Finances

Covid-19 – Quelles conséquences pour les finances des clubs de Ligue 2 ?

La crise sanitaire liée au Covid-19 touche toute l’économie mondiale. Les sociétés sportives ne sont pas épargnées. Les 20 clubs de Ligue 2 se trouvent confrontés à des problématiques que l’on ne pouvait anticiper. « On est quand même dans une crise totalement exceptionnelle, souligne Nicolas Blanc créateur de Sport Value, entreprise spécialisée dans le conseil, le financement et le Risk Management. Cela touche l’économie entière. » S’il est « démagogique » de « commenter une fois que la crise est présente », il estime que « cela doit inciter les clubs à mieux gérer, à être un peu plus prudent, et à se constituer des réserves », dans le façonnage d’un budget qui, aujourd’hui, est forcément mis à mal.

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En Ligue 2, heureusement, l’impact économique sera moindre qu’en Ligue 1. Celui qui a été auditeur auprès de la DNCG le confirme : « En Ligue 2, si les clubs arrivent à obtenir des prêts garantis par la BPIfrance, sous réserve que la situation ne perdure pas plusieurs mois, cela doit suffire, dans 80% des cas, à passer ce moment difficile. » Des solutions existent, par exemple, pour des clubs qui voyaient une échéance de paiement en septembre prochain suite à des transferts réalisés l’été dernier ou cet hiver. « La solution est d’avancer le paiement de cette échéance », avance Nicolas Blanc.

Une situation similaire pour les clubs au budget de 10 à 13 M€

Forcément, des cas spécifiques peuvent émerger. « La situation est similaire pour les clubs dans une moyenne de 10 à 13 M€ de budget. La situation sera forcément différente entre Lens, qui approche des 20 M€ (sans charges structurelles, Ndlr) et Niort par exemple. Tout dépend, aussi, du soutien ou non d’un actionnaire, de réserves qui sont présentes, ou non », expose le fondateur de Sport Value.

A court terme, le seul risque perceptible est « d’avoir des soucis de trésorerie et de respect de la date du 30 juin. S’il y a moins de recettes, autant de charges, les équilibres seront perturbés ». Nicolas Blanc prévient que les difficultés toucheront « les clubs qui ont démarré la saison avec un budget déséquilibré (et la nécessité de réaliser des transferts, Ndlr) et ceux qui présentent des budgets bancaux ».

La masse salariale, première variable

A moyen et long terme, la pression économique pourrait devenir insupportable. « Ce ne serait pas une spécificité des clubs de football. » Toute la société serait, en effet, touchée si la crise sanitaire se prolongeait. Dès aujourd’hui, les structures doivent agir pour compenser les pertes. La masse salariale est bien souvent la première variable. « Même si les joueurs de Ligue 2 sont moins payés qu’en L1, la masse salariale représente le premier poste de charges des clubs. S’ils veulent ajuster les équilibres budgétaires, ils n’ont pas tellement le choix », reconnaît Nicolas Blanc. « Des discussions ont démarré avec les syndicats de joueurs, d’entraîneurs, pour voir ce qu’il était possible de faire. Pour éviter tout risque juridique, cela doit être une décision collective à l’échelle du foot français, et non d’un club. »

Les droits TV, une variable moindre en Ligue 2

L’autre variable, ce sont les droits TV. Ceux qui font couler beaucoup d’encre ces derniers jours. beIN Sports et Canal+ ayant suspendu le paiement de leur dernière partie, en attendant la reprise, ou non, des championnats. De quoi mettre à mal l’équilibre financier des clubs de Ligue 2 ? Pas pour Nicolas Blanc. Il s’explique : « Cela reste une somme manquante, c’est certain, mais cela ne doit pas totalement mettre par terre les clubs qui, en Ligue 2, ont déjà touché 85% du montant prévu. La différence est importante avec la L1, qui n’a perçu que 60% du total. »

Un arrêt de la saison peut-être pas si catastrophique économiquement

Finir la saison ne serait ainsi pas vital économiquement parlant pour la Ligue 2. « D’un point de vue global, bien évidemment, tempère Nicolas Blanc. La Ligue 2 compte 20 clubs assez hétérogènes. Il convient de rester prudent, car les grandes idées pourraient ne pas s’appliquer à tous les clubs. Mais sous réserve que les clubs n’aient pas à rembourser massivement des sponsors ou des abonnements, le montant des droits TV qu’il reste à toucher correspond à moins de 10% du budget annuel. C’est embêtant, mais pas dramatique à surmonter. Les clubs de L2 souffriraient moins d’un arrêt de la saison que ceux de Ligue 1. »

La souffrance, en revanche, pourrait être reportée sur les spectateurs, supporters, amoureux du ballon rond. « Dans la situation actuelle, l’angle économique ne me paraît pas prioritaire, avoue Nicolas BlancIl faudrait réfléchir à un angle sanitaire, sociétal. Finir la saison donnerait la possibilité à des gens de revoir des matchs, au stade ou au moins à la télévision. » Et occuper un peu l’esprit. Permettre de s’évader durant 90 minutes. « Si les conditions sanitaires étaient réunies, arrêter la saison serait presque dommage pour les gens qui aiment le football. »

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