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Khalid Boutaïb ne passe pas inaperçu, sur un terrain. Déjà parce que l’attaquant du Havre est grand, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, et puis aussi parce qu’à le voir à l’écran, les supporters adverses se rappellent rapidement de l’efficacité du gaillard de 34 ans. Boutaïb facture en effet 27 buts en Ligue 2, le tout en 74 matchs, auxquels il faut ajouter 8 passes décisives. Mais en égalisant ce week-end à la 81e contre Rodez, pour sa première réalisation avec Le Havre, il est surprenant de se dire que le buteur inscrivait là seulement son premier but en L2 cette saison. Le premier depuis… le 12 mai 2017. C’était il y a mille ans déjà, à l’époque pour Strasbourg, pour la montée en Ligue 1, au bout d’une saison à 20 pions magnifique, qui le sacrait deuxième meilleur buteur du champ’.
Ce fut aussi, étrangement, son unique saison en Alsace. Presque dans une forme de logique pour ce joueur déroutant, assez unique en son genre. Arrivé sur le tard au niveau professionnel, passé par la CFA2 et le National avec l’Entente Sportive des Uzès, par la Ligue 1 avec le Gazélec d’Ajaccio (encore une montée), mais aussi la Turquie et l’Egypte. Le Lion est un voyageur, un habitué du contre-pied… Un parcours fait de méandres et de montagnes pour le géant de l’Atlas, blessé, bloqué ces derniers mois. L’international marocain faisait fureur avec le RSCA il y a cinq ans, et espère désormais repeser et insinuer à nouveau la peur à toutes les défenses qu’il va croiser. Grâce à son excellent jeu de tête, son côté clinique, puissant, dans un style de numéro 9 de surface. Toujours bien placé, à l’aise des deux pieds.
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Le Maroc, l’Egypte et la traversée du désert…
Mais ce tueur au sang-froid donc, le HAC n’a que commencé à l’apercevoir. La faute à un imbroglio avec son ancien club du Zamalek, en Egypte, qui l’a bloqué en début de saison, à son arrivée en octobre. Un « dommage collatéral lié au divorce entre le joueur et le club égyptien de Zamalek, en février dernier. Une séparation sous tension, sous forme de résiliation. En l’état, il manquerait en effet quelques documents, visiblement entre les mains des dirigeants de Zamalek, afin que l’ex-meilleur buteur de Ligue 2 puisse obtenir son certificat international de travail, et donc sa qualification » expliquait Paris-Normandie à l’automne. Depuis, les documents sont arrivés, le certificat de travail aussi, et les choses sont rentrées dans l’ordre. Ou presque. Parce que l’attaquant revenait d’une blessure au genou, un sale truc que connaissent tous les pros de ce monde, qui l’aura longtemps éloigné des terrains. Pendant quasiment un an.
A 34 ans, le natif de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard est de toute façon un homme qui a toujours composé avec le temps. Arrivé en Ligue 1 à 28 ans, après avoir tout connu, la CFA2, le National, la Ligue 2, des divisions où l’attaquant s’est fait une réputation. Une réputation empreinte d’efficacité, comme à Strasbourg. Ce qui amenait son coach Thierry Laurey à dire ceci, dans les colonnes du journal L’Equipe au moment du départ du joueur pour la Turquie. « C’est un gars prêt à donner sa chemise. Il a une bonne maîtrise technique, se déplace bien et ne renonce jamais. Il a gardé sa mentalité d’amateur et c’est ce que j’aime chez lui. On voulait le conserver, mais on n’a pas pu faire face aux offres qui sont arrivées. Il a fait le bon calcul, et cette expérience doit lui servir de tremplin vers un club plus huppé. »
Un buteur qui prend le temps
Là-bas, Boutaïb fera encore parler sa science du placement, pour inscrire 12 buts en 32 matchs dès sa première saison en Süper Lig. Ce père de famille s’épanouit, effectue une bonne coupe du Monde 2018 (buteur contre l’Espagne !), à l’image du Maroc, malgré tout éliminé en poules… Au retour de la compète, le grand lion a toujours la bougeotte. Direction l’Egypte cette fois, avec l’issue qu’on connaît. Cette satanée blessure, puis l’imbroglio. « Le litige avec Zamalek, c’est un énorme micmac, racontait le scoreur à Foot Normand en février. Pour résumer, ils me reprochent de ne plus être allé aux entraînements. Sauf que c’est eux qui m’ont autorisé à aller préparer mon opération en France. Et quand je suis parti, ils ont monté un dossier dans mon dos. Entre-temps, je les ai attaqués pour le non-paiement de salaires. » Un bazar égyptien désormais derrière lui, même s’il est toujours en procès avec son ex-employeur. En tout cas, le buteur peut rejouer, et c’est déjà beaucoup pour lui.
A 34 ans, après les salamalecs de Zamalek, la grosse recrue du mercato pour Le Havre l’an prochain ?
Trois mois à évoluer avec Le Havre sans jouer, se déplacer avec le groupe. On l’a déjà dit, mais Khalid Boutaïb ne fait rien ou ne peut rien faire comme les autres, décidément. Son retour sur les pelouses s’est fait en douceur, avant donc ce but égalisateur contre Rodez. Il lui reste désormais quelques rencontres pour marquer, sans arrière-pensée, sans s’occuper du temps qui passe, ou de son âge. « Blessé, pas blessé, qualifié, pas qualifié, âgé, pas âgé… Quand on est dedans, on ne calcule même plus. Je veux juste profiter et aider l’équipe. D’ailleurs, je ne serai vraiment satisfait que quand je réaliserai des performances abouties qui permettront d’obtenir des résultats. » Ca tombe bien, Paul Le Guen, son entraîneur au Havre, compte sur l’attaquant la saison prochaine. Heureux de voir son joueur s’éclater à nouveau. A 34 ans, Boutaïb pourrait bien être une recrue importante pour l’exercice à venir, pour que le club normand remonte en Ligue 1, enfin. Pour Khalid Boutaïb, ce serait la troisième, lui qui vient de fêter ses 34 berges ce samedi 24 avril. Le joueur rejoindrait une fois de plus une division sur le tard, à 35 ans passés. Mais le lion de l’Atlas est de ceux qui semblent arpenter éternellement les montagnes. Que ça soit tout en bas, ou tout en haut, au sommet.
