Rarement, la Domino’s Ligue 2 n’avait connu autant d’histoires liées à ses tribunes. A Lens, mi-août, où des centaines de fans artésiens étaient descendus sur la pelouse en plein match face à Brest (2-4, 4e journée). Unis contre un même « ennemi », Alain Casanova, démis de ses fonctions le lendemain. Toujours en Artois, où Bollaert-Delelis fut le théâtre, le 12 mars dernier face au FBBP 01 (0-1), de messages et de chants hostiles. Un Bollaert-Delelis unifié contre un même « ennemi », ses joueurs.
A Nancy, où les supporters, ulcérés par les dramatiques résultats de leur club, enchaînent banderoles (« Vous êtes infâmes »), chants, bus pris à parti, et grève des encouragements. La dernière en date lors de la réception de Reims, le 31 mars (0-2). Troisième des 4 coachs de l’ASNL dans cet exercice 2017-2018, Patrick Gabriel confiait que le public devenait « une faiblesse ». Il devrait être l’inverse. Son président parlait de « peur » ressentie par ses joueurs.
A Sochaux où la défiance envers l’actionnaire majoritaire est à son paroxysme. Dans les gradins, on prône ouvertement le souhait de voir partir Wing Sang Li et les dirigeants en place. Un appel à un boycott général a été lancé pour la réception d’Orléans le 6 avril (3-2).
A Valenciennes, aussi, mais dans une moindre mesure. La saison n’a pas été toute rose. Les résultats laborieux ont accompagné l’automne et l’hiver nordiste. Une grève des encouragements à parsemé la rencontre face au Havre, en janvier dernier.
Au Havre, justement et enfin, où l’après-derby contre QRM (0-2), le 30 mars, a tourné au fiasco. Quelques dizaines de supporters ont quitté leur siège, ont franchi les gardes-barrières avant de pénétrer sur la pelouse du stade Océane. Unifiés contre un même « ennemi », leurs joueurs.
Un seul et même ennemi
La Ligue 2 marche sur la tête. Les scène de contestations se multiplient. Les clubs en questions semblent dépassés. Le contrôle de ces années de frustration paraît impossible. Car, cet « ennemi » commun à tous, ce n’est certainement pas un homme, un staff ou un groupe de joueurs. La raison est plus large. Elle englobe à la fois l’amour sincère, l’attachement viscéral de ces fans à leurs couleurs, mais aussi l’incommensurable déception née d’années d’échecs.
Club doyen du football français, Le Havre n’a disputé qu’une saison de Ligue 1 depuis 2003. Les Normands pourraient démarrer leur dixième exercice consécutif en L2 cet été. Le RC Lens vit, depuis 2008, la pire période de son histoire. Les contrariétés s’enchaînent. Les sombres épisodes marquent. Ils laissent une emprunte indélébile. Las, la marmite a fini par exploser. La direction valenciennoise annonce année après année son intention de jouer la montée. Saison après saison, l’automne vient rappeler à l’ordre un VAFC toujours concerné par le maintien. A Nancy, la désillusion est surtout liée à la montée de 2016 sans lendemain. Depuis un an, les résultats lorrains sont cataclysmiques, indigestes et indignes. Le club, 18e, est au bord du gouffre.
Toutes ces entités proposent donc un feu d’artifice dont la Ligue 2 se serait bien passée. Cependant, il n’existe aucun hasard dans ces manifestations soudaines, spontanées. Juste une simple passion qui conduit, parfois, à la folie. Et à des excès regrettables.