Interviews

Entretien ML2 – Thierry Gomez (Le Mans) : « Pour un foot pro fort, il faut une Ligue forte, ce n’est pas le cas »

Un an après son retour dans le monde professionnel, Le Mans effectue le chemin inverse. Ce mercredi, le Comex de la FFF a entériné la relégation du club sarthois, suite à sa décision de garder une Ligue 2 à 20 clubs. 19e à égalité de points avec le 18, Le Mans doit donc préparer la suite. Ce a quoi s’atèle déjà le président Thierry Gomez. Entretien.

A lire aussi >> Entretien ML2 – Philippe Boutron (Orléans) : « On peut se demander l’utilité de la LFP »

MaLigue2 : Président, même si la décision était attendue, elle ne doit forcément pas vous ravir…

Il existe toujours un sentiment d’injustice. Un sentiment cruel. Ce n’est pas une surprise, certes. Nous étions préparés. Désormais, il faut que l’on se prépare à demain, et espérer que la décision serve le football pour qu’il puisse s’ouvrir avec une nouvelle gouvernance et une nouvelle organisation. C’est une défaite pour Le Mans et pour le football.

D’autant plus que les textes plaidaient votre cause…

Une convention existait, oui. Elle permettait à la L2 de s’organiser à 22 clubs si l’AG de la LFP votait à la majorité. Cela a été le cas. La ligne de conduite est de garder une certaine cohérence dans la chaîne entre le foot amateur et le foot pro. Tout le monde connaît ma passion pour ce sport. Je suis sur le bord des terrains depuis l’âge de 5 ans. J’ai beaucoup de relations et de connaissances dans le foot amateur. Mais il faut arrêter l’hypocrisie en parlant d’égalité entre le foot amateur et le foot pro. Ce n’est pas le cas. Plusieurs Fédérations ont pris des décisions différentes pour le sport pro et le sport amateur. Même au sein du football professionnel, ce n’est pas la même chose entre la Ligue 1 et la Ligue 2.

C’est-à-dire ?

Par exemple il n’y a pas le VAR en Ligue 2… La décision du Comex est donc difficilement compréhensible. Ce vote majoritaire en AG était le symbole d’un élan de solidarité et d’un message positif pour le football. C’était un socle pour envisager les débats futurs, comme la gouvernance et le déplafonnement des droits TV. Cela doit amener à poser les questions de fond sur ce que l’on veut faire du football de demain.

Comme par exemple la question de la place de la LFP, qui voit ses décisions ne servir à rien ?

Tout à fait. La LFP a-t-elle un rôle ? Ce sera la question à poser à la LFP… Pour un football professionnel fort, il faut une Ligue forte. On se rend compte que ce n’est pas le cas. La chance des nouveaux droits TV devait être l’occasion pour tout le football de se poser les bonnes questions sur l’attractivité du foot, sur sa progression. Malheureusement, il n’y a aucune réponse à ces questions. Ce sera la priorité, je l’espère, des présidents des clubs, afin de remettre le foot à sa juste place.

Ces derniers temps, la question tournait autour de la décision de mettre fin aux saisons, peut-être prise de façon hâtive.

Vous touchez du doigt le problème de fond. La vraie question est de savoir si demain, les présidents de club seront capables de s’écouter, d’échanger et de se coordonner. Afin de communiquer sur une vision commune de ce que l’on veut faire du football. Avant la déclaration du Premier Ministre le 28 avril, les présidents de clubs ont eu un débat. J’avais envoyé un mail à mes collègues indiquant qu’il fallait finir la saison pour une plus grande équité sportive. Néanmoins, si, par notre décision, le championnat venait à s’arrêter, il fallait se préparer à cet arrêt afin de ne rien décider dans l’urgence. Comme l’ont fait le rugby ou le basket…

Cela n’a pas été le cas…

Il y a eu des blocages de certains qui ont eu peur d’une réflexion de la sorte. Qu’elle envoie un message négatif. C’était une erreur stratégique. Le problème de fond est là, la capacité à s’écouter. Les droits TV ont d’ailleurs été votés il y a deux ans. Et aujourd’hui, nous n’avons toujours pas la répartition entre la L1 et la L2. Est-ce responsable ? Non. On ne peut pas continuer comme cela. Ce n’est pas possible. Le foot est une pierre trop précieuse. Cela donne de la joie et du bonheur à plein de gens. On n’a pas le droit de tout gâcher et de galvauder ce sport.

Quid de l’avenir du Mans ?

C’est forcément compliqué malgré l’attente. La descente la plus cruelle est celle en National car le budget est divisé par deux. Nous devons accepter le fait d’être en National, et mettre notre énergie à chercher une façon de revenir en Ligue 2, à faire avancer le projet. Il faudra réfléchir au staff, aux nouveaux joueurs pour être prêts rapidement.

Justement, quel est l’avenir de Réginald Ray sur le banc ?

Il faudra faire un dernier point. Il était venu pour nous maintenir. Nous devons nous revoir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *