En cette coupure forcée du championnat en raison de la crise du coronavirus qui frappe la France, MaLigue2 voulait amener une petite touche de légèreté en cette période difficile, en demandant à des joueurs ou anciens joueurs de Ligue 2 de nous conter leurs meilleurs et leurs pires souvenirs en carrière. Et qui de mieux placer que l’excellent Pierre Bouby, tout jeune retraité des terrains et aujourd’hui responsable communication de l’US Orléans, pour lancer cette série ? Régalez-vous !
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Son meilleur souvenir en match
« Le premier qui me vient à l’esprit – ce n’est pas le meilleur match que j’ai joué, ni dans la meilleure ambiance – mais c’est un match contre le Paris FC à Charléty lors de la première année de National avec Evian. Je me rappelle qu’il n’y avait pas grand monde dans le stade, et il y avait un groupe de gamins qui n’arrêtait pas de nous chambrer. Il y a eu une vidéo qui a été tournée sur YouTube, ou Dailymotion à l’époque peut-être, où on entendait les gamins chambrer. Et sur ce match-là, j’ai mis un doublé ! Ce qui arrive assez peu (rires). J’en ai mis que deux dans ma carrière. Je tire un premier coup-franc, pleine lucarne, et après en regardant la vidéo j’entends les gamins qui chambrent juste avant le coup-franc, et puis qui disent « Waah putain… ». Puis derrière je réalise un une-deux, et je mets une de ces frappes ! Je mets deux putains de buts en fait ! J’avais kiffé, surtout de revoir après la vidéo, ça m’avait fait marrer. Et puis bon, comme j’ai rarement mis des doublés, il fallait bien que mette ça en avant (rires).
Sinon le deuxième souvenir, c’était en CFA, toujours avec Evian. On a joué à Montceau-les-Mines avec des perruques sur la tête. Pascal Dupraz avait fait semblant de faire jouer le chauffeur de bus, à la causerie il lui avait dit : « Bon Jean-Louis, tu vas jouer numéro 10. » Il était tout petit, il devait avoir 55 ans. Il y croyait vraiment, il s’est échauffé avec nous, il s’est changé, il a fait des pas-chassés et tout (rires). On en pouvait plus. A la fin, c’est le chauffeur de bus qui est allé voir le coach pour lui dire de le retirer de l’équipe, car sinon notre vrai numéro 10 allait faire la gueule de ne pas jouer (rires). Il était trop gentil, c’était énorme. C’était notre chauffeur mascotte. C’était folklorique, c’était n’importe quoi et on avait gagné quand même. On était déjà sûrs de monter. »
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Son pire souvenir en match
« C’était en Ligue 2, avec Nîmes à Lens (le 19 octobre 2013, ndlr). On tient le 0-0, on peine, car à l’époque Lens était un gros gros du championnat (ils monteront avec Antoine Kombouaré, ndlr). On fait un gros match, je joue milieu de terrain. Et à la 75e, je commençais déjà à être dans le dur. Et puis à un moment donné on me donne un ballon, et je ne sais pas pourquoi j’ai les deux fils qui se touchent, je veux la remettre en retrait au gardien qui est super loin. Et en fait, je fais une super passe décisive à l’attaquant (Adamo Coulibaly) qui s’en va marquer à la 85e. J’étais au fond du seau. Je ne sais absolument pas pourquoi j’ai fait ça. En fait, j’ai toujours eu ce problème dans ma carrière, dès que j’avais un petit moment de fatigue, j’avais une période de 10 minutes où je faisais n’importe quoi. Là c’était le cas, et c’était décisif pour Lens. Rolala j’avais envie de me cacher. »
Le résumé de cette rencontre est ici
L’anecdote la plus folle en carrière
« J’en ai plein en tête (rires). Mais je vais en dire deux. La première, c’est toujours avec Evian. Je ne sais plus en quelle division on évoluait à ce moment-là, mais on va jouer un match de Coupe de France dans un petit bled. Je marque sur coup-franc, et l’entraîneur adjoint Stéphane Bernard me charriait toujours en me disant que je ne marquais jamais. Et en fait, je marque, donc je me retourne vers lui et je luis fais un bras d’honneur ! Et le public a pris ça pour lui (rires). Ça a fait un foin pas possible, le club a dû faire un communiqué et j’ai dû m’excuser, alors qu’en fait c’était à cause de ce couillon qui me chambrait (rires). C’était entre nous. C’était un peu gênant, et j’ai compris qu’après pourquoi les gens étaient énervés, sur le coup moi je n’avais pas compris. Moi je me sentais à l’entraînement, dans un match avec mes potes.
Et la deuxième anecdote, c’était avec Antoine Ponroy. Je pense que c’était en National. On va jouer à Bayonne, on se prépare, on arrive dans le couloir. Et là « Ponpon » arrive derrière moi et me dit : « Putain Pierrot, je vois rien !« . On jouait en rose, et eux en bleu ciel. Et en fait, il est daltonien ! Du coup, il me disait « Je vois tout gris, je peux pas jouer, je vais être à la rue !« . Donc il est parti voir le coach, qui devait être Casoni de mémoire, et il a été mis sur le banc alors qu’il devait être titulaire. J’en pouvais plus, je me disais vraiment qu’on avait une équipe de bras cassés (rires). »
Le joueur le plus fort affronté
« En Ligue 2, je dirais Benjamin Nivet. Je jouais milieu défensif, et lui était 10. Il adorait se mettre à l’opposé du ballon, ce qui nous cassait la tête en L2 car les lignes sont plus écartées qu’en L1, et qu’on n’avait pas le temps de bien coulisser. Il se mettait à contre-jeu et il trouvait des angles de passes entre les lignes, c’était assez chiant. Il était capable de jouer en une touche de balle et de trouver des mecs en profondeur.
Après plus récemment, j’ai affronté Mbappé ou Cavani. Et Cavani à la mi-temps, je me disais « heureusement qu’il ne lui donne pas le ballon à chaque appel sinon je fais une pneumonie à la 35e !« . C’était incroyable, il n’arrête pas de courir, appel/contre-appel constamment. Et puis Mbappé, bah heureusement qu’il est rentré en claquettes car quand tu le vois faire à la télé… Moi j’évitais au maximum qu’il se retourne pour ne pas qu’il me mette de soupape. Sinon tu dois prendre rouge pour l’arrêter (rires). »
La consigne tactique jamais comprise/Le coup de génie tactique d’un coach
« J’ai plein de petites choses qui me viennent en tête car chaque coach a ses particularités. Mais sinon en tant que cadre, ça m’est arrivé des fois, avec d’autres cadres de l’équipe, de changer les consignes du coach entre nous sans forcément le dire, et de faire notre partition car on n’était pas dans le même objectif de faire du beau jeu par exemple, mais plutôt de prendre des points. Sinon, j’ai eu des causeries mémorables avec Pascal Dupraz. Une fois, il avait placé notre milieu défensif Stéphane Potier, qui avait des frisettes, en numéro 10. Et pour le chauffer, il lui avait dit « Putain la première fois que je t’ai vu jouer avec Vannes, je me suis dit : mais c’est qui ce mec avec la coiffure de Pierre Perret là ?« . Et là j’ai explosé de rire. C’est le genre de truc où je peux sortir mon téléphone et filmer la causerie (rires). »