Ajaccio a obtenu lors de la dernière journée sa montée en Ligue 1 au terme d’une saison folle. Un sésame mérité avec 22 victoires au compteur et un nombre de buts encaissés extrêmement faible. Le tout avec une régularité qui force le respect, mais sans les moyens des plus grosses écuries de Ligue 2. Maintenant que la saison régulière s’est achevée, dressons le bilan, forcément très positif, de cet ACA 2021-2022 qui entre dans l’histoire.
Crédit photo : Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport
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Une défense qui bat tous les records
La comparaison avec le Leicester de Claudio Ranieri n’a pas vraiment lieu d’être, mais les différences de moyens d’Ajaccio avec d’autres clubs de Ligue 2 restent conséquentes, comme quand les Foxes avaient déjoué tous les pronostics pour s’adjuger le titre en 2016. Malgré un budget limité (estimé à 8,5M€) et un groupe restreint, l’ACA était bien malgré tout la deuxième meilleure équipe de la saison. L’ACA a boxé au dessus de sa catégorie, rivalisant avec les poids lourds et finissant même au dessus de tous, à l’exception de Toulouse. Selon ecofoot.fr, le club Corse avait le 12e budget prévisionnel du championnat, bien en dessous de la moyenne (11,5M€) et des géants que sont le TéFéCé (20M€), Auxerre (19M€), le Paris FC, Sochaux ou encore Amiens et Dijon, qui ont été plus décevants.
Pour surpasser toutes les attentes, Ajaccio s’est appuyé sur des fondations très solides. C’est l’arrière garde de l’équipe qui a été la plus impressionnante cette saison : elle présente un bilan absolument magistral, 19 buts encaissés en 38 matchs, soit seulement un but concédé tous les deux matchs ! C’est évidemment de loin la meilleure défense de Ligue 2, avec des chiffres que l’on n’avait plus vu depuis longtemps. D’ailleurs depuis le passage à la poule unique à 20 clubs, aucune équipe n’a été plus étanche. Si ce ne sont pas les défenses qui font forcément monter un club en Ligue 1 (comme dirait Damien Comolli, ndlr), celle d’Ajaccio l’a complètement porté vers la promotion, lui conférant même la 3e différence de but du championnat (+20).
Les gardiens ont été particulièrement inspirés cette saison, à l’image de Benjamin Leroy, notre joueur des mois de novembre et décembre réunis. Le portier retrouve la Ligue 1 grâce à 20 clean-sheets, malgré 6 matchs manqués et deux sorties forcées par des blessures en cours de rencontre. Il n’a encaissé que 16 buts de toute la saison, dont 4 penaltys. Son suppléant fait aussi bien, si ce n’est mieux : seulement trois buts encaissés pour François-Joseph Sollacaro en 8 apparitions cette saison. Ces statistiques fantastiques ont forcément été rendues possibles grâce aux rocs devant les hommes aux gants. Oumar Gonzalez, défenseur central puissant et roublard, s’est révélé cette saison, d’abord aux côtés d’un Cédric Avinel très costaud, puis d’un Clément Vidal qui connait une progression fulgurante. Il a été bien aidé par la précieuse expérience de Mohamed Youssouf, et la polyvalence de Gédéon Kalulu, qui a évolué à tous les postes de la défense et s’affirme comme l’un des meilleurs du championnat.
Des anciens qui cartonnent, une machine bien huilée
Les Bianchi è Rossi ont pu compter sur des valeurs sûres de l’effectif pour obtenir cette promotion de rêve, notamment grâce des joueurs habitués aux joutes de la Ligue 2 dans le secteur offensif. Riad Nouri (36 ans, 9 buts et 4 passes décisives) et Gaëtan Courtet (33 ans, 7 buts, 3 passes décisives) ont tiré la formation ajaccienne vers le haut toute la saison, participant respectivement à 38 et 35 des matchs de l’ACA. Cette prouesse est d’autant plus impressionnante qu’Ajaccio n’a marqué qu’un seul penalty de toute l’année (l’œuvre de Riad Nouri, Courtet ayant raté le seul autre penalty accordé). L’apport de Jean-Philippe Krasso, prêté en janvier par Saint-Étienne, est absolument indéniable (4 buts, 2 passes décisives). Ajoutons à cela les très bons Barreto, Cimignani ou d’El Idrissy… D’une manière générale, le talent à travers toute l’équipe a permis aux acéistes d’avoir très souvent l’avantage dans ses matchs.
Sans avoir des joueurs qui crèvent l’écran comme à Toulouse, c’est le collectif ajaccien qu’il faut mettre à l’honneur. La connexion Laçi-Marchetti (sans oublier Coutadeur) dans l’axe a notamment permis à l’ACA de finir la saison sans défaite depuis la 28e journée. « On a un groupe formidable, à la force de caractère, à la solidarité, on a réussi à obtenir des résultats, se félicitait l’entraîneur Olivier Pantaloni après la victoire contre Toulouse. Réussir à retrouver la Ligue 1 avec nos moyens face à des équipes qui ont des moyens trois fois supérieurs aux nôtres, c’est incroyable ! C’est ma 2e montée après 2011 sur le banc, ce sont des aventures dont les joueurs se souviendront toute leur vie. Ils ont noué des liens qui ne s’en iront jamais. Je l’avais dit à la causerie : c’est un jour qu’ils n’oublieront pas dans leur vie. »
Ce succès, l’AC Ajaccio le doit en grande partie à son entraîneur, mais aussi à ses dirigeants, qui lui ont fait confiance même pendant certaines saisons où les résultat ne suivaient pas (17e place en 14-15, en 15-16 et en 18-19, 13e place en 20-21). Avec un accent mis sur les valeurs du club et un caractère bien à lui, l’ACA connaît ainsi sa quatrième accession à l’élite du football français. Une montée dans un stade François-Coty plein à craquer lors de la dernière journée. Comme un petit volcan prêt à exploser au coup de sifflet final, synonyme de victoire contre un TFC pourtant impressionnant toute la saison. Mais même ce Toulouse là, à moitié diminué il est vrai, ne paraissait pas si grand face à l’ACA, qui a pris 4 points sur 6 possibles contre le champion de France de Ligue 2.