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Entretien ML2 – Jean-Marc Furlan : « On doit reconstruire dans le cœur du jeu »

Cinquième la saison passée, le Stade Brestois a inauguré le nouveau système des play-offs. Malheureusement pour le club breton, la défaite face au HAC a mis fin à ses espoirs de montée. Jean-Marc Furlan dirige donc sa troisième préparation pour une saison de Ligue 2 au SB29, et apprécie d’avoir pu garder cette fois la majorité de son effectif, même si le coeur du jeu reste à reconstruire. Reprise, ambitions, mercato… l’entraîneur brestois fait le point pour MaLigue2.fr.

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MaLigue2: Jean-Marc, comment se déroule la préparation, et quel est votre ressenti depuis la reprise de l’entraînement ?

Jean-Marc Furlan : On a démarré avec un nombre plus important de joueurs que les années précédentes. Et puis ils se connaissent mieux. Certains, avec le staff, depuis 24 mois comme les Larsonneur, Bélaud, Faussurier, d’autres depuis 12 mois maintenant. Avec les quatre nouveaux, j’ai 18 joueurs et 3 gardiens à disposition. Le fait que le groupe se connaît mieux nous apporte de l’avance dans le travail. Après, comme je l’ai dit à mon président, je ne sais pas si ça nous permettra d’apporter plus de résultats, mais c’est un avantage. On sent de la fluidité, on entre dans la 3e semaine de travail, et c’est très agréable comme ambiance. Avant, il existait de gros points d’interrogations lors des reprises. Là, le point d’interrogation se situe au niveau du coeur du jeu.

Vous avez justement anticipé la deuxième question. Nous allions vous demander si vous sentiez la différence par rapport aux saisons précédentes, où vous ne comptiez que 8 joueurs à la reprise en 2016, et où il y avait eu énormément de changements dans l’effectif en 2017…

Quand je repense à l’année dernière, c’était quand même fort de faire partie des six premiers toute la saison. J’ai ressorti des photos de la préparation, nous n’avions que trois joueurs titulaires de la saison d’avant avec nous à la reprise. Oui, cette année, c’est sûr que la continuité dans l’effectif nous fait gagner du temps. Ma défense est fixe, mon attaque également. Comme je disais, il nous manque encore le coeur du jeu maintenant. L’idée c’est de créer des bons binômes. Ce sont les plus importants dans le sport collectif. A droite, ça marche bien avec Bélaud et Faussurier. La paire Sissoko-Pi était l’une des meilleurs du championnat. D’ailleurs, notre coup de moins bien entre janvier et mars était lié à leurs blessures. Et devant, Charbonnier et Diallo avaient fini très fort la saison. Là, le gros point d’interrogation, c’est de reconstruire le cœur du jeu, trouver les bonnes associations. On a perdu Sissoko (Strasbourg), Pi (retour de prêt à Toulouse), Gastien (Clermont) et Grougi (fin de contrat).

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Quels profils ciblez-vous pour recruter au milieu de terrain ? Plutôt des joueurs expérimentés ou des jeunes de L1 par exemple ?

C’est un marché particulièrement difficile. Un retour de Pi est-il possible ? Pourquoi pas, il s’est plu pendant une saison ici, mais il a envie de jouer en L1 donc il faudra voir ce que Toulouse compte faire avec lui. C’est souvent le problème avec les clubs de Ligue 2. On échoue parfois à prendre des joueurs de L1, car ils attendent jusqu’au dernier moment pour tenter le coup au niveau supérieur. Il nous faut encore deux joueurs au milieu, puisqu’on a pris Belkebla, et qu’Ayasse a 80% de chances de signer. C’est un joueur que je connais très bien, qui était l’un des meilleurs à Troyes lors de la saison du titre. Il a 30 ans, et il est revanchard après sa dernière saison plus compliquée au HAC. Il est venu me montrer de quoi il était capable en s’entraînant avec nous, je ne voulais pas faire de favoritisme.

Allez-vous recruter un attaquant pour remplacer Habib Diallo, de retour de prêt à Metz ?

C’est une discussion que j’ai avec le directeur sportif (Grégory Lorenzi). Lui aimerait bien. Nous avons recruté Yoann Court sur la gauche, et un joueur comme Kevin Mayi a très peu joué la saison dernière, mais revient cette année. On a également Butin et Charbonnier, sans oublier le petit Pintor. Donc on verra. Si Habib Diallo veut revenir, moi je le reprends avec plaisir en tout cas. Si je peux reprendre quelqu’un avec qui j’ai déjà travaillé un an, c’est mieux que de prendre quelqu’un à qu’il faut apprendre tout le processus de travail.

Après deux saisons à flirter avec la montée alors que ce n’était pas forcément prévu, Brest peut-il dire cette fois qu’il est un candidat déclaré à la Ligue 1 ?

Non, il faut que ce soit clair. Dans l’histoire de la Ligue 2 depuis 30 ans, jamais le club qui a annoncé vouloir dominer tout le monde n’a réussi à le faire. Par contre, nous avons des ambitions, oui. J’ai les boules de ne pas être monté les deux dernières saisons, on a envie d’être les meilleurs possible. On a l’ambition de jouer les premiers rôles, mais l’objectif sérieux, et c’est ce que j’ai dit aux joueurs, c’est déjà de savoir comment nous allons prendre les 42 points le plus rapidement possible. La saison dernière, des clubs comme Nancy, Lens et Auxerre ont lutté pour le maintien. C’est une vraie photographie de la L2. Depuis 3-4 saisons, des clubs promus prennent directement l’ascenseur. C’est impossible de dire qui est le favori du championnat. Mais j’ai d’autant plus les boules de ne pas être monté que la L1 a changé. Avant, quand j’étais à Strasbourg ou à Troyes, le PSG et l’OM pouvaient faire des saisons où ils luttaient pour le maintien. Maintenant, on a un premier championnat avec un Big Four. Puis un deuxième championnat avec 5-6 autres clubs et un troisième championnat avec le reste, où tout est très ouvert. On aurait pu faire partie de se 3e championnat, et pourquoi pas s’inviter dans le deuxième.

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On a vu que votre passion ne se délitait pas au fil des années. Pour preuve, les play-offs la saison dernière ont été assez tendus contre Le Havre, avec votre expulsion notamment. Qu’avez-vous pensé de ces premiers pré-barrages ?

Il y a eu beaucoup de tension, mais je suis entièrement fautif pour mon expulsion, j’en suis le responsable. C’était un vrai match de coupe, on veut toujours garder son sang-froid, mais on se prend au jeu. Nul n’est parfait, ça m’arrive une ou deux fois par an. Concernant les play-offs, c’est quelque chose d’enthousiasmant. Mais bon, quand je regarde le rugby, je me dis que l’équipe qui était en tête pendant 10 mois peut ne pas être sacrée championne de France. Il y a un côté positif pour les spectateurs, mais pour un entraîneur, c’est ambivalent, on préférera toujours trois montées directes. Je suis assez conservateur à 60 ans, mais j’ai envie de faire preuve d’ouverture d’esprit, même si ce n’est pas ce que je préfère. Par contre, j’aimerais que la Ligue fasse preuve de plus de modernité pour les coachs. J’aimerais avoir 20 joueurs sur le banc comme en Italie, et qu’on dispose d’un changement de plus en match par exemple.

Vous signez quand même pour faire de nouveau partie des play-offs en fin de saison ?

Oui, c’est vrai, je signe quand même ! (rires).

Propos recueillis par Dorian Waymel

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