Parfois remplaçant, jamais écarté du groupe, régulièrement buteur et décisif dans les victoires de Dijon : Aurélien Scheidler a su convaincre progressivement les supporters et son entraîneur, Patrice Garande, sceptique sur la capacité de l’attaquant à s’imposer. Aujourd’hui, avec neuf réalisations en Ligue 2, il est le meilleur buteur du DFCO et le quatrième meilleur du championnat.
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« Il faut qu’il devienne un athlète et qu’il court. Il faut qu’il ait moins de déchet dans le jeu. C’est un garçon qui est généreux mais il doit faire beaucoup mieux. Il fait partie des gens qui doivent retrouver une condition physique par rapport à son gabarit », tels étaient les mots de Patrice Garande au sujet de son avant-centre en septembre, peu de temps après l’arrivée du technicien. Des commentaires assez peu flatteurs pour l’attaquant qui commençait la saison avec un statut de doublure pour Mickaël Le Bihan. La blessure de la recrue d’Auxerre en juillet et août a pourtant laissé à Scheidler l’opportunité de s’exprimer sur le terrain, avec déjà trois réalisations en cinq journées. Mais il en faut plus pour impressionner l’ancien coach de Toulouse. Pour lui, Aurélien Scheidler avait encore beaucoup de travail à faire.
De la régularité en Ligue 2
Lors de sa découverte de la Ligue 2 avec l’US Orléans en 2019-2020 (6 buts, 3 passes décisives), les recruteurs de Dijon voyaient déjà en ce jeune attaquant de nombreuses qualités poussant le club à l’acheter dès janvier 2020 avant de le prêter à Orléans pour la fin de la saison. « C’est un grand gabarit, joueur de pivot qui pèse sur les défenses et qui a un profil de finisseur. Il sent les coups dans la surface », évoquait Sébastien Larcier à l’époque. Il ne s’était pas trompé ! Malgré un faux départ en Ligue 1 avec le DFCO, il réitère ses bonnes performances de la saison précédente lorsqu’il est prêté à Nancy de janvier à juin 2021. En Lorraine, il marque quatre buts, en crée deux autres et retrouve une place de titulaire plutôt indiscutable en Ligue 2. Tant et si bien que l’ASNL tente de le conserver en le transférant de Dijon, sans succès.
David Linarès comptait faire une place à Aurélien Scheidler dans une équipe taillée pour jouer le haut de tableau, mais ce dernier n’a pas su trouver les ingrédients pour gagner le moindre match. Avec un point sur 15 possibles, Dijon débarque l’entraîneur et récupère Patrice Garande, ancien avant-centre et réputé pour son exigence. Dès le départ, le nouveau venu fait une croix sur la paire Le Bihan-Scheidler en attaque, en insistant sur le manque de complémentarité de leurs styles de jeu. Il compte donner sa chance au deuxième meilleur buteur du championnat l’an dernier, mais au fur et à mesure des semaines, alors que Le Bihan traverse une passe difficile, Scheidler marque souvent et montre de belles choses dans le jeu. Sans nécessairement avoir les poumons pour jouer 90 minutes à fond, il prend désormais son rôle de « premier défenseur » plus au sérieux et se révèle comme indispensable.
Les cartes sont rebattues
« Aurélien (Scheidler), qui devait plus travailler, fait partie des joueurs qui ont le plus changé au niveau du travail physique, explique Patrice Garande cette semaine en conférence de presse. Il y a une vraie différence dans son jeu. Il a un déchet technique beaucoup moins important, il prend les ballons de la tête. Aujourd’hui c’est un titulaire de l’équipe. Je ne me pose même pas la question de savoir qui je vais mettre devant. »
Au contraire, le coach s’inquiète des performances de son concurrent, plus expérimenté : « Il y a des joueurs qui aujourd’hui sont en dessous de ce qu’on pouvait attendre d’eux. Mickaël Le Bihan doit faire plus. C’est parfois compliqué quand vous avez un passé, un nom. Quand on vous dit de plus travailler, il peut y avoir l’impression d’une remise en cause de ce qu’il a fait avant. Mais il doit y avoir une prise de recul. Mais il n’a a pas perdu ses qualités. Je ne crois pas un seul instant qu’il a perdu toutes ses qualités, son sens du but. Il y a eu une période j’ai fait jouer Micka parce que je voulais qu’il redevienne le Le Bihan de l’année dernière, il fallait faire jouer. »
Du progrès dans les domaines qui comptent
Aurélien Scheidler se distingue désormais grâce à son jeu dos au but, un bon nombre de fautes provoquées, 45% de tirs cadrés à raison de 3,5 tirs toutes les 90 minutes en moyenne, sans jamais tirer de penalty. Cette saison, il n’a pas encore délivré de passe décisive mais est très important dans la conservation du ballon. Son gabarit, son sens du placement et du but forcent les défenseurs à redoubler de vigilance lorsqu’il entre dans les trente derniers mètres. Avec beaucoup d’humilité, le natif de Boulogne fait désormais partie des plus grandes menaces offensives du championnat, derrière Charbonnier, Healey et Mendy, en compagnie de Pierrot et autres Guilavogui.
Crédit photo : Vincent Poyer/Icon Sport.