Pour notre chronique hebdomadaire avec les observateurs assidus de notre championnat, David Benarousse nous livre toutes les coulisses de la victoire d’Auxerre contre l’ancien leader lorientais mardi (1-0). Plongez dans l’antre de l’Abbé-Deschamps avec le journaliste et commentateur de la Domino’s Ligue 2 sur beIN Sports.
L’âme auxerroise
« Mardi 19 Septembre, 16h. Fin prêt à partir pour Auxerre. Content et excité d’y retourner. Six mois environ que je n’ai pas pris la route de l’Abbé-Deschamps, stade mythique pour un trentenaire ayant vécu à la TV, adolescent passionné de foot, les plus belles heures des années Guy Roux. Club mythique et fort sympathique retombé en Ligue 2 il y a 5 ans, déjà, après 32 saisons parmi l’élite.
Une heure pour sortir de Paris, embouteillages obligent. Ça laisse le temps d’écouter d’une oreille les débats sportifs enflammés et drôles d’une grande radio nationale, tout en pensant à ce Auxerre-Lorient passionnant. Mais beaucoup moins drôle pour l’AJA. 18es et barragistes au coup d’envoi, cinq défaites et un nul sur leurs six derniers matchs, les Bourguignons jouent gros ce mardi soir face au leader invaincu.
Je les avais quittés au stade Charléty trois semaines plus tôt, sous tension après une défaite 2-1 face à un PFC promu de dernière minute mais enthousiaste. Sous tension à l’image de leur coach Francis Gillot, qui avait pris soin d’esquiver tous les journalistes ce soir-là. Débarqué sur les bords de l’Yonne avec le président Francis Graille cet été pour redonner une âme à cette AJA que tous les amateurs et observateurs du foot français ne désespèrent pas de revoir en Ligue 1, Gillot joue gros lui aussi. Comment ne pas songer, au volant de ma voiture, à son limogeage si Lorient vient à torpiller l’AJA ce soir ?
Les U9 s’entraînent à une dizaine de mètres de la pelouse des pros
17h : coup de fil de Samuel Ollivier et ses équipes pour caler l’avant-match. Francis Graille m’a donné son accord pour venir en direct dans l’avant-match. Je leur confirme que c’est OK. On discute 5 minutes du match, lui et moi savons pertinemment que l’AJA des propriétaires chinois est au bord du précipice, en plein flou. L’actu est là, évidemment, mais je me dis en approchant d’Auxerre, au fil des kilomètres, qu’Auxerre a et aura toujours une âme, et peut le faire contre Lorient. Je le sens.
En longeant l’Yonne, à l’approche de l’Abbé-Deschamps après près de trois heures de route, ce même sentiment revient comme à chacune de mes venues ici : petite ville charmante mais surtout ville de foot, club de foot. Ça sent le foot et ça sentira toujours le foot. En passant les grilles d’entrée du stade et en voyant les U9 s’entrainer à une dizaine de mètres de la pelouse des pros, impossible de ne pas m’arrêter cinq minutes. Les enfants travaillent les redoublements de passes, sous les yeux d’éducateurs passionnés et méticuleux. Elle est là, l’âme d’Auxerre. Là, mais aussi dans les yeux des supporters déjà dans les parages à deux heures du choc. La moyenne d’âge est assez élevée, certes, qui plus est en milieu de semaine. Mais ce sont « des vrais ». L’âme, on vous dit…
Dans l’entourage du club, toujours la même sympathie. Le même accueil chaleureux. La même passion. « On va le faire ce soir, je vous le dis, me lâche un membre du club avant la réunion H-2 avec les délégués de la LFP. A Auxerre, on a toujours réussi contre les gros. Lens en début de saison (victoire 1-0, ndlr), mais surtout à l’époque de Guy Roux. L’OM, le PSG… Tu te souviens, on a très souvent réussi des énormes matchs contre les gros », ajoute-t-il. A ce moment précis, je sais que Lorient déboule dans un traquenard.
Graille : « Ce match va être un déclic »
20h33 : Francis Graille, détendu mais attentif à l’échauffement de ses hommes, débarque à mon micro. Il est serein, ne se déclare pas vraiment inquiet ni déçu d’avoir accepté ce projet, ni d’avoir embarqué Francis Gillot, entraîneur expérimenté qui n’a jamais démissionné de son poste. « Ce match va être un déclic », nous assure-t-il. Ses hommes ont envie de faire un gros coup contre le leader et de prouver, enfin, à ce public et ce club de connaisseurs qu’ils valent mieux, bien mieux que cette 18e place. La tension est palpable dans l’Abbé Deschamps dès le coup d’envoi. Lorient, qui ne brille pas vraiment, perd des ballons dans l’entrejeu, où rayonne l’Auxerrois Adéoti. Les Merlus ne font pas assez douter cette équipe auxerroise, ne la prennent pas à la gorge alors qu’elle suffoquait avant le match. Boucher détourne deux frappes de Guendouzi, exclu quelques minutes plus tard, juste avant la pause. Le match a tourné, le traquenard est fin prêt.
Gillot, inspiré de faire entrer Obraniak à la pause, sent que ses hommes peuvent le faire. Et vont le faire : grâce à une tête d’Adéoti sur un corner d’Obraniak (1-0, 64e) puis en tenant le choc jusqu’au bout, ne cédant pas sur les attaques enfin tranchantes mais (trop) tardives des entrants Cabot et Bouanga. L’Abbé Deschamps peut souffler d’un seul homme et applaudir ses joueurs au coup de sifflet final : ils se sont arrachés pour faire tomber le leader lorientais pour la première fois de la saison. Francis Gillot, à notre micro, retrouve le sourire. 23h15, en reprenant le volant, je n’ai plus de doute et suis rassuré après 6 mois loin d’Auxerre : l’âme de l’AJA est toujours là. »
Par David Benarousse, pour MaLigue2.fr
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Très bel article, merci beaucoup ! En espérant qu'Auxerre se relève bel et bien.
Merci pour cette article bien sur cas auxerre il y a une ame est il en aura toujours une car nous les suporter seront toujours la AUXERRE EST BATIE SUR PIERRE EST ME PERIRA PAS vive auxerre
Merci pour ce brillant hommage...on a tendance à penser qu.Auxerre est tombée dans les oubliettes du foot ...vous ravivez les belles émotions du stade Abbé Deschamps .....revenez quand vous voulez pour nous porter chance!!!