Le football français a perdu un homme, un joueur, un entraîneur qui l’a marqué ce vendredi. Daniel Leclercq, joueur de l’OM, de Lens de l’USVA, entraîneur champion de France avec les Sang et Or, est décédé. Si de nombreux joueurs auraient pu témoigner de leurs rapports privilégiés avec le « Grand Blond », nous avons joint Thierry Tempez, ancien journaliste à La Voix du Nord. Il a côtoyé durant toute sa carrière « le Druide ». Sous le choc de l’annonce, avec un trémolo dans la voix, il témoigne.
« J’ai perdu un père, car dans ma vie d’homme, il m’a appris beaucoup de choses. J’ai un amour infini pour cet homme. Il apprenait des choses en tant que joueur, et en tant qu’homme. C’était une star du football lorsqu’il a joué à Marseille. C’était une idole à Lens pour toutes les générations.
J’étais gamin quand il est arrivé à Lens comme joueur. Sa silhouette, tu la repères ! Il avait un pied gauche exceptionnel. Il faisait ce qu’il voulait du ballon. C’était un phénomène. Il a joué une finale de Coupe de France avec le Racing. Il a fini vice-champion derrière le grand Nantes. Il s’en va de Lens en 1983 en laissant le club européen. Il retourne à Valenciennes, ramène le club sur le devant de la scène. Ce joueur te marque forcément quand tu es gamin. C’est 10 ans de ma vie. Il n’a jamais déçu. Il jouait à tous les postes…sauf celui de gardien (rire).
« Il est arrivé avec une heure de retard à mon mariage… il négociait des transferts »
Quand il revient au centre de formation de Lens en 1992, notre premier rendez-vous se passe très mal. Il me donne rendez-vous pour 10 heures et j’arrive à 10h02… Il s’en était allé. J’ai eu un autre rendez-vous, je suis arrivé une heure avant. Au départ, c’est un mec froid, distant… Et puis, quand tu grattes la carapace, c’est un homme hyper chaleureux. Je l’ai vu pleuré. Nous étions ensemble 4 heures par jour de 1992 à 1998. Quand il a signé son contrat pour être coach principal de Lens, nous mangions ensemble dans un restaurant, boulevard Basly. Il y avait une vraie amitié. Il est venu à mon mariage, et il est arrivé avec une heure de retard. Il négociait des transferts (sourire).
Il était capable de te parler de football pendant des heures et des heures. Malgré ce qu’on a pu lire sur lui, c’était un homme chaleureux, avec un humour froid. Il en avait beaucoup. C’était quelqu’un de très généreux. Il te disait oui ou non, mais ne te faisait jamais d’entourloupe. Je n’ai pas un mauvais souvenir, même quand il me taillait pour quelques articles qui ne lui plaisaient pas. Il aimait profondément ses joueurs, ses hommes. Il mettait la valeur humaine avant tout.
Tu te rends compte, des gamins de 15 ans vénèrent Daniel Leclercq encore aujourd’hui. Il n’a passé que 2 ans à la tête du RC Lens et a gagné 2 titres. Personne n’a fait mieux ! »