Depuis le début du mois de juin, chaque jour apporte une nouvelle actualité brûlante autour du FC Sochaux Montbéliard. Et ce ne sont pas vraiment les 90 ans du club qui en sont la raison, mais plutôt la nouvelle gestion du club par la société espagnole Baskonia Alaves. Dans l’épisode précédent, nous expliquions à quel point ce nouveau mode de gouvernance était unique dans le football français. Aujourd’hui, pour ce troisième et dernier volet, nous sommes allés à la rencontre des supporters sochaliens, pour connaître et comprendre leur position à un mois de la reprise du championnat de Domino’s Ligue 2.
« On aimerait retrouvé notre identité totale »
Né en 1931, le Supporter Club du FCSM est aussi la plus ancienne association de supporters en France. Son président a eu l’occasion d’accueillir David Vizcaino, nouveau directeur sportif du club, lors de sa récente assemblée générale : « Chaque année, nous avons la visite d’une personne importante du club. Le discours de M.Vizcaino ne nous a pas convaincu, comme à la grande majorité des supporters. La situation ne nous convient pas, on vit mal le fait que le club soit sous tutelle, on aimerait que l’actionnaire actuel (ndlr le président Wing Sang Li) vende le club pour repartir sur de nouvelles bases. Là, on ne sait pas de quoi est fait l’avenir, cela inquiète nos supporters. Surtout, on aimerait retrouver notre identité totale. C’est difficile pour tout le monde, supporters comme partenaires, qui en veulent encore à Peugeot d’avoir vendu le club de cette manière. »
Une vente du club qui date de plus de trois ans, mais qui n’a toujours pas été digérée. Comme un cordon ombilical jamais coupé. « Le stade Bonal a cette particularité d’avoir été construit dans l’enceinte de Peugeot. Il est désormais propriété de l’Agglomération, et pourtant on ne sent pas un mouvement de la part du monde politique malgré tous les épisodes douloureux vécus. Les aides au club ont été reconduites, quelque part cela valide la politique de Wing Sang Li… » Certains supporters précisent au passage que la perte d’identité ne date pas d’aujourd’hui : « Nous sommes fortement déçus, mais l’identité sochalienne était déjà perdue au niveau du centre de formation. On ne voyait plus tant de jeunes du coin, notamment depuis la descente en Ligue 2. Certes, il en restait quelques uns, mais le profil de recrutement franc-comtois a laissé progressivement place à un ciblage alsacien et parisien. Avant, le centre de formation du FCSM était LA référence pour tous les jeunes du coin. Ce n’est plus du tout le cas, et ça explique aussi les départs dès le très jeune âge. L’identité déjà bancale est désormais en péril. »
« Les joueurs sont nos héros et un vecteur d’engagement important »
L’identité, le point névralgique pour tout supporter de football. Du côté du collectif Sociochaux, le contrat de prestation de services à Baskonia a sonné le glas des espoirs d’entrée au capital du club, malgré un travail énorme durant près d’une année. Désormais, la position est forcément plus limitée : « A part nous placer en lanceurs d’alerte, on ne peut plus faire grand chose. Pour nous, Baskonia est l’anti-modèle absolu. La multi-propriété dans le football abîme l’engagement des supporters. Il ne faut pas oublier que les footballeurs nous font venir au stade, ils sont nos héros et un vecteur d’engagement important. Comment s’identifier à une armada de joueurs qui ne fait que passer et qui n’a plus aucun lien avec notre club et son histoire ? Avec ce couperet qui plane sur notre tête, de se retrouver du jour au lendemain avec un joueur sous contrat comme au NK Rudes (ndlr autre club géré puis quitté par Baskonia Alaves) ? Il est tout à fait possible que le club ne se relève pas de ce qu’il se passe actuellement. »
Un scénario qui pourrait tout de même convenir à certains supporters ? « Personnellement, je préférerais voir mon club en National 3 et qu’il me ressemble, plutôt que d’accepter cette mascarade en Ligue 2. Le problème, c’est de savoir à quoi il ressemblera quand il sera tombé si bas ? Si le FCSM n’est plus capable de faire grandir ses joueurs en interne via un centre de formation qui a toujours fait ses preuves, c’est la mort du projet club ! »
« Supporters sochaliens, relevez-vous ! »
C’est pourquoi les supporters les plus actifs et notamment la Tribune Nord Sochaux a choisi de ne pas baisser les bras et se prépare au combat, demandant à ses membres d’être toujours présents et visibles au stade : « Soyons actifs pour notre groupe, pour le supportérisme sochalien, nos couleurs, notre ville, notre région. Les dirigeants, les entraîneurs, les joueurs et l’aspect sportif ne nous importent peu, ou plus. […] Soyons hostiles et poursuivons notre combat contre la mascarade Ledus. Soyons extrêmement vigilants et sur nos gardes envers la venue douteuse de Baskonia. Soutien à nos couleurs et lutte contre la mascarade absurde et dangereuse extra-sportive. Ils rêvent de nous voir déserter Bonal, ne leur laissons pas ce plaisir. Supporters Sochaliens, relevez-vous. Nous ne devons et n’allons pas céder. »
A ce jour, une part des supporters Sochaliens a déjà exprimé son souhait de ne pas retourner au stade supporter ses couleurs. La défiance et la méfiance envers Baskonia apparaît sous toutes ses formes, auprès de l’ensemble des supporters interrogés. Force est de constater que, malgré de réels efforts, il n’aura pas été possible de trouver un écho favorable à la nouvelle direction… Dans ce contexte, la reprise du championnat de Domino’s Ligue 2 le 27 juillet à Grenoble puis le 3 août au Stade Bonal contre Valenciennes risque d’être très spéciale pour le FC Sochaux Montbéliard et ses fidèles supporters.
Crédit photos : Sam Coulon