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De l’AJA à l’Ajax, Sébastien à 100 Haller !

Un but de la tête, un du droit et deux du gauche : le pauvre Antonio Adán, gardien de but du Sporting, se souviendra sûrement toute sa vie du moment où il a croisé le chemin de Sébastien Haller, un soir de Ligue des Champions. L’attaquant affole les compteurs dans la reine des compétitions, avec sept buts et deux passes décisives en 4 rencontres, tout en empilant les trophées avec l’Ajax. Une sacré progression pour celui révélé en Ligue 2 avec l’AJ Auxerre… où il avait laissé une impression mitigée à ses débuts.

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Le maillot du club phare d’Amsterdam va si bien à Sébastien Haller que ça en devient effrayant. Les débuts de l’avant-centre, formé à Auxerre, ont secoué le football européen. Après avoir quitté West Ham en janvier 2021, faute de garantie de temps de jeu, il est retourné en Eredivisie avec le mythique Ajax. Depuis, le géant ivoirien a fait parler de lui. Des buts, des prestations régulières et un doublé coupe-championnat en tant que titulaire, qui mérite le respect. Seule ombre au tableau :  la Ligue Europa, qu’il n’a malheureusement pas pu disputer.

« L’Ajax a oublié de l’inscrire pour la Ligue Europa l’an dernier, une erreur administrative, un formulaire où l’on a oublié de cocher une case… », s’en amuse Cédric, du site Ajaxenfrance.fr. L’aventure européenne du club néerlandais s’arrête donc en quart de finale contre l’AS Roma, sur un score cumulé de 3-2 malgré une domination sur le match retour. Mais l’attaquant ne s’est pas laissé abattre et a utilisé cette frustration pour se déchaîner en Ligue des Champions la saison suivante. Un quadruplé pour le match d’ouverture (1-5), puis un but contre Beşiktaş (2-0), un autre et deux passes décisives contre Dortmund à l’aller (4-0)… A nouveau buteur hier soir au Signal Iduna Park pour donner la victoire aux siens (1-3), rien ne semble pouvoir l’arrêter !

« Pour bien comprendre cet état de forme, il faut aussi savoir qu’il se crée des occasions pour lui et ses partenaires très régulièrement. Il n’excède pas le nombre de buts attendus de lui, il est juste dans les clous. Mais il ne connaît que peu de matchs « sans », poursuit Cédric. Son association avec Berghuis, arrivé cet été, le rend encore meilleur que lorsqu’il jouait avec Klaassen, ça lui a fait passer un palier. »

Haller est également très bien épaulé par Antony, l’ailier brésilien au pied gauche magique, qui a fait des merveilles en Ligue des Champions. Mais si le franco-ivoirien a réussi à faire son trou, c’est notamment grâce au coach Erik ten Hag, qu’il avait déjà connu à Utrecht.

« Forcément, lorsque l’on joue à l’Ajax, on est très vite comparé aux Van Basten, Bergkamp… et Sébastien Haller n’a pas ce profil là du tout. Ce n’est pas un garçon aussi technique de Tadić, il a été critiqué pour son manque d’adresse à son arrivée. Mais l’entraîneur lui a fait confiance et aujourd’hui, ça paye. D’ailleurs, il a fait taire pas mal de critiques contre Dortmund, lorsqu’il a réalisé deux sombreros à la Johan Cruyff ArenA. »

L’AJ Auxerre, par la petite porte

Pourtant, le début de carrière de l’attaquant ne laissait pas forcément présager une telle embellie sur le tard ! Titulaire lors du premier match de 2012-2013, la saison de la descente en Ligue 2 pour Auxerre, Haller retrouve vite le banc. Il dispute tout de même 17 matchs pour sa première saison dans le groupe pro, sous la coupe de Jean-Guy Wallemme, puis de Bernard Casoni. « Sébastien était à l’AJA pendant la pire période du club, juste après la descente, retrace Alexandre, supporter d’Auxerre. Il était très jeune, donc ça n’a pas trop collé. Mais il avait une bonne réputation dans les équipes de jeunes, les équipes réserves. C’est un peu un esthète, il arrive à mettre des ciseaux*, il est bon dans les déviations dos au but… »

Le but est à retrouver à 2’40 sur la vidéo ci-dessus*

Il est vrai que le pivot avait une belle cote parmi les observateurs et les sélectionneurs en Équipe de France. Des U17 jusqu’aux Espoirs, il marque dans chacune des catégories et donne l’impression d’être un joueur très précoce. Bernard Casoni lui donne un peu plus encore sa chance (25 matchs en 2013-2014) avant que son successeur Jean-Luc Vannuchi ne le mette au placard, car il ne cochait pas les critères espérés d’un attaquant de profondeur très rapide. « Il faut dire qu’il avait un côté nonchalant sur la pelouse, il gagnait peu de duels de la tête à l’époque. Le joueur l’avouera lui même quelques années après, il était trop confortable à Auxerre et il lui fallait quitter sa zone de confort ! »

Le véritable envol

Ce n’est que lors de son prêt à Utrecht, en première division néerlandaise, que le jeune Haller se révèle véritablement. Le prêt de l’attaquant aux Pays-Bas à partir de janvier 2015 est très concluant (17 matchs, 11 buts et 5 passes décisives). « J’étais surpris de voir qu’on le prêtait dans une division supérieure à la Ligue 2, et encore plus que ça marche si bien », avoue Alexandre. Le natif de Ris-Orangis s’illustre par sa grande régularité après un petit temps d’adaptation et par un quadruplé contre Dordrecht, dès le mois de février !

Mais Auxerre choisit de ne pas le conserver, et le cède au FC Utrecht pour un montant estimé légèrement en dessous d’un million d’euros. La suite de l’histoire est bien connue : ses nombreux buts et sa contribution au jeu attirent l’œil des recruteurs de l’Eintracht Francfort, où il fait ses premiers pas dans les compétitions européennes. Une saison 2018-2019 pleine et une demi-finale de Ligue Europa, perdue sur le fil contre Chelsea, suffisent à convaincre West Ham de le recruter pour un montant faramineux. Si cela a un peu moins bien marché en Angleterre, sa cote est restée très haute notamment aux Pays-Bas.

Aujourd’hui, Sébastien Haller rend à son coach et son nouveau club toute la confiance qu’ils ont pu lui accorder, survolant la C1 et l’Eredivisie. De quoi le placer cette saison aux côtés des Robert Lewandowski ou Cristiano Ronaldo dans le classement des meilleurs buteurs de la Ligue des Champions. Loin, très loin désormais des joutes de la Ligue 2 qui l’ont révélé.

Crédit photo : Dean Mouhtaropoulos/Getty Images

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