Samedi soir, des scènes de chaos ont accompagné la finale de la Ligue des Champions entre le Real Madrid et Liverpool (1-0). Le coup d’envoi a été retardé de plus d’une demi-heure, en raison de la « désorganisation dans l’accueil des supporters anglais » dixit le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin au Parisien. Une gestion catastrophiques de spectateurs qui, pour beaucoup, ont dû patienter de longues heures avant de passer les grilles. Des grilles aussi escaladées par des individus sans billet. Bref, le fiasco a été total.
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Parmi les spectateurs munis de billets, mais bloqués, et ayant reçu du gaz lacrymogène, Christian Amara, 83 ans, président d’honneur du Paris FC, et Patrick Gobert, président de l’association et administrateur du club de Ligue 2. Invité de RTL dimanche soir, ce dernier livre son incroyable récit :
« Nous sommes partis en taxi, car nous savions que ce serait compliqué aux abords du Stade de France, mais nous n’avons jamais pu aller au parking. Finalement, nous avons été arrêtés à 2 kilomètres. On marche, on arrive un peu en retard, il y a un peu de pression. Il existe un premier filtre, où on ne montre que les QR Code, et les billets. J’ai vu quelque chose que j’avais jamais vu auparavant : des gens qui se refilent des QR Code, des gens qui, par-dessus l’épaule, photographient le QR Code et le volent. Il n’existait aucun contrôle de QR Code. Cela marchait simplement à la confiance. Beaucoup de personnes sont entrées dans la première ceinture du stade.
Ensuite, nous avons tous été confrontés aux portes. Nous étions à la porte « U ». Là, ça a commencé à être très compliqué. Nous n’avons pas pu rentrer. Puis, finalement, on nous a dit d’aller à la porte « X », puis à la porte « T ». C’était très spécial. Il n’y avait pas un maillot rouge. Ce n’était pas des supporters de Liverpool, pas des Anglais qui foutaient le bordel, mais des personnes de la banlieue, des gars de la cité. Je suis un ancien éducateur. J’ai beaucoup de respect pour les banlieues, pour le travail réalisé, pour le quartier du Stade de France. Mais, hier (samedi, Ndlr), j’ai vu des chats sauvages qui allaient d’une porte à une autre, qui faisaient le pressing. On m’a piqué mon portefeuille. On s’est fait braquer. Ca poussait, ça poussait. Des types escaladaient les grilles. Le Directeur Général du Paris FC et Pierre Ferracci, notre Président, ont été molestés. Nous, à la porte « U », cela a été le désordre, le désastre. On a été gazés. J’ai été frappé par des CRS. C’était infernal. On ne comprenait pas. Comme nous cachions nos portables au fond de nos poches pour ne pas se les faire piquer, nous n’étions pas informés par les réseaux. Nous ne savions pas que le match était reporté d’une demi-heure. Cela a été un imbroglio parfait. Tout le monde essayait de se sauver, de rentrer par n’importe quel moyen. A côté de moi, j’avais un gars adorable. Il avait reçu un billet offert par Adidas, car il travaille comme bénévole. Il n’a jamais pu rentrer ! Moi, je suis rentré à une demi-heure de la fin du match, car il a fallu faire plein de ruses. »
© Photo Johnny Fidelin/Icon Sport