Que ce peut être long, une saison de football, le vent dans la tronche, privé de revenus billetterie, du soutien de ses supporters, et tout simplement d’une partie de la magie du sport… C’est pourtant l’année qu’a vécu Dunkerque, promu en Ligue 2 au petit budget, maintenu de justesse. Un exercice 2020/2021 que les Nordistes avaient bien débuté, mais qui fut plus dur ensuite, une fois la surprise passée, une fois la fatigue installée, l’échelon du dessus confronté. Retour sur le maintien de l’USLD, celui d’un groupe et d’un entraîneur revanchards.
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L’histoire retiendra que Dunkerque, monté en L2 l’an passé, se sera maintenu contre un club historique de Ligue 1 et du football français. En battant Sochaux lors de la 36e journée (1-0), dans un match marqué par le pénalty arrêté par son gardien et héros Axel Maraval, l’USLD faisait, avec le recul, le pas décisif vers son sauvetage. L’océan de la Ligue 2 laisse peu respirer ceux qui l’arpentent toute l’année, mais en marquant à la 84e minute de la rencontre, Guillaume Bosca a permis à son club de rejoindre à bon port les rives du maintien. Arrêtons là cette métaphore de la mer claquée au sol, mais avec 41 points au classement final, juste devant Niort à la différence de buts, les Maritimes auraient très bien pu boire la tasse, lors du dénouement du championnat.
Maraval, Sochaux, les pénos, et la bascule finale
Une conclusion qui aurait été cruelle pour un groupe qui s’est battu toute l’année, sans individualité technique énorme, hormis Ilan Kebbal. Avec leurs armes, un bloc-équipe solide, des joueurs de bon niveau (le latéral gauche Sy et ses cuissots à péter un mat de navire, le milieu Emeric Dudouit, l’attaquant Malik Tchokounté), et de belles histoires, Dunkerque sera allé chercher un maintien mérité. Tout avait bien commencé, dans le sillage de victoires à Toulouse, Chambly, contre Valenciennes et Guingamp, de nuls face à Clermont ou Pau. La suite suit les pas mal assurés de marins sur un pont en pleine tempête. Glissants lors de deux séries de sept matchs sans gagner, ou à cause d’un effectif plusieurs fois réduit, car touché maintes fois par le Covid (septembre, novembre, janvier, février…).
Mais le club aura pu compter sur le soutien de toute une ville, la protection d’un gardien en feu lors de la fin du championnat (deux penaltys arrêtés), et son déficit de la saison, annoncé à 820 000 euros à cause du fiasco Mediapro et des droits télé impayés, a été comblé par la Communauté Urbaine. Bref, tout est bien qui finit bien, dans une saison assez unique pour Dunkerque. Cette équipe aura été accompagnée et portée par des éléments qui en voulaient, et n’auront jamais lâché, aux parcours assez fous, comme le trio d’attaquants (pas tous titulaires) Tchokounté–Ketkeophomphone-Diarra. Menés par un entraîneur dont l’aventure s’arrêtera peut-être, mais acteur majeur de ce maintien.
Mercadal, capitaine de navire sur le départ ?
Car même si ses dernières semaines auront été mouvementées, un homme se sera détaché dans la saison nordiste. Fabien Mercadal, déjà passé par la Manche entre 2012 et 2016, est « à ce jour sous contrat avec le club », pour reprendre les mots de son président Jean-Pierre Scouarnec. Pour maintenir son équipage, le coach a utilisé la formule qui avait fait la force de ses troupes en National, à l’époque : la solidité. Nul ne sait si le technicien de l’USLD en sera toujours son capitaine la saison prochaine, mais quoi qu’il se dise, quelles que soient les rumeurs, Dunkerque aura vécu une année formidable. C’est ça le plus important.
Il reste désormais à ce que son public puisse vivre un peu de cette fabuleuse aventure avec lui, puisse accompagner le club sur les eaux et mers déchainées de la Ligue 2. Avant le dernier match de la saison, le skipper des Maritimes disait ceci : « C’est notre destin, c’est notre histoire. On a plein de défauts, mais pas celui de lâcher. Maintenant, les attitudes, l’investissement des garçons, depuis le début, est extraordinaire. » Et à la fin, Dunkerque évoluera bien l’an prochain en deuxième division. Au bout du voyage et l’odyssée sur les flots, quand on a un slogan aussi homérique que celui de l’USLD, naviguer en défiant toute logique apparaît normal, tout compte fait. Contre vents et marées.
Crédits photo : FEP Panoramic / Imago photo d’ouverture, Federico Pestellini / Panoramic / Imago pour le stade Tribut.