Mercato

Quel impact pour les clubs de Ligue 2 avec ce mercato inédit et en décalé ?

En raison de la pandémie du Covid-19, les championnats français ont connu une saison 2019-2020 inédite, avec un arrêt prématuré et définitif à la 28e journée. Les conséquences sur le plan économique sont lourdes pour de nombreux clubs, notamment dans l’élite plus qu’en Ligue 2, où la part des droits TV dans les budgets est plus importante, et la masse salariale plus élevée.

L’autre conséquence de la fin des compétitions, c’est l’ouverture d’un mercato uniquement franco-français depuis ce lundi 8 juin.

« Mais cela n’aura pas un impact significatif ou majeur sur le marché ou sur les mouvements », explique Pierre Delcher, agent de joueurs chez l’agence Kemari. « Les clubs vont surtout officialiser pas mal de choses, certains étaient dans l’attente de l’ouverture officielle pour avoir les documents validés par la LFP notamment. Donc cette ouverture va surtout permettre de valider toute cette première vague de joueurs libres, ou avec transfert payant. »

Les transferts à l’international attendront encore un peu, le temps que les voisins européens notamment (Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne) finissent leurs championnats. De ce fait, la date de fin du marché des transferts estival n’est pas encore connue, mais devrait se prolonger jusque fin septembre, au moins, selon les premières estimations.

Des mouvements principalement réalisés en France pour la L2

Alors, tout cela chamboulera-t-il vraiment le mercato en Ligue 2 cette année ? Sans doute pas tant que cela. Si on se penche sur le bilan du marché des transferts en 2019, il apparaît que les mouvements se sont fait un peu plus en France qu’à l’étranger. Une tendance qui sera sans doute renforcée pour 2020. L’année dernière, 25 joueurs avaient quitté la L2 pour la L1 pour un total de 41 millions d’euros, et 44 joueurs étaient passé d’un club de L2 à un autre pour un moment de 10 millions. Soit 69 transactions en interne, contre 65 départs pour l’étranger avec une recette de 38 millions d’euros, soit moins que le marché français. « En Ligue 2, c’est clair que la très grande majorité des mouvements concernent des joueurs français », confirme Pierre Delcher, qui connaît bien le marché en seconde division.

Le meilleur exemple était le transfert record en Ligue 2 d’Alexis Claude-Maurice, qui a rejoint l’OGC Nice, et non pas un club hors des frontières de l’Hexagone. Cette saison, Tino Kadewere a déjà quitté Le Havre pour l’OL dès l’hiver dernier, tandis qu’Adrian Grbic est très courtisé en Ligue 1. Peut-être que Clermont aura tendance à « assurer » une belle vente à l’étage du dessus pour anticiper au mieux son recrutement. Ou peut-être patientera-t-il de voir des offres étrangères débarquer plus tard, quand le marché international s’ouvrira. On sait que l’Angleterre, notamment le Championship, ou l’Allemagne, n’hésitent pas à faire quelques emplettes en Ligue 2. Cela sera un choix stratégique de la part du CF63.

Les joueurs venant de l’étranger en moyenne achetés plus cher

Au rayon des arrivées, là encore la France est privilégiée par la Ligue 2. Les recrutements dans les divisions inférieures, peu coûteux et qui peuvent rapporter gros en cas de plus-value, sont davantage prisés par les structures aux budgets plus limités, et avec de vraies connaissances de ces championnats. Chambly, Rodez ou le Paris FC ont déjà bien initié cette tendance cette année. En 2019, 74 joueurs de L1 sont descendus d’un étage pour une enveloppe totale de l’ordre de 5,5 millions

Alexis Claude-Maurice a été vendu par Lorient à l’été 2019.

d’euros, quand 58 joueurs étaient achetés à l’étranger pour un montant total de 4,7 millions d’euros. Soit une moyenne d’achats plus élevée pour l’étranger. En France, les prêts de L1 en L2 sont souvent majoritaires, alors qu’un prêt pour un joueur évoluant dans un autre pays est moins recherché. Quand on parle de pays étrangers en L2, les joueurs arrivent d’ailleurs principalement de championnats « mineurs » en Europe, en tout cas hors du Big Four (Ang, All, Ita, Esp). Donc là encore l’ouverture tardive du mercato international aura sans doute moins de conséquences.

Le point d’interrogation : quelle date de fin pour le mercato ?

Le gros point d’interrogation, et qui pourrait devenir un gros point noir pour la Ligue 2, se situe en revanche du côté de la date de fin du mercato estival. Si le marché reste ouvert trop tardivement dans l’année, les chances de perdre les meilleurs éléments en cours de route seront d’autant plus grandes. Imaginons un joueur qui flambe lors des 6-7 premières journées, dont la valeur augmente considérablement. Forcément, les regards en L1 et à l’étranger seraient tournés vers ce joueur-là. Dès lors, difficile pour un club de L2 de lutter financièrement, et surtout contre l’envie probable du joueur de découvrir un challenge plus relevé avec de meilleures conditions salariales. « C’est clair que si un club de D2 anglaise arrive avec une offre de 5 millions d’euros sur la table, ça peut amener des situations complexes pour les clubs, et aussi pour les joueurs s’ils voient l’opportunité de tripler leur salaire à l’étranger, c’est compréhensible », poursuit Pierre Delcher. « Néanmoins, les clubs étrangers ont intérêt à passer assez vite à l’action s’ils suivent des joueurs depuis un moment, car plus ils tarderont, plus la saison en France sera avancée et les clubs de L2 demanderont des sommes élevées pour lâcher leurs joueurs en cours de route. »

Une donnée à relativiser tout de même, puisque chaque année, c’est déjà un peu le cas. La Ligue 2 reprend habituellement autour du 25 juillet, avec une clôture du marché au 31 août. Là, la L2 reprendra le 22 août, pour une clôture estimée fin septembre. Bref, malgré son visage inédit et encore assez flou, l’impact de ce mercato new look ne devrait donc pas être conséquent en L2, un championnat largement moins dépensier qu’à l’étage du dessus par exemple.

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