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Podcast ML2 – « Si c’est moi le problème, je me retire » : l’anecdote forte de Stéphane Moulin sur sa toute première saison à Angers en Ligue 2

Après dix années passées à Angers, Stéphane Moulin décidait de quitter son club de cœur à l’issue de la saison 2020/2021 pour rejoindre le Stade Malherbe de Caen. Un véritable défi pour l’entraîneur français, qui n’avait à l’époque jamais dirigé une autre équipe professionnelle que celle du SCO. Dans le dernier épisode de notre podcast ML2, il revient sur ses premiers pas en Normandie et sur ce qu’il retient de son passage à Malherbe.

Même si son aventure longue de dix années à Angers a été couronnée de succès, Stéphane Moulin n’a pas connu que des moments faciles à la tête du SCO. Dans notre dernier épisode du podcast ML2, afin de montrer l’importance de la confiance et du temps laissés aux entraîneurs dans le football moderne, il revient sur certains moments marquants qui lui ont permis de ramener puis de maintenir son club de cœur au premier échelon du football français

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Caen

« J’ai été un peu surpris quand même au départ, je pensais qu’on partirait de moins loin. On est parti de vraiment très loin, je n’avais pas bien analysé la situation sportive et économique du club. Mais moi ça ne m’a jamais fait peur, la difficulté ne m’effraie pas. Les clubs comme le Stade Malherbe ont une telle histoire, il y a une telle ferveur et une telle attente, qu’il ne suffit pas d’amener un entraîneur qui vient d’avoir des résultats pour pouvoir transformer tout le monde, ça ne marche pas comme ça. Donc ça ne me faisait pas peur, je trouve qu’après ces deux années passées, on était dans le timing. Non pas que je sois supérieur aux coachs qui m’ont succédé, ce n’est pas le propos, mais je pense qu’on aurait gagné du temps cette année (s’il était resté à Caen). Parce que des choses étaient mises en place, et que remettre des choses aux goûts des uns et des autres, ce qui est logique, ça prend du temps et que du temps dans le foot, on n’en a pas beaucoup. Je pense qu’on était bien parti, malheureusement j’ai mis un terme à la durée de mon travail là-bas plus tôt que prévu. Je n’ai pas eu le temps d’aller au bout, parce qu’il y a des choses dans la vie qu’on n’imagine même pas, et qui vous font prendre conscience de plein de choses […] Les supporters ont retrouvé leur équipe, leurs valeurs. Si j’ai bien compris le message qu’ils nous ont envoyé parfois : « Nous on veut des gens qui soient généreux, conquérants, investis ». Et puis après ils pardonnent pas mal sur les résultats, ce qu’ils veulent, eux, c’est s’identifier à leur équipe, parce que leur équipe, ils l’aiment. »

Angers

« J’ai deux moments qui m’ont marqués à Angers, dans les mauvais moments qui sont devenus des bons moments. Ma première saison en Ligue 2 avec Angers, on est à dix matchs de la fin. On perd à Amiens, ça se passe vraiment pas bien, on est dans une très mauvaise dynamique. Après le match, nous sommes en train de manger au restaurant, je me lève de table et je dis à mes joueurs : « Si c’est moi le problème, je me retire ». Évidemment que ça c’est oublié parce que c’était il y a douze ans, c’étaient mes débuts. Mais moi je m’en souviens comme si c’était hier. Le président et le manager général auraient pu se dire que je démarrais, qu’ils s’étaient trompés et que je n’étais pas la bonne personne. Résultat des courses : on avait un point d’avance sur le premier relégable et il restait dix matchs. Sur les dix derniers matchs on prend vingt points et on finit 8e. Une équipe dirigeante qui panique un petit peu, ils se disent « On va descendre, il faut le changer ». Il faut bien se dire une chose, c’est que quand on sent cette confiance de la part de nos dirigeants, on a envie de leur rendre au centuple. C’est évident. »

« On m’a permis de réussir, je n’ai pas peur de le dire même si j’ai saisi l’opportunité. En 2017, on est sur une succession d’échecs et de défaites. On reçoit Saint-Étienne chez nous, on perd 1-0 sur une erreur individuelle. On fait un bon match, mais on perd. À la fin de la rencontre, le président me demande si je me sens encore l’énergie pour continuer. Je crois que j’étais en fin de contrat, ou il devait me rester un an de contrat au mois de juin. Et résultats des courses, le président Saïd Chabanne et le manager général Olivier Pickeu me proposent une prolongation de contrat. Du jamais vu dans le football français, on était 19e. 9 fois sur 10, la peur de descendre pousse à changer de coach. Là ils ont fait l’inverse, ils ont renforcé ma légimité auprès des joueurs, et ils m’ont donné une confiance que j’avais avant tout envie de leur rendre. Et je crois qu’on a fini 12e cette année, donc le choix était bon, mais on ne le sait qu’après. Il n’y a pas eu ce vent de panique, j’ai eu la chance qu’on me fasse confiance. Il était inconcevable pour moi de ne pas donner le meilleur pour rendre la confiance qu’on m’avait donné. »

Crédit photo : Philippe Lecoeur/Panoramic/Imago

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