’eux que dépend la guérison de l’AS Saint-Étienne. Mais bien sûr que le mercato hivernal et les dirigeants auront un rôle important, parce qu’on a constaté des manques qu’on aura du mal à combler sans recrutement. »
L’équipe-type (3-5-2) selon les temps de jeu :
Dreyer – Giraudon, Briançon (c), Pétrot – Palencia, Lobry, Bouchouari, Maçon – Chambost – Krasso, Wadji.
Sur le banc : Green (g) – Nadé, Bakayoko, Mouton, Monconduit, Cafaro, Pintor.
Le pronostic de ML2 :
Vu de l’extérieur, il paraît assez improbable de voir l’ASSE sombrer encore plus et se retrouver en N1 à la fin de la saison étant donné la qualité des joueurs qui composent l’effectif. Mais cette force ne s’est vu que sur le papier et a volé en éclat pendant le premier tiers du championnat, avec très peu de signes d’amélioration. Il faut bien sûr du temps aux Verts pour s’adapter au style de jeu de leur entraîneur, et à ce dernier pour trouver la meilleure façon de faire joueur son équipe. Mais une chose paraît sûre : pour se retrouver ne serait-ce qu’en milieu de tableau et éviter de se faire peur jusqu’à la 38e journée, il vaudrait mieux reprendre tambour battant. Et pourquoi pas avec une victoire dès le retour de la compétition, chez le voisin rhônalpin Annecy ?