De blessés graves, il n’y en a eu aucun. Pourtant, l’incident du stade de la Licorne le samedi 30 septembre dernier lors d’Amiens-LOSC et l’effondrement d’une barrière du parcage visiteurs aurait pu virer au drame. Quelques fans lillois, fort heureusement, ont vite pu sortir de l’hôpital et regagner leur domicile.
Ce samedi après-midi, au quart d’heure de jeu (symbolisant la minute à laquelle la barrière a cédé), quelques supporters du RC Lens ont déployé la banderole suivante : « Chuuuute à Amiens ». Forcément, elle allait faire parler d’elle (la preuve). Inévitablement, les raccourcis allaient vite être trouvés (c’est ça le meilleur public de France ?…). Plusieurs visions s’opposent. Le très indéfinissable second degré, qui jouit d’une barrière (là aussi) invisible ou évidente, au choix. Le malaise, simplement. Le sentiment que la rivalité sportive ne doit pas s’inviter dans le bal de la précarité de la santé quand celle-ci se trouve en danger.
L’origine de la banderole
Ce dernier point, expliquant le fond de la banderole, trouve son origine dans un message déployé par les supporters loscistes cet été, où était inscrit : « Buuuut à Amiens ». La référence ? La fameuse réalisation amiénoise à Reims inscrite à la 96e minute, lors de la 38e journée de Domino’s Ligue 2 2016-2017, envoyant le club picard en Ligue 1 et anéantissant les espoirs Sang et Or de montée. Un chambrage comme il en a souvent existé entre les 2 entités. Et, pour le coup, un simple « tacle » sportif où aucune vie n’a été mise en jeu.
La justification du passé
Alors, pour justifier une telle réponse aperçue dans les travées d’un Bollaert-Delelis aux 36 000 âmes ce samedi, retour plus d’une décennie en arrière. Et une nouvelle banderole, cette fois lilloise, déployée dans le parcage lensois lors d’un derby du Nord en 2003 : « Ce soir, le coup de grisou c’est nous ! ». Pour les non-initiés au langage minier, un coup de grisou correspond à une explosion de gaz dans les mines. Explosion mortelle.
En août 2006, le président du RC Lens Gervais Martel officialise la venue du LOSC à Bollaert pour y disputer 3 rencontres de Ligue des Champions. Le coup est dur à encaisser pour la très grande majorité des fans artésiens. Dans un communiqué, les inconditionnels lensois fustigent cette idée même de voir le grand rival historique venir poser ses valises en Artois. « Comment expliquer qu’en cette année 2006, notre club, ait décidé de copiner une nouvelle fois avec ceux qui ne cessent d’insulter notre bassin minier ? Souvenons-nous de ces messages tous plus abjects les uns que les autres et qui portaient atteinte à ce qui fait l’histoire du Racing et de ses supporters : « Bienvenue aux analphabètes » (2000), « La silicose, la légionellose, à quand la peste ? » (2003), « Ce soir, le coup de grisou c’est nous ! » (2004) ou encore « Le tiers monde à 30 kilomètres de l’Europe ». »
Si l’ensemble de ces messages sont qualifiés « d’abjects », alors cette banderole déployée ce samedi l’est-elle également ? L’ignorance peut-elle être une réponse plausible dans l’attente d’un retour sportif au premier plan ? Chacun s’en fera une opinion. La Domino’s Ligue 2 se serait sûrement bien passée d’une nouvelle histoire extra-footballistique.