Steven Fortes a su gagner sa place au Havre, qu’il a rejoint l’été dernier en provenance d’Arles-Avignon. Encore en amateurs il y a 3 ans, le défenseur de 23 ans est même devenu international Cap-Verdien en mars dernier. Entretien avant le match contre Brest en clôture de la 32e journée de Ligue 2.
MaLigue2 : Le Havre est actuellement en milieu de tableau et n’a plus grand chose à jouer. Y’a-t-il un risque de finir la saison en roue libre ?
Steven Fortes : C’est important pour le club de finir le plus haut possible. Je ne peux pas vous dire à quelle place on peut terminer, mais on se doit de rester professionnels. On ne doit surtout pas se laisser porter par ce manque d’enjeux.
D’autant que vous allez avoir un peu un rôle d’arbitre pour la montée avec ce match contre Brest (5e) puis un déplacement à Sochaux (6e)…
On ne va rien calculer. On sait qu’on va affronter deux équipes du haut de tableau, mais l’objectif est d’obtenir le meilleur résultat possible. Peu importe qu’il s’agisse des premiers ou des derniers. Les coachs analysent l’adversaire, nous briefent grâce à la vidéo et c’est à nous de mettre les choses en place pour répondre aux attentes des entraîneurs et faire un résultat.
La fin de saison approche, quel bilan, un peu anticipé, tirez-vous de cette première saison au Havre ?
Le bilan est plutôt positif. Je me suis bien intégré au sein du club grâce à mes coéquipiers et au staff. Je n’arrivais pas dans la peau d’un titulaire, mais sur la pointe des pieds. J’ai eu quelques pépins physique en début de saison, et je n’avais pas trop la confiance d’Eric Mombaerts. Cela se passe mieux avec Thierry Goudet, c’est important pour moi de sentir la confiance du staff. J’ai joué 22 matchs, je me rapproche de mon total de la saison dernière avec Arles-Avignon (26 matchs). Mon objectif est de jouer toutes les dernières rencontres et de dépasser mon temps de jeu de l’année passée.
Vous jouiez encore en DH il y a deux saisons, et vous êtes désormais international Cap-Verdien depuis votre première convocation contre le Portugal (2-0) le 31 mars dernier. Une trajectoire fulgurante !
J’ai été surpris d’être appelé si tôt, c’est vrai. J’étais à peine en train de faire les papiers pour rejoindre la sélection du Cap-Vert. Donc surpris, dans un premier temps et surtout très fier. Pouvoir représenter mon pays, avec en plus une victoire historique contre les Portugais… Je ne tire que du positif de cette première sélection !
Ce nouveau statut d’international peut-il vous ouvrir des portes plus haut, à l’image de l’ancien havrais Ryan Mendes avant vous ?
On en a parlé, mais après c’est chacun son chemin. Ryan a réussi à rejoindre une écurie de Ligue 1, même si ça ne se passe pas idéalement avec Lille. Moi aussi je vise la L1, mais pas forcément dès l’année prochaine. Je pense que c’est logique pour tout footballeur de viser une première division, dans n’importe quel championnat, pas uniquement en France. Mais ça se passe très très bien avec Le Havre, alors je ne me vois pas bouger pour le moment, car j’ai encore deux années de contrat.
Issam Chebake, Steven Fortes, deux profils un peu similaires, débarqués du monde amateur récemment et à qui Le Havre a fait confiance.
C’est vrai… Il y a seulement trois ans j’étais encore en DHR et il y a deux ans en DH avec la réserve d’Arles. Le Havre ne cherche pas à recruter uniquement des joueurs issus de centres de formation, mais aussi des gars sorti de « nulle part » comme moi. J’ai eu une chance énorme. J’en suis conscient et c’est ce qui fait ma force, car je travaille deux fois plus. Les jeunes des centres sont en quelque sorte « prédestinés » à devenir pros, même si tous ne percent pas. Moi, vers 18-19 ans, je n’avais toujours pas été repéré pour intégrer un centre de formation, je me disais que ça allait être de plus en plus dur d’être pro. Mais je n’ai jamais abandonné. D’ailleurs, j’ai envie de dire aux jeunes amateurs de ne rien lâcher, de toujours s’accrocher à leur rêve de devenir professionnel. On voit que l’acharnement paye. Je ne pensais pas que ça irait si vite pour moi !
Propos recueillis par Dorian Waymel
Crédit photos : Mégane Fréchon