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ASSE – Olivier Dall’Oglio, le Vert à moitié plein ou à moitié vide ?

Connu pour être un homme qui ne rechigne pas à aller à la rencontre des micros et à s’épancher longuement sur ses choix, Olivier Dall’Oglio a marqué des points face aux journalistes présents en conférence de presse ce mardi après l’officialisation de sa prise de fonction à Saint-Étienne. Alors que les Verts sont huitièmes de Ligue 2 et comptent cinq points de retard sur Grenoble, dernier barragiste, l’ASSE a fait le choix de nommer l’ancien entraîneur d’Alès, plus connu pour ses expériences à Dijon, Brest et Montpellier. À quoi les supporters doivent-ils s’attendre de la part de cet homme qui vient remplacer Laurent Batlles, en situation d’échec avec notamment cinq revers de rang en championnat ? Portrait d’un entraîneur au sujet duquel les avis divergent et qui ne laissera, quoi qu’il arrive, pas indifférent.

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Un superbe parcours à Dijon, des expériences plus mitigées à Brest et au MHSC

S’il n’est pas réputé pour être un « pompier de service » à recruter en urgence quand un club entre dans une période de crise et veut tenter de se maintenir, Olivier Dall’Oglio n’est pas non plus un enfant de chœur qui se laisse marcher dessus par son vestiaire. Ce qui n’a pas manqué de créer quelques tensions au Stade Brestois 29, où il s’est mis une partie de son vestiaire à dos, notamment Gaëtan Charbonnier qu’il retrouve désormais à Sainté. L’avant-centre, qui n’a marqué qu’une seule fois cette saison en Ligue 2 (face à Pau), va devoir faire ses preuves rapidement s’ils veut avoir une chance de briller, un an après son arrivée à l’ASSE. Un autre ancien joueur, Gautier Larsonneur – qu’il a notamment écarté lors de son passage en Bretagne – aurait au contraire milité en faveur de la nomination du technicien alésien dans le Forez d’après les informations du Progrès !

S’il ne fait pas l’unanimité, notamment à cause de son passage décevant dans le Finistère (22 victoires, 18 nuls et 32 défaites) après un Jean-Marc Furlan adulé par les supporters, il aura l’opportunité de faire un chassé-croisé avec Michel Der Zakarian du côté de Montpellier pour une nouvelle expérience mitigée. Au MHSC, son bilan reste intéressant (18 victoires, 7 nuls et 27 défaites) puisqu’il aura certes amélioré son ratio de succès mais il se sera surtout montré impuissant dans beaucoup de matchs qui auraient dû finir avec un score nul plutôt qu’une défaite. C’est d’ailleurs là l’un des principaux reproches qui peuvent lui être faits sur le plan sportif lors de ses trois expériences en Ligue 1.

Car même à l’époque de Dijon, outre le nombre de victoires à l’extérieur trop faible pour les standards du haut niveau, c’est cette incapacité à savoir se contenter d’un point quand on ne peut pas en prendre plus qui lui a vraiment manqué et qui a été en partie à l’origine de son licenciement à la veille du jour de l’an, en décembre 2018. Peu aidé par un mercato d’été jugé comme raté en 2018-2019, le technicien qui avait aidé les Bourguignons à se remettre durablement de leur descente violente en 2012 et à progresser régulièrement d’année en année garde une énorme cote de popularité du côté de la Côte d’Or, sur le plan sportif mais aussi sur le plan personnel. Adepte d’un jeu débridé et des rencontres qui finissent plutôt sur des scores fleuves que sur des 0-0 ou 1-0, Dall’Oglio a en principe un profil qui pourrait convenir à l’AS Saint-Étienne et est en théorie un choix cohérent si le club ligérien souhaite réaliser une deuxième partie de saison impressionnante, à l’image de l’exercice 2022-2023 des Verts. C’est d’ailleurs avec la promesse d’un spectacle quasi-permanent dans un système s’appuyant sur un attaquant en pivot dans un 4-4-2 ou un 4-2-3-1 qu’il avait commencé à se faire un nom dans le football français mais aussi à l’international.

À Montpellier aussi, Dall’Oglio a laissé quelques bons souvenirs malgré un bilan sportif plus que mitigé. Il suffit d’entendre le loquace président Laurent Nicollin, qui s’est exprimé en ces termes au moment où les chemins des deux hommes se sont séparés : « J’ai rencontré une personne très bien humainement, avec un superbe début de saison l’an dernier où on était cinquièmes à la trêve. On va dire que ça s’est un peu mal passé sur la fin… On espérait repartir sur de bonnes bases sur cette saison, ça s’est fait par moments mais c’est vrai qu’il n’y a pas la régularité qui pourrait nous amener à être mieux placés. Voilà, c’était une belle rencontre avec une belle personne. On sait très bien qu’un entraîneur qui perd des matchs n’est pas dans la meilleure position pour continuer dans un club, c’est le fusible le plus facile à enlever plutôt que changer 15 joueurs ou tout un staff. C’est comme ça, c’est la vie qui est ainsi. »

Soufflant le chaud et le froid, avec également quelques très bonnes périodes en Ligue 1 comme lors de ses premiers mois à Brest mais aussi à l’occasion de sa deuxième saison dans l’élite à Dijon, où son équipe finira à la 11e place avec la 5e meilleure attaque du championnat et un parcours remarquable à domicile, le néo-stéphanois a surtout un bilan très intéressant en Ligue 2, qu’il a connue pendant quatre ans avec le DFCO. En améliorant systématiquement ses résultats d’année en année malgré un budget assez restreint (7e, 6e, puis 4e et enfin 2e et promu en 2015-2016), il a tiré le meilleur d’un système assumé de post-formation de joueurs provenant des divisions inférieures qui avaient visiblement quelque chose à offrir au monde professionnel. À l’image de certains joueurs comme Pierre Lees-Melou, Valentin Rosier ou Nayef Aguerd qui ont tous commencé à se révéler sous ses ordres, sans oublier des joueurs désirant se relancer comme Wesley Saïd, Arnaud Souquet ou encore Mehdi Abeid. Nommé meilleur entraîneur de Ligue 2 en 2016 et parmi les quatre finalistes pour le même trophée en Ligue 1 en 2018, Dall’Oglio nous a ensuite malheureusement laissés sur notre faim avec de nombreuses promesses qui n’ont pas vraiment porté leurs fruits dans d’autres environnements qu’à Dijon, sans pour autant voir de gros échecs comme une relégation ni à Brest, ni à Montpellier.

La véritable inconnue au sujet d’Olivier Dall’Oglio réside en sa capacité à pouvoir s’adapter rapidement à une situation de crise en cours de saison, et c’est justement sur cet exercice-là qu’il sera rapidement jugé par ses dirigeants et ses supporters. Car dans le monde professionnel, jamais Olivier Dall’Oglio n’a eu à reprendre une équipe en cours de championnat et à inverser une tendance délicate qui a débuté sans lui aux commandes. On notera aussi que dans le club où il a connu ses plus grands succès et où il a bâti sa réputation, il avait – en dehors d’une forte contrainte financière – pendant longtemps les mains libres concernant le mercato et le choix  de ses hommes. Ce qui n’apparaît pas aujourd’hui comme une évidence à l’ASSE qui, en plus de son duo d’actionnaires, compose avec la présence de Jean-François Soucasse en tant que président délégué ou encore Loïc Perrin à la tête du recrutement. Sans oublier la pression évidemment bien plus forte sur ses épaules que dans un club moins important du championnat de France. Parviendra-t-il à surmonter les obstacles face à lui ? Le déplacement ce samedi chez Bordeaux ce samedi pourra déjà donner le ton de ce à quoi Saint-Étienne ressemblera sous ses ordres.

Photo Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport

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