Installé en Ligue 2 depuis 2007 et jamais mieux classé que 5e jusque-là, le Clermont Foot a su se structurer patiemment jusqu’à atteindre le Graal : une première montée historique en Ligue 1 validée définitivement ce samedi lors de la 38e journée.
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— La Montagne Sports (@LaMontagne_TDS) May 13, 2021
Qui a dit qu’il fallait un budget XXL pour viser l’élite ? Le football, heureusement, n’est pas encore contrôlé uniquement par l’argent. Modèle de gestion sous la présidence de Claude Michy, le Clermont Foot n’a jamais fait de folies, n’a jamais visé le Soleil au risque de se brûler les ailes. Un contrôle total à l’heure de l’argent roi qui n’a pourtant jamais dévié le club auvergnat de sa trajectoire : rejoindre un jour l’élite et le Top 20 français. Avec patience, avec passion et dévotion surtout, le CF63 a su relever le plus beau des défis : bâtir un projet pérenne sur le long terme. A l’heure du fiasco Mediapro et de la grosse crise qui en découle, ce mode de fonctionnement prouve que prudence ne rime pas avec manque d’ambition.
Pascal Gastien, la pierre angulaire
« Tout le monde a bossé. J’ai une pensée pour ceux qui sont au club depuis quinze ou vingt ans, qui ont travaillé dans l’ombre. C’est une œuvre collective, des joueurs aux personnels du club. C’est surtout une très belle victoire pour le club, la ville, et l’Auvergne tout entière. C’est fantastique de vivre de tels moments et d’apporter cela aux gens », savourait l’entraîneur Pascal Gastien dans La Montagne mercredi soir après le match nul entre Toulouse et Pau (2-2), envoyant Clermont au septième Ciel. Le coach, principal artisan de cette montée, valide ainsi le pari de Claude Michy. D’abord installer Corinne Diacre comme pionnière dans le foot masculin sur le banc. Sa rigueur a stabilisé Clermont. Puis Gastien le Magicien a pris le relais dans la continuité en septembre 2017, sans dénaturer le travail initié, mais en l’améliorant par petites touches. Ces détails qui font la différence. La gestion impeccable d’un groupe où le « nous » remplace toujours le « je », quoi qu’il advienne. Ce jeu de mouvements où maîtriser le ballon vaut mieux que de courir sans cesse après, sans tomber dans la caricature de la possession stérile.
Clermont le plus fort en L2 dans le recrutement
« Je dis simplement que Pascal Gastien aurait dû avoir sa chance depuis longtemps en première division par rapport à ce que Clermont fait depuis quelques temps », saluait d’ailleurs Frédéric Antonetti (Metz) récemment. Débarqué en Auvergne à l’été 2016 d’abord pour s’occuper de la formation, Gastien a su convertir sa philosophie de jeu chez les pros. Une adhésion totale à ses idées, et surtout un recrutement ciblé pour que les renforts se fondent rapidement dans le moule. Encore une fois, Clermont a su se montrer le plus malin : pas de salaires mirobolants, pas (encore) d’installations forcément dignes de la L1… Mais tant d’autres choses à offrir ! La possibilité de progresser à vitesse grand V avec le savoir-faire de l’entraîneur, la possibilité de se mettre en valeur pour taper dans l’œil de clubs de L1… Pereira-Lage, Grbic, Ajorque, Honorat, Laborde (on en oublie)… combien de joueurs passés par le CF63 et aujourd’hui en L1 ? Les Bayo, Dossou, Allevinah ou Berthomier ont suivi le même chemin. Formé au club pour le premier, recrutés en Autriche et en N2 pour les deux suivants, et parfaitement relancé pour le dernier. Le nombre d’échecs lors des derniers mercatos se compte d’ailleurs sur les doigts d’une seule main. Une expertise dans ce domaine qui n’a pas d’égal en Ligue 2. La montée dans l’élite sera désormais un atout de taille supplémentaire.
Clermont – Le président Ahmet Schaefer a « pleuré pendant dix minutes, comme un enfant »
— MaLigue2 (@maligue2) May 13, 2021
La transition en douceur signée Ahmet Schaefer
Au-delà du terrain, la gestion en coulisses s’est révélée être, là aussi, un sans-faute. Dans la lignée de Claude Michy, Ahmet Schaefer a amené des moyens supplémentaires, tout en gardant les pieds sur terre. La transition en mars 2019 s’est réalisée en douceur. Pas question pour le nouveau patron suisse de bousculer les codes et les habitudes. Surtout, la confiance a été gardée dans le travail du staff en place. Sans mettre une pression exacerbée sur les résultats. Juste en se fixant l’objectif de se rapprocher du Top 5 petit à petit. La montée arrive d’ailleurs même un peu plus vite que prévue dans les plans imaginés par Schaefer. Mais bien évidemment, une accession ne se refuse pas. Et tant pis si Clermont devra peut-être s’exiler un peu à Saint-Etienne le temps de retaper un peu ce bon vieux stade Gabriel-Montpied pour se mettre au norme du niveau supérieur. La Ligue 1 va découvrir Clermont. Certains découvriront Pascal Gastien et sa philosophie, et cela nous réjouit. Le CF63, club historique depuis la création de MaLigue2 en 2013, va nous manquer. Mais la seule chose qu’on peut désormais lui souhaiter, c’est de ne pas vite nous retrouver !
Crédit photo : FEP/Panoramic/Imago