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Nicolas Vilas « Le National offre des profils rares »

Avec la parenthèse Coupe de France, nous vous proposons d’ores et déjà de parler des prochains clubs qui pourraient évoluer en Ligue 2 la saison prochaine, à la lutte actuellement dans un championnat de National très serré. Nous avons donc questionné Nicolas Vilas, journaliste football qui suit assidument les matchs du National puisqu’il les commente pour Ma Chaîne Sport, diffuseur exclusif. Avis de spécialiste, donc…

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La Meinau, 22ème affluence moyenne en France l’année passée… Crédit photo : RCStrasbourg

MaLigue2 : Cela fait un an que MaChaîneSport diffuse le National. Comment qualifierez-vous ce championnat, pour les non-initiés ?

Nicolas Vilas : Le National – organisé et géré par la FFF – est un championnat particulier. Il est à cheval entre le monde professionnel et le monde amateur. Ce qui en fait une ligue très hétérogène (avec beaucoup de profils de joueurs et d’entraîneurs différents) et donc très intéressante sportivement. Sur le plan économique, c’est plus complexe. Les sources de recettes sont bien plus limitées que les compétitions de la LFP mais son rayonnement et son fonctionnement est tout aussi important : il est national.

Comme en Ligue 2, on retrouve des clubs historiques du foot français (Strasbourg, Dunkerque) mais aussi des nouveaux (Avranches, Chambly, Le Poiré sur Vie, Marseille Consolat…). Sans tomber dans le cliché, peut-on dire que ces clubs donnent une saveur particulière à la compétition ?

Une saveur qui a parfois un goût amer, alors. Luzenac était LA belle histoire du National en 2013-2014 et on connait la (sa) fin… Un championnat, quel qu’il soit, ce n’est pas la Coupe de France. Ce qui lui donne de l’intérêt, c’est sa compétitivité, son niveau, ses duels, ses joueurs et, fatalement, ses clubs. Si c’est une anomalie, compte tenu de son histoire et de son parcours – même récent – et surtout pour ses supporters de voir Strasbourg en National, c’est une aubaine pour cette compétition, pour le diffuseur qu’est MCS, et pour la FFF. L’intérêt se mesure aussi et forcément par celui que lui porte le public. Pas simple pour des clubs implantés dans des bassins de population limités ou avec une histoire récente, de drainer les passions… C’est toujours plus agréable de jouer et de regarder un match dans un stade plein.

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Ma Chaîne Sport a lancé un blog sur le National

Le fait que le National se dispute actuellement à 18 clubs le rend-il plus intéressant ?

Mathématiquement, ça le rend plus compétitif. Il y a relativement peu d’équipes qui ne sont pas concernées par un changement, en fin de saison : que ce soit une montée (trois clubs) ou une relégation (quatre clubs). Tous ont donc quelque-chose à jouer. De plus, en n’étant « que » 18 depuis deux ans, les clubs limitent les déplacements et donc les dépenses.

Les deux clubs de Ligue 2 descendus (CA Bastia, Istres) sont mal en point au tiers du championnat. Un peu comme une Ligue 1 qui met du temps à s’acclimater à la Ligue 2, il faut du temps pour s’adapter au « style National » ?

Ce profil un peu « bâtard », semi-pro, n’est pas toujours simple à appréhender. Il y a peut-être aussi une question de motivation. Pas facile pour un joueur pro, habitué à une réalité, dont le salaire et les objectifs ont parfois été amputés, de repartir de plus bas, d’être moins médiatisé ; donc moins visible, même si MCS s’efforce d’en faire un réel produit d’appel et valorisé, comme l’était la Liga portugaise. L’espérance de vie d’un club en National demeure limitée (2,84 saisons). Encore une fois, le modèle économique n’est pas toujours supportable et viable.

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Olivier Frapolli, un coach formé au National. Crédit photo : Julien Péron

A l’inverse, les clubs de National qui accèdent à la L2 ont tendance à se comporter de belle manière et enchaîner avec une seconde montée consécutive. Ça ne devrait pas être la cas cette année, toutefois, que pensez-vous du comportement du Gazélec et d’Orléans que vous avez suivi la saison dernière ?

Ce sont deux clubs différents emmenés par deux entraîneurs différents  au parcours différents. Orléans était éloigné du monde pro depuis de nombreuses années. Ils ont su anticiper leur retour avec intelligence et mesure. Olivier Frapolli connaît suffisamment bien le National et la Ligue 2 pour savoir ce qui l’attend. Au Gaz, Thierry Laurey réalise un autre miracle qui, d’une certaine façon, est celui du foot corse. Avec peu de moyens, sans de grandes infrastructures et un staff limité, il ramené le club en L2. On est heureux de les voir en L2 et on leur souhaite beaucoup de réussite, en ayant toujours à l’esprit la situation des joueurs et des salariés de Luzenac qui, pour beaucoup, cherchent encore un boulot…

Après 14 journées, 11 clubs semblent encore en lice pour la montée. S’il fallait en sortir 3, ce seraient lesquels ?

Très difficile à dire. Les choses évoluent énormément en peu de temps. Le Bourg Péronnas d’Hervé della Maggiore traduit cette réalité. En difficulté, en début de saison, il est maintenant tout en haut du classement. Le PFC a une équipe très solide, son voisin du Red Star est ambitieux dans ses objectifs, son discours et dans son jeu ; Colmar, avec un groupe réduit mais minutieusement choisi et savamment orchestré par Damien Ott est à l’affût, le Strasbourg de Jacky Duguépéroux est poussé par son public pour rejoindre l’élite au plus vite… Ajoutez à cela des promus décomplexés comme Avranches et Chambly, des historiques comme Boulogne, Dunkerque ou Amiens qui sont à l’affût et vous avez un championnat bien serré.

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Nicolas Dieuze, toujours à Luzenac…

On a découvert en Ligue 2 une nouvelle génération de coachs (Jean-Luc Vasseur, Jean-Luc Vannuchi, Olivier Frapolli) en provenance du National. Quels sont ceux d’aujourd’hui que vous voyez réussir à l’étage supérieur ?

Ce qu’il y a de rafraichissant dans le National, c’est que vous y trouvez des profils rares dans le monde professionnel. Des joueurs recalés par des centres de formation ou qui ne les ont carrément jamais fréquentés. Mais qui peuvent parfois exploser grâce à ce championnat. Ribéry ou Valbuena en sont des exemples. Même constat pour les entraîneurs. En France, difficile de trouver des coaches au haut niveau qui n’ont pas eu une carrière de joueur pro. Damien Ott (Colmar), Hervé della Maggiore (Bourg Péronnas), Bruno Luzi (Chambly), Le Mignan (Boulogne) sont presque d’un autre monde. Ils réalisent des choses dingues avec peu de moyens. Ils ont lâché leur carrière « dans le civil » pour se dédier pleinement à leur boulot d’entraîneur. C’est aussi le cas de Stéphane Rossi au CA Bastia. Leur parcours propose une autre approche du jeu parfois, des rapports humains, surtout. Plus que la confrontation c’est leur cohabitation avec des Duguépéroux, Taine, Robert, Michel qu’on connait souvent mieux qui devient d’autant plus intéressante.

Pour conclure, le triste épisode Luzenac de cet été fait-il encore des remous en National ? Des clubs comme Avranches ou Chambly, qui jouent le haut de tableau, s’inquiètent-ils déjà de la saison prochaine s’ils venaient à réaliser un superbe parcours et une accession en fin de saison ?

Derrière ce triste feuilleton se pose la question des rapports entre la Ligue et la Fédération. Le passage dans le monde professionnel a des exigences en termes d’infrastructures et de budget qui sont difficilement supportables pour bon nombre de clubs. Il y a deux ans, le CA Bastia avait été « sauvé » par son voisin du Sporting qui possédait un stade aux normes LFP mais si tel n’avait pas été le cas, on aurait surement connu un autre cas Luzenac, avant celui des Ariégeois. Le « gap » entre le CFA et le National est déjà important mais celui entre le National et la Ligue 2 l’est plus encore…

Retrouvez Nicolas Vilas sur Twitter et, si vous ne savez pas quoi offrir pour Noël, pensez à son livre « Dieu Football Club » (Editions Hugo Sport) !

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