Dans trois semaines, c’est la reprise de la compétition en Ligue 2 ! Comment se préparent actuellement les joueurs pour être prêts début août ? Eléments de réponse avec Pierre Bazin, préparateur physique du Tours FC, qui détaille son travail au quotidien auprès du groupe professionnel.
MaLigue2 : Nous avions évoqué la préparation physique du joueur pendant ses vacances avec Julien Redon. Ils avaient tous un programme personnalisé à respecter avant la reprise en groupe ?
Il y avait deux sortes de programmes : un collectif valable pour tout le monde ; un individualisé sur certains profils et joueurs qui revenaient de blessures ou avaient eu un temps de jeu différent. Celui qui ne posait aucun problème avait un travail à faire pendant les vacances, notamment sur les trois dernières semaines. Le joueur qui a moins joué ou revenait de blessure avait un travail à faire quasiment toutes les vacances.
Tout le monde a été studieux pendant ses vacances ?
Plus ou moins, mais rien de problématique. On a toujours quelques éléments qui ne font pas l’intégralité du plan, maintenant dans l’investissement sur les tests, ils y étaient tous. Aujourd’hui on a des outils qui nous permettent de vérifier si le joueur est bien à fond sur un test d’effort maximal.
Comment procédez-vous le jour de la reprise en groupe ?
Les trois premiers jours sont destinés aux tests. Le plan collectif d’entretien pendant les vacances tient compte de ça, le joueur doit arriver physiquement prêt pour pouvoir faire les tests sans que cela ne pose de problèmes.
Ces tests vous servent pour développer tous vos programmes d’exercice durant la saison ?
Il y a une partie de tests médicaux et une autre plus axée sur la préparation physique. Effectivement, ça nous permet d’avoir une « carte d’identité » musculaire et cardiovasculaire.
Et comment se déroule cette période de 6 semaines avant la reprise de compétition ?
La première semaine est consacrée aux tests d’efforts et au travail de capacités, d’aérobie. On évite tout ce qui va être traumatisant, pas de sauts, on évite tout le travail excentrique en salle de musculation… On est vraiment dans une semaine où on remet la machine en route.
La deuxième semaine est souvent très chargée en terme de volume, avec peu d’intensité mais un gros volume dans le travail athlétique et aussi le nombre de séances. On commence à placer un peu d’appuis, un peu d’excentrique, sachant que c’est vraiment progressif. En troisième semaine, on descend en volume mais on commence à mettre de l’intensité.
Là, arrivent souvent les matchs amicaux et l’intensité va augmenter crescendo jusqu’à la dernière semaine où on va chercher à optimiser. Dans la semaine qui précède le début du championnat, on est sur un travail d’optimisation plus individuel : ceux qui ont moins joué ou ont été blessé durant les matchs amicaux en font un petit peu plus que les autres à travers un travail plus individualisé et plus chargé. Pour les joueurs qui ont le plus joué, on se retrouve souvent avec une semaine assez légère en charge de travail. On est dans une période d’affutage, on affine en fonction de ce qui a été fait sur les autres semaines.
Ce n’est pas la période préférée des joueurs : beaucoup de courses, pas beaucoup de ballons… Vous cherchez à intégrer l’aspect ludique dans les exercices de préparation physique ?
Dans tout le travail que l’on fait pendant la période de préparation, on va se retrouver dès que possible à intégrer le travail physique avec du ballon ou sous une forme un peu plus ludique. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’on est obligé d’avoir un contrôle très rigoureux de ce que l’on fait à cette période-là et sur certaines séances on est obligé de passer par de la course avec un contrôle strict, des temps de passage, pour garder le contrôle de ce que l’on fait. Dans le côté préparation physique intégrant le ballon, on perd quand même en qualité, et en contrôle. Dès qu’on peut le faire et que ça ne pose pas de problème, on le fait. Si il y a besoin de faire un travail très rigoureux, dans ces cas-là effectivement on prend un peu de distance avec le ballon. Dans l’ensemble, ça se passe très bien : quand vous expliquez les choses et que vous êtes à l’écoute, les gars le font sans problèmes.
Votre préparation est prévue afin d’obtenir un pic de forme particulier durant la saison ?
Pour les équipes de Ligue 2, on n’est plus dans des calculs de pics de forme. Aujourd’hui, on fait une préparation physique qui est moins lourde en début de saison, pour la simple raison que si vous passez le 1er tour de coupe de la Ligue, vous avez au mois d’août sept matchs d’affilée. Une préparation lourde entraînera une période très compliquée au mois d’août, difficile à digérer alors qu’il faut plutôt être en forme à cette période-là. La stratégie est plutôt de faire une préparation moins lourde et plus dynamique en faisant des rappels dans la saison, sur les trêves internationales notamment.
C‘est le vrai avantage de la Ligue 2 ?
La Ligue 1 présente d’autres avantages. C’est une stratégie que l’on a pris avec le staff et qui me paraît être la plus judicieuse. Ce serait suicidaire de faire une préparation physique très lourde avec un mois d’août chargé comme il l’est.
Enfin, votre rôle ne se limite pas à l’aspect physique. Il existe un temps hors des séances d’entraînement où vous donnez des conseils, discutez avec les joueurs de tel ou tel exercice ?
L’approche est de bien comprendre le joueur pour l’amener où on a envie. Le chemin n’est pas forcément le même sur chacun des joueurs, mais la finalité l’est. C’est essayer de comprendre comment fonctionne le gars, de manière à pouvoir peut-être lui proposer une approche un petit peu différente dans le travail individuel. Je pars du principe que j’explique beaucoup aux joueurs ce que l’on fait et pourquoi on le fait, de manière simple pour que le joueur s’investisse et ne subisse pas. Les joueurs comprennent la stratégie et savent ainsi pourquoi il le font, ils sont maîtres de leur projet. Il y a beaucoup de dialogue, à partir du moment où vous savez ce que vous faîtes, il y a une crédibilité qui se met en place. Le pire serait qu’un joueur pose une question sur un exercice ou un mode de travail et qu’on ne soit pas capable de l’expliquer.
On a un rôle un peu compliqué parce qu’on leur fait faire tout ce qu’il n’aiment pas, maintenant si vous les prenez bien et si vous leur expliquez bien les choses il n’y a pas de raisons qu’ils ne le fassent pas. Quand vous maîtrisez votre travail, leur expliquer ce que ça va donner après et notamment en termes de charge de travail, de courbatures, ça donne forcément de la crédibilité.
Crédit photos : ToursFC
C bien j ai toujours dit m'en en qualite d amateur c est cela qui fait la différence