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Margot Dumont : « Ce qui me guide ? La passion du jeu ! »

Difficile de trouver un cadre plus agréable pour interviewer Margot Dumont. Lensois et Auxerrois viennent de débuter leur échauffement, ce vendredi 1er avril. Sur le bord de la pelouse de Bollaert-Delelis, nous nous asseyons sur le banc des officiels. La fraîche et pétillante journaliste (tout) terrain de BeIN Sports (diffuseur officiel de la L2) a pris le temps de revenir sur l’ensemble de la saison de Ligue 2. Elle espère la voir se finir de la meilleure des façons.

MaLigue2.fr : Bollaert, Lens… A chaque fois que vous venez ici, j’imagine qu’en tant que supportrice lyonnaise, vous repensez à ce fameux 4 mai 2002 et au premier titre de l’OL ?

Personnellement, j’avais 12 ans mais je m’en souviens très bien. C’est un de mes premiers souvenirs. Je me rappelle que j’étais devant ma télé, dès 15h, à regarder ce qu’il se passait en ville. Car tout était retransmis sur la chaîne locale, TLM. Cela a marqué les supporters lensois et lyonnais. En plus, c’est le début, pour Lyon, d’une magnifique épopée. Comme Lyonnaise, on y repense des fois, forcément.

Footballeuse, journaliste mais surtout grande passionnée de ce sport. Faut-il avoir encore davantage cette passion pour couvrir la Ligue 2 ?

Je pense que tu savoures moins que si tu es vraiment passionné. Je peux bien en parler. Tu me mets sur un match de National, de Ligue 2, de féminines, ce sera pareil. C’est du terrain, c’est l’odeur de la pelouse. Des bruits, des contacts, des entraîneurs qui s’agitent. Après, ce qui change, c’est l’ambiance. Quoi qu’à Lens, c’est de la Ligue 1. Après, la passion agit. Cela nous guide dans ce métier. Chez tous les journalistes, normalement.

L’engouement n’est tout de même pas pareil entre un déplacement à Clermont, Laval (désolé pour eux) et un match à Geoffroy-Guichard ou au Vélodrome non ?

Ce n’est pas le même (rire). On ne va pas se mentir. L’exemple de Clermont…ce n’est pas vraiment un stade de football.

Qu’est-ce qui vous attire dans cette Ligue 2 alors ?

Le jeu. L’ambiance, tu es heureux d’aller dans des stades qui sont pleins. Mais ce qui me guide, c’est la passion du jeu. Je joue depuis que je suis gamine. J’ai eu la chance d’évoluer en première division. J’aime analyser, voir. Un tacle glissé devant mes yeux, ça va me faire plaisir. Un beau contrôle, je vais apprécier. Même analyser tactiquement ce qu’il se passe, voir ou non les montées des latéraux.

« Le niveau s’est surélevé »

Ce cru 2015-2016, qu’en pensez-vous ? On associe souvent L2 au terme faible…

Alors je ne suis clairement pas d’accord. Avant d’être sur les pelouses de Ligue 2, en la regardant, j’avais cet apriori. Mais maintenant, je suis plus dedans, je n’ai pas cet avis. La Ligue 2 est l’un des meilleurs championnats de 2e division d’Europe. Même pour regarder un peu la 2e Bundesliga, la Championship, la Ligue 2 a un très bon niveau. Il y a beaucoup de joueurs de niveau L1. Je peux en citer déjà 10 sur la pelouse de ce Lens-Auxerre. C’est clairement l’antichambre de la Ligue 1. Quand on regarde, beaucoup de joueurs se révèlent.

Dumont_BeinsportsEst-ce un privilège d’assister à la naissance de la carrière de joueurs que l’on retrouvera dans 3-4 ans à l’étage du dessus ?

Cela a un côté sympa. Quand tout le monde va découvrir un joueur. Se dire qu’on l’a observé en Ligue 2, qu’on l’a vu galérer, progresser, cela a un côté sympa. Tu as suivi l’ascension du joueur. C’est un peu comme un recruteur. Même voir l’évolution, le voir s’étoffer.

Revenons sur ce championnat finalement pas si faible que cela. Comment expliquer son homogénéité ?

Le niveau est très homogène cette saison. Même Nancy a été battu par Nîmes 4-3, un match d’anthologie. L’impression que tout le monde peut battre tout le monde. Certains sont au-dessus sur 38 journées. Tu peux l’expliquer d’une manière rationnelle. Beaucoup de clubs sont d’anciens gaillards de L1 et ont rehaussé le niveau. Car tous les joueurs se dispersent. Le niveau s’est surélevé grâce à ces entités.

Les joueurs de Ligue 2 sont-ils plus accessibles que ceux de L1 ?

Oui, clairement. Ils sont beaucoup plus abordables, plus détendus aussi. Ils sont très sympas. Mais c’est normal entre guillemets. Il y a moins d’exposition, moins de pression. Néanmoins, tu peux rentrer plus facilement dans un vestiaire. Mais c’est bien, aussi, d’avoir un petit challenge d’interviewer untel en Ligue 1, voir un président, et puis aller voir des mecs plus disponibles. C’est bien d’avoir les 2.

On va se pencher sur vos révélations de la saison en Ligue 2. Au niveau des entraîneurs ?

Clairement Olivier Dall’Oglio qui effectue un énorme travail depuis 3-4 ans avec Dijon. Cela se concrétise avec une montée à la clé. Franchement, c’est super et puis Dijon produit du jeu, joue en avant. Sur une pelouse très compliquée (rire). J’aime bien cette philosophie de jeu.

Corinne Diacre également ?

J’allais en parler, oui. C’est une révélation aux yeux du grand public. Aux yeux des connaisseurs, et ceux qui pratiquent le football féminin, c’est une confirmation. On connait ses qualités. J’en parlais encore avec une amie, la latérale de l’équipe de France, Jessica Houara, qui l’a eu comme coach et qui ne m’en disait que du bien. Elle non plus n’avait aucun doute sur son ascension. Après, c’est délicat de s’imposer dans un monde de mec. On ne peut que lui tirer qu’un grand coup de chapeau avec son équipe, ses moyens actuels et le contexte, c’est fort. Je ne lui souhaite qu’une montée.

La retrouver parmi l’élite, vous y pensez donc ?

Cela serait génial. On parlait des rapports privilégiés avec les acteurs de Ligue 2. Pour le coup, ça aidera forcément après, car nous avons vécu des matchs ensemble. Cela sera un plaisir de la retrouver en L1.

Au niveau des joueurs ?

J’adore Frédéric Sammaritano à Dijon. Il n’a pas la carrière qu’il mérite. C’est un super joueur. C’est, à mon sens, le Valbuena de la Ligue 2. Nous n’en parlons pas assez.

Terminons par les équipes ?

Bourg-en-Bresse. C’est beau ce que les Burgiens réalisent pour leur première en L2. Monter comme ça.

Et puis ce n’est pas loin de Lyon…

(Sourire) Voilà, c’est la Région. Rhône-Alpes en force (rire). Nous avons une superbe région de football. Cette équipe m’impressionne.

« Nîmes, c’est extraordinaire »

Quel est votre coup de cœur de la saison ? Sur une journée, un match, un événement…

Le Nancy-Nîmes (3-4) était extraordinaire. On parlait des révélations. Nîmes, c’est extraordinaire. Les Crocos partent avec -8 points. On les annonçait mort en janvier. Ils ont effectué une remontée extra. En plus, à côté de ça, la communication est très sympathique. Un petit coup de cœur pour Nîmes. Si on veut voir du beau football, il faut regarder les Gardois.

Parlons maintien. Voir Sochaux, Evian, Valenciennes, des anciens de Ligue 1 à la lutte pour ne pas descendre en National, cela vous inquiète ?

Bien entendu. Quand tu vois ces clubs-là, tu as un choc. Celui qui ne suit pas la L2 et qui regarde, il se demande comment on a pu en arriver là. A Valenciennes, il y a peut-être eu l’effet du stade. C’est compliqué quand tu es dans une spirale négative. A Evian, l’effectif ne fait pas tout. Le contexte est très important. A l’image de Lens. Ici, c’était très difficile en début de saison. Je pense que le contexte fait ça. Cela pèse sur les joueurs. J’ai vécu cela avec Issy-les-Moulineaux lorsqu’on jouait le maintien. Dans un vestiaire, c’est important. Le joueur est un humain. Inconsciemment, cela joue un rôle. Tu as cette boule au ventre de te demander comme cela va se passer. Cela fait partie des choses.

Votre trio pour la montée et la descente ?

Alors Dijon, Nancy, c’est sûr. Objectivement, je pense que Le Havre va monter. Côté cœur, j’espère voir Clermont. Au niveau de la descente, le Paris FC, Créteil et j’ai peur pour Sochaux. J’espère me tromper. Cela serait une catastrophe pour tous les amoureux du football. Un peu comme Hambourg en Allemagne. La bataille sera rude jusqu’à la fin de saison.

Qu’est-ce que vous attendez de ce sprint final ?

J’espère que les joueurs vont se lâcher un peu plus. Les beaux jours arrivent, on veut voir des buts, du spectacle. J’espère que les spectateurs viendront garnir les travées. Parfois, c’est triste. La France n’est pas un pays de football, mais bon… Tu vas en Allemagnes en D2, les stades sont pleins. J’aimerais voir les supporters venir mettre de l’ambiance, des couleurs.

L’année prochaine, on vous revoit en Ligue 2 ?

Nous n’avons pas encore notre dispositif, mais ce sera avec plaisir de couvrir la Ligue 2 ! Personnellement, c’est le plaisir du jeu, pas des strass et des paillettes. Tu n’as pas la même adrénaline sur un match de Ligue des Champions que sur la Ligue 2. C’est bien de faire un peu de tout. Si je peux continuer comme ça, c’est top.

Laurent Mazure, à Lens

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