Hervé Della Maggiore a hissé le FBBP 01 en Ligue 2 il y a trois ans. Après deux premières saisons réussies, le coach bressan n’a pu maintenir son club en barrages contre le GF38 en mai dernier. A un an du terme de son contrat, Hervé Della Maggiore avait décidé de quitter le club qu’il avait fait progresser durant une dizaine d’années. Trois mois après cette fin d’histoire, nous sommes allés prendre des nouvelles de l’ancien coach de Ligue 2.
MaLigue2 : A froid, quel regard portez-vous sur la fin de l’histoire avec le FBBP 01 ?
Hervé Della Maggiore : Je reste très attristé, j’aurais voulu partir dans d’autres circonstances surtout que je n’ai vécu que des montées en dix ans dans ce club. Avec du recul, je me dis que cette saison sera formatrice. Elle a été éprouvante dans le jeu, mais aussi humainement. C’était une saison difficile qui va me faire progression. J’ai vécu un échec, j’ai essayé de trouver ce qui n’a pas marché pour éviter qu’il se reproduise.
Le FBBP 01 était en train de se structurer avec beaucoup de projets, y-a-t-il eu une pression supplémentaire vis à vis du maintien en Ligue 2 ?
Quand on est dans le football, qu’on est entraîneur, il y a toujours une pression. Honnêtement, cela n’a pas pesé ou influencé sur mon état d’esprit. Lors de la 1ère saison en Ligue 2, personne ne nous voyait gagner un match et on finit onzième. Le problème, c’est que d’une année sur l’autre on perdait à chaque fois nos meilleurs joueurs. J’avais un peu prédit en début de saison que ce serait compliqué, avec la perte de joueurs comme Berthomier, Del Castillo. On n’a pas réussi à les remplacer et malgré tout, on a réussi à être barragiste à la fin.
Même aujourd’hui, regrettez-vous certaines attitudes ou comportements de la part de joueurs ?
Bien sûr. Mais je suis le premier fautif ! Quand on se dit ça en fin de saison, c’est qu’on n’a pas réussi à les faire adopter la bonne attitude, qu’on n’a pas fait le bon casting. C’est vrai qu’on faisait avec les moyens du bord et qu’on ne faisait pas toujours les choix qu’on avait envie de faire, mais c’était la difficulté de mon travail. Aujourd’hui, j’aimerais rebondir dans un club où je pourrais faire des choix.
« La Ligue 2, ma priorité »
Avec cette fin d’aventure, quel a été votre rapport au football dans les jours qui ont suivi ?
Il a fallu que je coupe. Pendant dix ans, j’ai mis beaucoup d’énergie dans ce club. Je me suis occupé de l’équipe première, mais aussi de véhiculer les valeurs du club. Humainement, la saison dernière ne s’est pas très bien passée, on avait oublié certaines valeurs qui avaient fait notre réussite. Je n’ai pas voulu honorer ma dernière année de contrat, je ne me sentais plus la force de continuer. J’ai eu 4-5 propositions en France et à l’étranger pour repartir sur un autre projet, je les ai toutes refusées sans même les étudier car je ne me sentais pas prêt à me relancer. J’ai préféré me ressourcer et reprendre des forces.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui mon adjoint m’a rejoint, il a aussi quitté le FBBP. Je me suis ressourcé. Je regarde énormément de matchs, je suis allé plusieurs fois à Grenoble, en Suisse. Je regarde beaucoup la Ligue 2 en vidéo. Je ne vous cache pas que je regarde surtout les équipes qui sont mal en point. On découpe, on retravaille notre projet de jeu, on s’imagine ce qu’on mettrait en place si on arrivait dans un club en difficulté aujourd’hui. On travaille énormément, on essaye de prendre un peu d’avance si un club venait à nous contacter.
Dans l’idéal, vous aimeriez un appel d’un club de Ligue 2 ?
Je suis vraiment prêt. Le fait de me replonger dans mon projet de jeu, de travailler sur des montages vidéo, de me former pour me présenter, de formaliser tout ce que je pourrais mettre en place en arrivant dans un nouveau club. Forcément, la Ligue 2, c’est ma priorité. Mais je ne suis pas tout seul sur le marché.
« Même si Nancy est mal parti… »
Après les deux premières saisons du FBBP 01 en Ligue 2, vous aviez une belle cote sur le marché. Ne regrettez-vous pas cette dernière saison ?
Ca, on ne le sait qu’à la fin, quand on subit l’échec. Les clubs savent dans quelles conditions j’ai obtenu des résultats, avec quels moyens je travaillais, que chaque année je perdais mes meilleurs joueurs et que j’avais toujours à reconstruire. J’ai eu des propositions de clubs plus huppés en Ligue 2, je suis resté fidèle à Bourg car je ne voulais pas trahir ce club. J’aurais pu faire autrement, mais il ne faut pas avoir de regrets.
Dans votre position, si on regarde les clubs en difficulté en Ligue 2, n’y-a-t-il pas tout de même une part de crainte vis-à-vis de leur situation sportive actuelle ?
Je ne sais pas comment vivent les clubs et les vestiaires au quotidien. Les ambiances ne doivent pas être au beau fixe. Mais il y a des clubs avec un vrai passé en situation difficile, ce serait un vrai challenge pour moi, dans des clubs qui ont plus de moyens. On parlait de regret, c’est peut-être le seul que j’ai avec le FBBP : jusqu’à présent j’avais peu de moyens au niveau structurel pour travailler, aujourd’hui leurs conditions sont top.
Pour terminer, que retenez-vous de ce début de saison en Ligue 2 ?
Je pense qu’il y a vraiment des belles équipes cette année, comme Metz, Lens et Lorient. Clermont aussi qui reste sur sa ligne de conduite malgré la perte de joueurs cadres. Niort aussi, avec Patrice Lair qui était collègue de formation, et a réussit à vite mettre des choses en place. Avec des joueurs qui ne me surprennent pas comme Dona Ndoh, dont on connait les qualités en Ligue 2. Derrière, je pense que ça va être plus homogène que l’année dernière. Même si Nancy est mal parti, ils ont des joueurs de qualité qui vont leur permettre de décoller. A part Metz que je vois vraiment au-dessus, il y a beaucoup de belles équipes qui peuvent se mêler à la lutte.
Tous propos recueillis par Philippe Dejter