« On se quitte bons copains, gagnant-gagnant ? » C’est un peu ce que traduit le sauvetage inespéré du RC Lens en Ligue 2.
Promis au National après son passage le 10 juin dernier devant la DNCG, le Racing sort de l’enfer. Déjouant au passage tous les pronostics. Mais comment le RCL a-t-il pu échapper au purgatoire d’une descente cataclysmique en National ?
Résumer l’incroyable saga Sang et Or deviendrait vite rébarbatif. Depuis un an, Gervais Martel se trouve dans une situation ubuesque. Faire vivre un club qui ne reçoit plus un rond de son actionnaire majoritaire Hafiz Mammadov. L’homme d’affaires azerbaïdjanais détient 99,99% de RCL Holding contre 0,01 au président historique lensois. Mais ce dernier, avec 40% des votes au sein du conseil d’administration, bénéficie d’une minorité de blocage. En bref, les statuts verrouillent le tout et empêchent toute séparation entre “Hafka” et son associé. Le premier ne peut virer le second et inversement.
Hafiz Mammadov ne donne que trop rarement signe de vie pour connaître sa véritable position envers le Racing. Cependant, on le sait endetté, en proie à d’énormes difficultés financières dans son pays, mais aussi beaucoup moins proche de Gervais Martel que par le passé… De son côté, le président lensois se démène pour trouver une porte de sortie en préservant les intérêts du club.
Les 4-5 M€ trouvés !
Dernièrement et après la menace concrète d’une rétrogradation en National par le gendarme financier du football français, les politiques ont commencé à dénoncer l’entêtement de Gervais Martel. “Il détient la clé”, affirmait Dominique Bailly, sénateur-maire d’Orchies, à France 3. Président de la Région, Daniel Percheron attendait le verdict de la DNCG avec inquiétude. “Gervais est viscéralement attaché au Racing. Il ne veut pas le quitter. Quelque part, il faudra toujours s’en souvenir quand les décisions tomberont“, confiait-il à la Voix du Nord le 13 juin dernier. Une façon de mettre toute la responsabilité sur les épaules du patron artésien ? Une façon aussi de mettre en avant un plan bis.
“Si la holding n’est pas capable de pouvoir porter le projet de la prochaine saison, elle doit déposer le bilan, déclarait Dominique Bailly à France 3. Derrière, il y a une nouvelle structure qui vient et qui remplace la holding dans le capital de la SASP. Et on se met sur un projet qui est validé par la DNCG pour la saison prochaine en Ligue 2.” Un plan B avec comme ticket Bailly-Percheron, plusieurs personnalités mais surtout “un important investisseur français même, qui est prêt à s’inscrire aussi dans une logique d’actionnariat populaire, avec aussi des entreprises locales.“ Sauf que le sénateur le déplorait : “Gervais Martel ne souhaite pas entendre parler d’autres repreneurs.“
Un plan caché ?
Et si ce plan a finalement été présenté à la DNCG ce mardi matin par Daniel Percheron, accompagné de Gervais Martel ? Le premier précise que “les 4 à 5 M€ qui manquaient ont été trouvés.” Là où Dominique Bailly évoquait “10 M€” à trouver… Certes, la masse salariale a sûrement été revue à la baisse, mais de là à économiser 6 M€ ? Les indemnités perçues sur les transactions de Geoffrey Kondogbia, Gaël Kakuta et Serge Aurier, formés au club, ont été suffisantes. De quoi convaincre la DNCG de lever l’interdiction totale de recrutement et le maintien en Ligue 2 ? Gervais Martel a donc dégoté l’argent manquant, mais pourquoi se faire accompagner du président de la Région ? “Cela s’est déterminé hier soir (lundi) à 20h ou 21h. Gervais m’a dit que la DNCG lui avait suggéré de ne pas être seul, d’être accompagné”, explique à la Voix du Nord celui qui achèvera son mandat en janvier prochain. Sur un coup de tête.
Dans le cas où, effectivement, Gervais Martel a réussi à joindre les deux bouts. RCL Holding ne bouge pas. Hafiz Mammadov ne saute pas. Rien ne change, si ce n’est un sursis d’un an. Un sursis le temps de trouver la perle rare. En revanche, la probabilité de voir un deal gagnant-gagnant entre Gervais Martel et Daniel Percheron demeure bien réelle. Une porte de sortie sous les honneurs offerte par le numéro un de la Région à l’emblématique boss Sang et Or ? Et la mise en place du fameux plan de secours. L’AFP confirme que « l’élu a présenté un projet de reprise avancé avec certains politiques locaux permettant de pallier d’éventuelles défaillances futures. » Un projet qui verrait Daniel Percheron et Dominique Bailly prendre le relais, avec ce fameux investisseur et ses entreprises locales. Ces dernières ne souhaitaient pas d’Hafiz Mammadov et de Gervais Martel à leurs côtés. Ou comment donner une note plus heureuse à cette sombre saga…