La trêve hivernale est l’occasion pour MaLigue2 de prendre des nouvelles de ses anciens pensionnaires. Chaque jour, nous vous proposons un ou deux articles sur ceux qui ont tenté le challenge de l’étranger ou de la Ligue 1 l’été dernier. Ce mercredi, nous avons remonté un peu plus loin dans le temps. Clément Lenglet, révélé dans notre championnat de Domino’s Ligue 2 lors de la saison 2015-2016 avec l’AS Nancy-Lorraine, a rejoint le FC Séville il y a un an, et dispute désormais la Ligue des champions. L’occasion pour lui de revenir sur cette belle et rapide ascension, et de livrer son regard sur la situation actuelle de son club formateur.
MaLigue2 : En mars 2015, vous nous aviez accordé un entretien dans lequel vous indiquiez votre volonté de monter en L1 avec Nancy. Un peu moins de trois ans plus tard, vous voilà opposé aux meilleurs joueurs du monde en Liga et en Ligue des champions… Vous imaginiez à l’époque que tout irait si vite ?
Clément Lenglet : J’y pensais, c’était un objectif dans un coin de ma tête. Mais je ne pensais pas que ça se ferait aussi rapidement, non. Quand on joue en Ligue 2, on souhaite tous connaître la division au-dessus dans un premier temps. Ça a été chose faite avec Nancy, mais je n’imaginais pas dans la foulée déjà connaître la Liga, la Ligue des champions et le plus haut niveau.
Selon vous, c’était un choix risqué de partir jeune (21 ans) à l’étranger en cours de saison, lors du mercato hivernal 2017 ?
Oui et non. C’est sûr que de passer de Nancy au FC Séville, il y a un monde d’écart au niveau des attentes et des objectifs. Mais j’étais déjà suivi depuis quatre ans régulièrement par ce club, donc je savais où je mettais les pieds, et ce n’était donc pas forcément risqué d’y aller aussi vite. Je connaissais leurs intentions, ils me désiraient vraiment. Après, Jorge Sampaoli (l’ancien entraîneur) ne m’a pas donné de garantie de temps de jeu. Il m’a juste dit que j’aurais ma chance, et que ce serait à moi de la saisir. Je ne m’attendais pas à jouer tous les matchs dès le début, mais c’est vrai qu’on ne sait jamais d’avance comment ça va se passer quand on doit s’acclimater à un nouveau championnat, une nouvelle langue, un nouveau pays… Mais il y avait déjà pas mal de joueurs français à Séville, donc c’est sûr que ça facilite l’intégration.
Beaucoup de supporters de Nancy regrettent votre départ en janvier, avec le sentiment que l’ASNL a vendu son meilleur joueur pour finalement descendre en Ligue 2 en fin de saison…
Ce n’est jamais facile de quitter son club formateur… Mais je ne voulais pas rater ce train-là. Adil Rami était suspendu, et Nicolas Pareja était blessé pour une longue durée. Ils avaient besoin d’un défenseur central rapidement. Et si ce n’était pas moi, ils auraient choisi quelqu’un d’autre. Après, comme l’a dit le président (Jacques Rousselot) récemment, je ne pense pas que ce soit le départ d’un seul joueur qui ait fait descendre le club, et je n’ai pas la prétention de le penser. Mais c’est clair que ça me fait chier pour Nancy cette descente ! Tous mes potes sont là-bas, et j’ai une pensée pour tous les formateurs et les éducateurs que j’ai croisé.
Malgré votre jeune âge, Pablo Correa avait choisi de vous confier le brassard. Un geste loin d’être anodin, comment avez-vous vécu ce rôle ?
Ah oui, forcément, c’était un choix fort de sa part. J’étais très jeune, et à-côté de moi dans le vestiaire j’avais des joueurs très expérimentés, qui avaient vécu beaucoup plus de choses que moi. Mais malgré cela, tout s’est déroulé naturellement, dans un bon état d’esprit. Je savais que même en étant capitaine, il me restait beaucoup de choses à apprendre d’eux. Quand il le fallait, je les laissais parler dans le vestiaire. Moi j’essayais aussi de régler les petites choses que je voyais, je n’étais pas du genre trop expressif non plus. Ce brassard, ça m’a permis d’avoir encore plus confiance en moi en arrivant au FC Séville. Je savais que je pouvais avoir le niveau pour m’imposer, et le fait d’avoir déjà été capitaine de mon club m’a aidé à m’en assurer.
« Vincent Hognon, c’est un coach très méticuleux »
Quel regard portez-vous sur la situation de l’ASNL aujourd’hui ? Vincent Hognon a notamment pris la succession de Pablo Correa, deux entraîneurs que vous connaissez-bien.
Pour Pablo, c’est vrai que son départ m’embête. C’est lui qui m’a lancé en équipe première, qui m’a soutenu, qui m’a fait confiance et qui m’a nommé capitaine. J’avais une relation assez particulière avec lui. Mais je suis content pour lui qu’il ait déjà retrouvé un club (l’AJ Auxerre) avec un nouveau projet. Quant à Vincent Hognon, je l’ai eu en tant que coach des U19. C’est quelqu’un de très méticuleux, qui n’hésite pas aussi à lancer les jeunes joueurs. J’espère que ça va bien se passer pour lui, car il a toutes les qualités pour réussir à emmener Nancy plus haut, loin du spectre de la relégation. Hognon s’inscrit dans la tradition à l’ASNL, et ce n’est que du bonus pour les jeunes comme Dembélé, Bassi, Barka ou Ba de grappiller du temps de jeu chez les pros même si la situation est compliquée.
Revenons à votre aventure à Séville. Cela fait un an que vous avez rejoint l’Espagne. Quel bilan dressez-vous de cette première année ?
Il est positif. J’ai eu beaucoup de temps de jeu, je crois que j’ai disputé 43 matchs dans l’année civile 2017 ! C’est un gros total, surtout que j’ai eu la chance d’affronter les trois monstres du championnat que sont le FC Barcelone, le Real Madrid et l’Atlético de Madrid. J’ai aussi participé à la Ligue des champions, où j’ai même eu l’opportunité de marquer. Après, il reste évidemment encore beaucoup de points à améliorer dans mon jeu, je suis encore jeune. Mais la Liga me correspond, je pense, notamment au niveau de la relance ou de l’anticipation, et du placement. Au niveau de l’adaptation, je parle désormais très bien l’espagnol, je le comprends aussi. Et je me plais à vivre dans ce pays.
« Messi, c’est le plus impressionnant »
Le FC Barcelone aurait également montré son intérêt quant à votre profil…
Je ne sais pas, il faut demander au journaliste en Espagne qui a sorti cette information… Je pense qu’il faut laisser le temps au temps. De toute façon, dès qu’un joueur réalise deux gros mois en Liga, il est observé par le Barça. Ils sont omniprésents à ce niveau-là.
Cristiano Ronaldo, Messi ou Griezmann… quel est l’attaquant le plus difficile à marquer ?
Ils le sont tous ! (rires). Avec des qualités différentes, mais de toute façon, ils marquent toujours des buts. Mais franchement, le plus impressionnant, c’est quand même Lionel Messi. Tout le monde sait qu’il va rentrer pied gauche. Mais si tu veux l’arrêter, tu dois te mettre à trois dessus ! Dans les un contre un, c’est impossible, ça va trop vite !
Benjamin Pavard a récemment été appelé en Équipe de France, vous jouiez ensemble chez les Espoirs. Votre coéquipier Steven Nzonzi aussi a débuté récemment. Et vous ? La Coupe du monde 2018 vous paraît accessible ?
Le Mondial, ça me semble encore un peu éloigné pour moi. C’est mon rêve de rejoindre les Bleus et de pouvoir postuler à la Coupe du monde, mais c’est sans doute encore un peu tôt. Après, on n’est jamais à l’abri d’une très belle surprise, qui sait. Mais je ne sais pas si le club reçoit des pré-convocations ou pas me concernant. En tout cas, je me focalise pour le moment sur les objectifs à aller chercher avec mon club, et on verra bien s’il y a surprise ou pas.
Propos recueillis par Dorian Waymel