Sixième la saison dernière, Le Havre n’a pas réussi à franchir un palier pour s’inviter dans le Top 5 de Ligue 2 cette année. Au contraire, le HAC réalise une édition 2020-2021 très anonyme avec sa 13e place après 30 journées disputées. Une régression qui pose questions, alors que l’ambition affichée du président Vincent Volpe depuis son arrivée est bien de retrouver la Ligue 1, quittée par le club doyen en 2009.
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» La qualité de l’effectif est bonne. On a les joueurs qu’on a souhaité recruter à 90%. On a eu quelques difficultés, mais on est dans une position correcte (7e). On est en première partie de tableau, et il faut gagner les matchs maintenant. La montée, c’est toujours le but et ça ne changera pas tant que je suis ici. On a les éléments pour, c’est à nous de jouer ». Le 18 novembre dernier, le président du Havre AC, Vincent Volpe, était encore résolument optimiste quand à la suite de la saison pour son équipe. Mais quelques mois plus tard, force est de constater que le club normand lutte plus pour son maintien que pour l’accession à l’élite. Incapable d’enchaîner une série de victoires, le HAC vivote dans le ventre mou, entre petits coups d’éclats comme dans le derby à Caen (2-0) et déceptions, comme la défaite qui a suivi contre Sochaux (0-2) à domicile.
Sur le banc, Paul Le Guen ne cache même pas parfois son sentiment d’impuissance avec son effectif. « Grenoble est logiquement dans les 5 premiers, et nous sommes logiquement à notre place », commentait d’ailleurs le technicien après le revers face au GF38 (2-0) lors de la 28e journée. « Je sais qu’il n’y a pas de solution miracle. La seule, c’est ce qu’on a fait il y a quelques semaines, être totalement engagé, quitte à faire des 0-0 ou gratter des 1-0. On s’en sortira comme ça. Se battre ensemble, rester unis et gratter des points. » Difficile dès lors de faire décalage plus complet entre le discours présidentiel ambitieux et la réalité tout autre du terrain, implacable. Le Havre ne séduit pas. Le Havre ennuie, souvent. L’arrivée de l’ancien coach du PSG ou de l’OL devait pourtant amener un nouveau souffle à l’objectif montée après le passage d’Oswald Tanchot, et ce barrage rocambolesque vécu en 2018.
Kadewere vendu, mais aucun transfert payant réalisé cette saison
Si la première saison a fait naître quelques espoirs, la grande réussite de Tino Kadewere (20 buts en Ligue 2) a longtemps masqué les errances collectives. Une fois l’attaquant vendu à Lyon, les dirigeants n’ont jamais été en mesure de lui trouver un remplaçant. Et l’arrivée de Khalid Boutaïb le dernier jour du mercato estival en octobre, revenant de plus d’un an sans jouer et bloqué par son club de Zamalek jusqu’en janvier, reflétait plus d’un choix par défaut qu’un plan efficace pour le court terme… Le recrutement, voilà LE secteur déficient pour le HAC. L’été dernier, seul Pierre Gibaud a réellement apporté de l’impact à cette formation. Pire, Le Havre n’a réalisé aucun transfert payant alors qu’il venait de vendre pour plus de 10 millions d’euros Kadewere ! Incompréhensible. Les renforts de 2020, Ertugrul Ersoy ou Ayman Ben Mohamed, ont même quitté le club en situation d’échec en janvier dernier…
« Depuis six ans, j’ai refusé combien de transferts ? Aucun ! L’an dernier, on était même prêt à payer 4 à 5 fois plus que le salaire maximum en L2 pour Ben Arfa, car on croyait au projet. Alors non, le problème n’est pas l’argent. Le problème, c’est que de nombreux joueurs ne veulent pas jouer en Ligue 2« , expliquait tant bien que mal le président Volpe dans Paris-Normandie. Pourtant, comment justifier alors qu’un club comme Niort, par exemple, aux moyens et infrastructures plus limités, parvient depuis deux saisons à sortir des Ibrahim Sissoko (15 buts) ou Pape Ibnou Ba (14 buts) en attaque ? En L2, le recrutement est autant une question d’observation, de suivi, de projet, que de moyens. Prolongé jusqu’en 2023, Paul Le Guen va devoir faire bouger les lignes et faire jouer sa casquette de manager général du club pour rectifier le tir et reconstruire un effectif prêt à lutter pour le Top 5. A moins que cette saison 2020-2021 ne reste en travers de la gorge d’un président toujours en attente de goûter à l’élite depuis sa prise de pouvoir en 2015… En attendant, la mission première reste de s’éloigner définitivement de la zone rouge. Un moindre mal.