Cette saison, la Ligue 2 va découvrir trois nouveaux venus : le RC Strasbourg, l’US Orléans et l’Amiens SC, en provenance directe du National. Afin de se familiariser avec ces clubs, Nicolas Vilas, journaliste sur Ma Chaîne Sport ayant couvert l’intégralité de la saison, nous livre son analyse éclairée.
MaLigue2 : Le final du haut de tableau du championnat de National s’est révélé, comme en Ligue 2, assez fou cette saison. Aucune équipe ne s’est réellement démarquée ?
Nicolas Vilas : Le championnat s’est révélé très homogène, très disputé. A moins de dix journées de la fin, des équipes qui luttaient pour leur maintien pouvaient prétendre à la montée. Belfort, promu et leader à la trêve, a souffert jusqu’au bout pour se maintenir. Strasbourg est peut-être la seule équipe pour qui la montée semblait évidente.
Justement, Strasbourg arrive en Ligue 2 avec un gros budget annoncé (plus que le PFC l’an passé). A quoi doit-on s’attendre dès cette saison ?
Strasbourg n’est pas comparable au Paris FC. L’histoire, la pression, les moyens, les soutiens, le contexte historique, économique, social et même politique est complètement différent. Strasbourg est le club d’une région ; le PFC est l’un de ceux qui essaient d’être le second de la sienne. C’est avec cette pression que le Racing cohabite depuis sa rétrogradation en CFA2. Le plus difficile à admettre pour les supporters dont la frustration mais aussi la patience ont été énormes, c’est de comprendre qu’il faudra peut-être encore faire de même pour gravir un nouvel échelon.
Ce retour marque aussi l’arrivée d’un gros public en L2, ce qui est toujours une grosse satisfaction de notre point de vue. C’était comment la Meinau cette saison ?
La Meinau ne faisait que cristalliser une évidence : Strasbourg n’avait pas sa place en National. Pour les raisons évoquées précédemment et d’autres encore.
On a connu Orléans il y a deux saisons, qui s’était écroulé en deuxième partie de saison malgré de bons débuts et un intéressant Olivier Frapolli. Comment va-t-on les retrouver ?
Frapolli a réussi ce que peu d’entraîneurs ont fait : deux montées de National en L2 avec le même club en l’espace de trois saisons. Ses dirigeants ont eu la patience et l’intelligence de lui faire confiance. Malgré les nombreux changements de joueurs inhérents à ses situations sportives, il a su reconstruire une équipe compétitive. Et surtout, Orléans a connu une réelle évolution dans son jeu.
« Pélissier incarne l’une des plus belles histoires du National »
Amiens est donc le troisième larron. Une superbe histoire pour son coach Christophe Pélissier, retoqué avec Luzenac il y a déjà deux ans. Lui et son équipe sont-ils prêts à poursuivre leur beau travail en Ligue 2 ?
Pélissier et l’un de ses adjoints Lagarde incarnent l’une des plus belles histoires et revanche du National de ces dernières années. Ils auraient dû connaitre la L2 avec Luzenac. Ils se sont retrouvés sans rien. Et voilà qu’ils font monter Amiens, que peu attendaient et qui attend ça depuis si longtemps. Au-delà de l’aspect démographique qui se vérifie de plus en plus en France à l’image des autres pays, Amiens est une ville de foot.
L’an dernier, vous nous aviez parlé d’Hervé Della Maggiore. Ce fut un délice de découvrir son travail cette saison. Quelles seront les belles arrivées de coachs ou joueurs du National en Ligue 2 l’an prochain, sachant que plusieurs joueurs ont déjà signé ici ?
Bayard, Charrier, peut-être Mercadal (à Tours ?), Bouanga (retourné à Lorient), Oukidja, Pepé (qui devrait retourner à Angers), Beziouen, Thinan, Gurtner, Séka… Ils sont tellement nombreux ! Mais tous les coachs de National méritent qu’on se pose un moment avec eux. Leur vécu, leur parcours font d’eux ce qu’ils font. Cette saison a été serrée, jamais un champion de National n’avait été sacré avec aussi peu de points, mais il y a eu du jeu. Et c’est grâce à eux. De Dugué à Paquille, en passant par Ott, Frapolli, Goldman, Reculeau (Pep Granola ), Mercadal, Daury, Rossi, Usaï, Rizzetto, Luzi, Pochat, Bénier, Chabert, Ollé-Nicolle, Lemerre, Collin… Et n’oublions pas aussi ceux qui ne sont plus en poste, comme Le Mignan, Fouzari ou Pilorget. Peu, au final, ont connu une carrière de joueur pro. Bien qu’en France il existe un certain protectionnisme voire un corporatisme dans beaucoup de corps de métier et celui d’entraîneur de club pro en fait partie (celui du journalisme, aussi), leur richesse vient aussi de là.
Merci à Nicolas Vilas pour sa disponibilité et sa gentillesse habituelle.