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Entretien ML2 – Eric Vandenabeele : « Je ne pensais pas que ça irait si vite »

Nordiste d’origine, Eric Vandenabeele a quitté sa terre natale à l’été 2016. Exit l’USBCO, le défenseur redescend d’un étage, en CFA. Mais, avec Grenoble, cette régression apparente va se transformer en ascension spectaculaire. Deux ans plus tard, le voici joueur professionnel, en Ligue 2, avec le GF38. Un promu qui marche très fort (5e de Ligue 2) et qui s’appuie sur son état d’esprit irréprochable, comme nous le confie le joueur de 26 ans.

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MaLigue2 : Eric, Nancy laissait penser à un match piège pour le GF38. L’égalisation lorraine a même fait craindre le pire. Et puis, comme une équipe expérimentée, vous avez su reprendre le dessus dans le calme. D’où vous vient cette maturité assez rare chez un promu ?

Nous nous attendions à un match compliqué à Nancy. Car même si le club est lanterne rouge du championnat, cela n’allait pas être simple. C’est vrai, nous pensions avoir fait le plus dur en ouvrant le score mais, malheureusement, nous prenons ce but dès le retour des vestiaires. Cependant, nous avons su inverser la tendance grâce à notre sacré état d’esprit. Les joueurs se connaissent depuis longtemps. Nous jouons ensemble depuis au moins 2 ans pour beaucoup. Nancy a poussé, par la suite, mais nous avons tenu sans nous énerver. Et on peut dire merci à notre gardien.

Votre état d’esprit explique donc ce fantastique début de saison ?

Il fait la différence. Il se cultive. Ceux qui arrivent à Grenoble, depuis l’an passé, sont obligés de rentrer dans le moule pour que ça prenne. Toutes les recrues se mettent au diapason. Cet état d’esprit nous permettra de prendre des points à droite, à gauche, de transformer les défaites en nuls et les nuls en victoires.

Et puis, vous avez marqué votre premier but chez les pros, en plus comme défenseur…

C’est une délivrance ! Cela faisait quelques matchs où je bénéficiais d’opportunités. J’avais même touché un poteau contre Châteauroux. J’espère que ce but en appellera d’autres et je ne vais pas me priver pour en marquer. Reste que mon premier rôle, c’est de défendre.

« Focalisés sur le bas »

Chaque saison, en Ligue 2, un promu se dégage et crée la surprise. Grenoble semble tenir ce rôle cette fois. Avec 20 points en 11 journées, des ambitions se découvrent-elles ?

Non, pas encore. Il est encore trop tôt. Nous avons pris 20 points. C’est très cohérent, oui. Mais nous allons avoir un mois de novembre très compliqué. Nous savons que si ça se passe mal, on peut vite regarder vers le bas. Nous restons concentrés sur notre tâche qui est le maintien. Nous ne regardons pas plus haut que ça. Nous sommes focalisés sur le prochain match et nous nous concentrons dessus pour le gagner.

Quand pourriez-vous changer d’objectif ?

Lors de la dernière ligne droite, vers février-mars. Pas avant ! Si jamais nous conservons notre moyenne de points, alors peut-être que nous nous mettrons à regarder vers le haut. A l’heure actuelle, nous sommes focalisés sur le bas. Nous avons 16 points d’avance sur le dernier.

En arrivant à Grenoble en 2016, en CFA, espériez-vous découvrir le monde professionnel si rapidement ?

Je songeais au monde pro car Grenoble n’est pas n’importe quel club. Quand je suis venu en CFA, j’avais l’impression d’entrer dans un club de Ligue 2. C’est une entité avec un passé. Et puis, en 2 années, nous sommes arrivés à atteindre cet objectif. Je ne pensais pas que ça irait si vite, non…

A cette époque, vous quittiez votre Nord et l’USBCO pour redescendre d’un étage, n’avez-vous pas vécu cela comme une régression ?

Quand j’ai quitté l’USBCO, je m’attendais à rester en National. Et puis, Grenoble s’est manifesté. Je n’ai pas hésité longtemps. Ce n’était pas n’importe quel club de CFA. Derrière tout ça, il y avait un projet, des ambitions. Une obligation de résultats immédiats. C’était un défi de redescendre pour mieux remonter. On peut dire que cela a été un bon choix.

Deux ans plus tard, vous formez une charnière centrale très performante et assez hermétique avec Maxime Spano-Rahou. Comment décrivez-vous votre relation ?

On se connaît très, très bien. On sait comment joue l’autre. Nous communiquons beaucoup. Il y a toujours une sécurité entre nous. Nous appliquons les bases et c’est ce qui fait notre force depuis 2 ans.

Surtout qu’il doit exister une différence entre défendre en N1 et en L2…

En National, il y a beaucoup de duels, et c’est parfois désordonné. On retrouve beaucoup plus d’intelligence de jeu en Ligue 2. C’est plus structuré. Les joueurs font davantage attention. En National 1, il y a un pressing tout terrain, cela peut être usant.

« On a un sacré kop »

Entre votre année en N1 et celle en L2, votre club a vécu un changement de coach et une intersaison compliquée. Pourtant, vous avez maintenu votre dynamique… comment cela se fait-il ?

Nous ne nous prenons pas la tête. Le changement de coach a affecté le groupe, c’est certain. Mais nous avons dû nous remettre au boulot. Finalement, le coach a pris la relève. Cela se passe très bien avec lui. Nous avons conservé ce qui faisait notre force : la solidarité, l’abnégation, la combativité. La suite des événements est ce qu’elle est. Cela marche aussi grâce à l’état d’esprit. Nous n’avons pas été bouleversés, mais simplement affectés.

Une dynamique maintenue, aussi, grâce à un soutien populaire réel au stade des Alpes et à l’extérieur…

Oui, on a un sacré kop ici. On sent qu’ils sont derrière nous à chaque match. Quand on attaque de leur côté, les défenseurs adverses sentent cette pression. Pour eux, ça ne doit pas être facile sur le terrain. Nous, ces fans nous suivent partout depuis des années. Déjà en CFA, ils faisaient les déplacements. En National aussi, comme à Concarneau. Ils traversent la France. Maintenant, en Ligue 2, ils étaient une centaine à Nancy la semaine dernière. On sent vraiment le soutien.

Désormais, place à Troyes, puis à ce mois de novembre délicat. Y a-t-il un rendez-vous à part pour vous ?

Le 23 novembre. Le déplacement à Lens. La date est cochée sur le calendrier depuis le début. Lens, c’est le club que j’ai toujours soutenu. Mon père, mon grand-père sont pour Lens. Moi aussi… Mon père m’amenait au stade quand j’étais petit. Il y aura toute ma famille, mes amis. Il y aura du monde à Bollaert. Après, cela sera très dur pour nous. Lens effectue un incroyable début de saison, sans encaisser le moindre but à domicile. Sur un match, on peut bien évidemment tout imaginer. Je pense que l’arrivée de Philippe Montanier n’est pas anodine. Il a fait monter l’USBCO en Ligue 1. Il connaît très bien la région et la mentalité des gens du Nord. Cela fait beaucoup dans cette équipe et ça se ressent sur le terrain.

Propos recueillis par Laurent Mazure

© Photos GF38

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