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Portrait – De la Ligue 2 à la Bundesliga, l’incroyable voyage du trio de Leipzig

Konaté, Upamecano, Mukiele. Trois noms qui claquent, comme ceux de personnages de film. Trois Français expatriés outre-Rhin, trois amis et défenseurs, prêts à dégainer sur tous les attaquants qui bougent. On croirait presque au pitch d’un western de Sergio Leone. Mais non, l’histoire est bien réelle pour les « tres amigos », de la Ligue 2 à la Bundesliga. Comme dans un rêve, en somme, ou un film… Formés respectivement à Sochaux, Valenciennes et Laval, le trio s’est imposé dans l’une des meilleures ligues au monde, en Allemagne. Direction Leipzig, pour un focus sur « le bon, la brute et le technicien » !

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En préambule et avant toute chose, une petite précision sur leur club : le RB de RB Leipzig ne signifie pas Red Bull. Si le club appartient bien à la galaxie de la boisson énergisante, qui a racheté et fait monter le club en Bundesliga grâce à ses investissements, la législation allemande interdit le naming. Le fameux RB veut donc dire RasenBallsport, soit « sport de balle de gazon ». Périphérique pour certains, le point linguistique est pourtant au cœur de la haine contre le club. Leipzig est en effet une équipe créée de toutes pièces en… 2009. Dix ans plus tard, après une ascension éclair, les Roten Bullen trustent les places d’honneur, jusqu’à viser le titre cette saison, qui va reprendre le 16 mai. Au cœur du projet, les jeunes, et donc le trio tricolore . Composé de la sentinelle Ibrahima Konaté, du puissant Dayot Upamecano, et de l’élégant Nordi Mukiele. Ces trois-là sont peut-être ceux qui vont donner le titre à Leipzig. Car le foot part avant tout de derrière.

Un trio magique, alliance de jeunesse et de calme

De derrière, et de Ligue 2, surtout. Alors oui, si Upamecano n’a jamais joué un match en L2, le gaillard (1,86 m, 90 kilos) a fait ses armes à Valenciennes, avant de filer à Salzbourg (Autriche). A contrario, son comparse Konaté éclaboussait déjà de toute sa sérénité les pelouses de Ligue 2, en 2016-2017. « C’est quelqu’un qui a une bonne maîtrise de son stress, il ne renvoie rien aux adversaires », racontait à So Foot Albert Cartier, son entraîneur à Sochaux. Depuis, le défenseur central s’est imposé comme le patron de la charnière à trois du RB. Athlétique (1,94m, 95 kilos), l’ex-lion du Doubs joue pourtant moins sur son physique que ce qu’on pourrait penser. Il brille par sa lecture du jeu, son calme en dernier rempart, avec une expérience qu’il a aussi pu se faire en Ligue 2. Tout comme Nordi Mukiele, qui racontait ses débuts en deuxième division à Ouest-France, ce à… 17 ans. « J’ai commencé très tôt le football, en suivant mon père, mais je ne m’attendais pas à devenir professionnel. Je connais mes qualités, je savais que je pouvais jouer à ce niveau, mais pas à ce que tout arrive aussi vite. Mon passage à Laval m’a obligé à me débrouiller seul. Et Stéphane Moreau, le responsable du centre de formation, m’a recadré quand j’avais l’impression d’être arrivé. »

Sur eux, tout le monde est dithyrambique

Le passage de la Ligue 2 à la Bundesliga (même par étapes) a-t-il été difficile pour les trois hommes ? Pas à en croire leurs coéquipiers. Car s’il y a logiquement une différence de niveau, ce que racontent les joueurs et instances de Leipzig sur le trio revêt un caractère plus qu’élogieux. Sur le site du championnat allemand, l’ex-coach mythique du RB, Ralf Rangnick, annonce la couleur avec Konaté, à l’époque de sa signature : « Je suis particulièrement content de notre coup en signant Ibrahima Konaté. Nous l’avons eu en transfert gratuit de Sochaux. Il est tellement bon qu’il pourrait jouer pour le Real Madrid ou Barcelone un jour. » Ah oui, excusez du peu. Un constat que confirme d’ailleurs le meneur de jeu suédois Emil Forsberg, sur Upamecano, cette fois. « Dayot peut jouer pour n’importe quelle équipe dans le monde. Personne ne passe Dayot Upamecano, pas même moi ! » Des éloges que complète pour finir un de leurs plus redoutables adversaires, Robert Lewandowski (Bayern Munich), peut-être le meilleur avant-centre du monde actuellement. « Leipzig a vraiment deux bons défenseurs centraux avec Dayot Upamecano et Ibrahima Konaté. » Débat clos, mesdames et messieurs.

La Ligue 2, la Buli… et les Bleus ?

Leurs profils et leur complémentarité pourraient même les emmener en équipe de France. Entre un Konaté façon Desailly, un Upamecano monstre physique pas maladroit du tout avec les pieds, et Nordi Mukiele latéral droit technique, impassable en un contre un, il y a de quoi faire. Si Raphaël Varane n’a que 27 ans, Samuel Umtiti est souvent blessé. Et malgré l’excellente présence de Clément Lenglet, il y aura peut-être une place à prendre dans le groupe des Bleus lors des prochains rassemblements. Le couloir droit est lui loin d’être utopique pour Mukiele. Car derrière Pavard, ça ne se presse pas au portillon, entre les blessures de Léo Dubois (OL) ou un Djibril Sidibé sur le retour depuis cette saison avec Everton (Angleterre). Si les performances de ce dernier sont bonnes après ses blessures en pagaille, l’ex-Monégasque joue parfois milieu droit… Un renvoi à la progression plus linéaire du talent brut Mukiele, auteur de deux fois quinze matchs de Ligue 2 avec Laval, puis 17 et 33 parties de Ligue 1 avec Montpellier… Entre progression, jeunesse et prise d’expérience, le film « Le Bon, la Brute et le Technicien » pourrait bien devenir un carton, et un rêve pour ses intéressés. De La Ligue 2 à l’équipe de France, le trio tricolore de Leipzig peut voir l’avenir en bleu.

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