Son nom ne dit pour l’instant pas grand chose, ce à qui que ce soit, ou presque. A moins de suivre le championnat de football suisse avec attention, le nouvel entraîneur en Ligue 2 de Grenoble, Maurizio Jacobacci, est un illustre inconnu. L’Italien arrive cependant pour remplacer Philippe Hinschberger, 4e avec le GF cette saison, après trois années de bon travail dans le club isérois. Une relève pas facile à assurer, sur le court terme. Ainsi, qui est l’ex-technicien de Lugano, qui prend la suite avec une mission à mener à bien, celle de faire monter Grenoble en Ligue 1 ?
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« Maurizio sort de deux très belles saisons avec Lugano, où il a terminé à deux points, puis un, d’une qualification en coupe d’Europe. Il est polyglotte, donc n’aura pas de difficulté d’intégration. D’autre part, il va beaucoup nous aider dans la progression de nos joueurs étrangers. Et, enfin, en tant qu’Italien, Maurizio représente aussi le territoire des Alpes », disait hier soir Max Marty, DG du GF38, sur le site du club. Ainsi, l’entraîneur transalpin semble jouir d’une belle côte du côté des décideurs isérois.
Jacobacci, expérience et précision suisse
Pourtant, son nom n’avait pas transpiré dans les rumeurs et divers noms cités pour remplacer Hinschberger, en cas de départ. Le coach arrive dans un certain anonymat, sa nomination étant une surprise pour bien des observateurs, alors qu’étaient évoqués tour à tour Réginald Ray, Bernard Blaquart, ou Philippe Bizeul, adjoint à Rennes. Au final, aucun de ces hommes pour le GF38. Le natif de Berne, en Suisse, arrive ainsi à 58 ans dans la cité des Alpes, fort de deux belles saisons à Lugano, et d’une carrière de coach commencée en 1997, en tant qu’assistant à Mendrisio. Depuis, le polyglotte a bourlingué, connu le haut du tableau de Super League suisse avec le FC Sion, ou son dernier club, roulé sa bosse et posé ses bagages dans tout le pays au coucou. 12 clubs, et près de 400 matchs comme entraîneur. En prenant aussi en compte les quelques saisons disputées en tant qu’assistant, Maurizio Jacobacci présent 40% de victoires, 25% de matchs nuls, et donc 35% de défaites. Surtout, lors de ses dernières saisons à Lugano, l’Italien a gagné en moyenne 1,42 points par match (Transfermarkt). Juste, tout juste derrière les 1,43 points/match d’un certain Philippe Hinschberger avec Grenoble…
Un entraîneur solide, qui peut s’inscrire dans la durée. Ou pas.
En moyenne, en regardant à vue de nez toutes ses équipes entraînées, le néo-entraîneur grenoblois ne reste pas indéfiniment dans ses clubs. S’il a connu de longues expériences à Kriens ou Schaffhausen, en D2 suisse, le technicien ne reste qu’un an, deux maximum. Son parcours a ainsi été balisé de plusieurs étapes, où l’ancien bon attaquant de première division helvète a assuré le taff. En 2018, il avait sauvé le FC Sion de la relégation, avant d’être viré suite à un conflit avec son président (le coach avait détruit du matériel vidéo). A Lugano, sa dernière formation, c’est l’Europe que le tacticien a chassé, lui qui semble avoir un certain caractère. Jacobacci a changé le visage d’une équipe peu habituée à disputer le titre, ou les qualifications continentales, comme il le rappelait à RhôneFM. « J’ai une équipe qui est à l’écoute, qui adhère à ce que je dis depuis le début de mon aventure ici. En un an, on a bien grandi. Mais encore une fois, on sait qu’il faut rester concentrés et bien travailler au quotidien pour que cela continue. La star, c’est l’équipe, c’est ce qui devrait être le cas partout. »
Un entraîneur humain, plutôt éducateur ?
Celui qui a dirigé l’équipe de jeunes de Sion arrive entouré de pas mal de curiosité. L’Italien avait lancé Matheus Cunha en 2018, l’excellent offensif du Hertha Berlin, appelé pour la première fois avec le Brésil en 2020. Surtout, dans un Grenoble qui devra assurer, Maurizio Jacobacci apportera sûrement son travail d’éducateur et de constructeur. Bien que ses expériences furent globalement courtes. L’homme ne paraît en tout cas pas rancunier, concernant son départ manqué chez les Rouge et Blanc. « Mon aventure au FC Sion restera toujours un moment positif de ma carrière. Pas uniquement sportivement, mais aussi humainement parlant. On partait quand même de très loin avec huit points de retard, mais le groupe était sain, les joueurs à l’écoute, et tout le monde avait fait les efforts. Je me rappelle encore de ma satisfaction d’avoir permis de sauver l’emploi de plusieurs personnes qui auraient certainement été licenciées en cas de relégation. » Humainement, l’Italien semble être un bon choix, pour prendre la suite du guide Hinschberger. Pour le sportif, tout Grenoble devra encore attendre un peu. Pour voir ce que donnera la future saison de Ligue 2, avec Maurizio Jacobacci.
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