6 buts en 20 tirs cadrés, 10 passes décisives en 34 matchs, 86% de passes réussies. Deuxième de Ligue 2 avec Clermont, à la lutte pour la montée directe en Ligue 1. Une influence énorme sur le jeu, avec ses compères du milieu de terrain au CF63. Telle est la vie qu’a décidé de mener Jason Berthomier, 31 ans, et peut-être dans la forme de sa vie en Auvergne. Cette saison, le Clermontois s’éclate, alors avant la rencontre importantissime de ce lundi soir à Grenoble (4e, 61 points), coup de projecteur sur le joueur formé à Montluçon. Un vrai régional de l’étape, qui porte littéralement Clermont vers les sommets, à l’instar de Mohamed Bayo. Un élément dont on parle un peu moins, pourtant tellement important…
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Gaucher, tireur, attaquant, meneur ; beau joueur
Il n’y a pas à dire, voir jouer Jason Berthomier, c’est avant tout l’assurance de prendre du plaisir, d’avoir sur le terrain un esthète de ce jeu. Après avoir connu plusieurs clubs, sans jamais vraiment être un patron à 3000%, à part plus jeune à Bourg-en-Bresse, lors de sa révélation en L2, le trentenaire dégomme tout avec le CF. Il est au final presque logique que ce soit sous les ordres de Pascal Gastien que le meneur s’épanouisse totalement. En effet, replacé plus haut sur la pelouse, celui qui porte le numéro 6 rayonne, et régale ses coéquipiers, avec 10 passes décisives. « Jouer assez haut, presque comme un deuxième attaquant, et en participant plus au jeu quand l’équipe en a besoin, détaille Berthomier pour La Montagne. Je pense que c’est de mieux en mieux et les stats parlent un peu plus pour moi. Je me plais dans ce rôle-là. Au début, c’était un peu nouveau pour moi, dans le sens où j’étais plus créateur avant. Ici, je ne dois pas forcément participer au jeu, ma priorité est d’être dans la zone de finition. »
Un rôle qui a évolué avec le CF63, mais qui rend le gaucher plus décisif. Contre Châteauroux, son corner direct a illuminé le début de partie, son… second but de la sorte cette saison ! Du même côté, de la même façon, tendu, pas nécessairement haut dans le ciel de Montpied. « Cela avait déjà marché contre Toulouse, donc c’est volontaire, oui. » Au calme, Berthomier est capable de ce genre de dinguerie, pour reprendre le terme de David Benarousse, au commentaire du match pour beIn. En fin de partie contre la Berri, c’est encore lui qui redonnera l’avantage à Clermont, d’un enchaînement rapide contrôle anesthésiant-frappe croisée imparable. Donnant tout simplement la victoire à son équipe. Si le CF63 peut légitiment penser à la montée directe, il le doit certes aux buts de Bayo, mais aussi à Jason Berthomier, donc.
Une arrivée sur le tard en pro, plusieurs clubs, avant la fixation à Clermont…
Un monde, la Ligue 1, que le CF n’est pas loin de rejoindre. Avec 66 points, et potentiellement sept d’avance (mais aussi deux matchs de plus) sur Toulouse ce soir, les Auvergnats n’ont jamais été aussi proches de rejoindre l’élite. Un championnat que Berthomier découvrirait à 31 ans, lui qui a débuté en L2 à 25, avec Bourg-en-Bresse. Après avoir connu une superbe aventure en Coupe de France en 2014, s’infiltrant avec l’AS Moulins (CFA) jusqu’en quarts de finale ! Pour être battu aux penaltys par Angers… « On a fait un beau parcours pour un club amateur. Ça reste un beau souvenir ! On en a reparlé il y a peu sur les réseaux, car ça fait 7 ans que c’est arrivé. C’est sûr que c’est toujours plaisant de repenser à ce genre de souvenirs. Par la suite, j’ai plutôt suivi mon chemin sans en faire une fixation. Pas facile quand tu as 22 ou 23 ans et que tu joues encore en CFA de te dire que tu vas finir pro. Au final je fais ma 5ème saison en Ligue 2, donc je m’en sors plutôt pas mal ! » racontait en février Berthomier à PK Foot.
… Et la Ligue 1 ?
Ainsi, cinq saisons en Ligue 2 seulement, au fil d’aventures à Bourg-en-Bresse, Brest sous les ordres de Furlan, ou Troyes. Curieusement à nouveau, des clubs où le milieu d’1m77 ne sera pas resté longtemps, partant au bout d’une unique saison au Stade Brestois, une petite année avant la remontée du club breton en L1. Il manquait peut-être le feeling ultime pour cet homme discret, natif d’Auvergne, qui s’éclate dans le jeu et le milieu de terrain de Clermont cette saison. Un club qui joue pour l’attaque et convient parfaitement au profil de l’offensif Berthomier, au gros volume sur le terrain. Jason, le gaucher au pied soyeux, a enfin trouvé l’endroit où il peut donner le meilleur de lui-même. Reste à ramener, non pas la toison d’or à Clermont, mais bien Clermont vers son graal, une Ligue 1 que le club n’a jamais connu. Et pour ça, même s’il faut appeler les Clermontois Argonautes, Jason Berthomier a une belle tête de guide. Le voyage commence ce soir, à Grenoble.
Crédit photo : © Frederico Pestellini, Panoramic / Imago