En allumant le poste de radio ce matin, on peut entre autre entendre que l’Éducation Nationale souhaite instaurer un nouveau barème de notation pour améliorer l’orthographe. En ouvrant son journal, à chaque page football, on tombe sur une flopée de notes attribués à des individus, suite à leurs matchs de la veille. Cette grande habitude, que ce soit sur papier ou internet, de coucher un ensemble de notes à l’attention du lecteur et notamment celui qui n’a pas vu le match afin qu’il puisse se faire une idée du niveau de jeu de chaque joueur, individuellement, MaLigue2 se refuse à l’appliquer. En voici les raisons:
– le football est un sport collectif : la prestation individuelle du joueur n’est pas à proprement parler ce qui va conditionner le jeu d’ensemble de son équipe. Un joueur peut surnager dans un collectif, ce qui n’empêchera pas son équipe de sombrer si les autres ne sont pas au niveau sur la rencontre, encore plus s’il ne met pas au service de l’équipe sa prestation individuelle.
– comment donner une notation juste et équitable : chaque journaliste ou rédacteur à sa propre vision du match, du joueur et surtout son barème de notation. Lorsque l’un met un 4,5 pour juger d’un match médiocre, l’autre peut descendre jusqu’à 3. Autre cas : un attaquant qui ne touche pas un ballon du match, joue à contresens toute la rencontre, manque ses contrôles mais finit, presque par miracle, à offrir la victoire d’un but à l’arraché dans les ultimes secondes, quelle note mérite-t-il ? Celle de sa prestation d’ensemble de mauvaise facture ou, au final, comme il s’est retrouvé presque par hasard au bon endroit au bon moment, sa note mérite-t-elle d’un coup de dépasser la moyenne ? Nous nageons là dans l’interprétation totale, ce que la plupart des observateurs reprochent systématiquement à l’arbitrage…
– le joueur n’a pas besoin d’être évalué par un chiffre : lorsqu’ils répondent à nos interviews, les joueurs sont très généralement parfaitement lucides quand à la nature de leur prestation, quelle soit sur le dernier match joué où l’ensemble de la saison. Exemple parlant avec Pascal Bérenguer le mois dernier. Le joueur sait s’il a été mauvais, et encore plus quand il est bon. Certes, une jolie note dans un compte-rendu va certainement flatter quelque peu l’égo, mais pour en être d’autant plus consterné la rencontre d’après lorsqu’il verra un chiffre peu flatteur posé à côté de son nom.
– l’écriture peut tout à fait permettre de mettre en avant la prestation individuelle : il n’est pas rare d’avoir un ou plusieurs joueurs à ressortir dans des compte-rendus de matchs. Il faut savoir se mouiller en terme de rédaction, plutôt que de coller une simple note négative à un des acteurs, il est toujours plus agréable de disserter sur le sujet sans oublier d’apporter un peu de second degré pour dédramatiser la chose. A titre d’exemple, la prestation de l’attaquant brestois Ayité face à Lens méritait mieux qu’un simple 2…
– le football est un spectacle : enfin, il est toujours utile de rappeler, comme nous le disait récemment Jean-Marc Furlan, que ce sport est un spectacle. Qui peut être bon, mauvais, ennuyant, excitant…bref, tout ce que la Ligue 2 nous propose chaque semaine. Mais qu’il ne viendrait pas à grand monde l’idée de mettre une note à la fin d’un concert, d’une pièce de théâtre ou autre spectacle.
MaLigue2 reste attachée à ses principes rédactionnels et préfère donc à la notation incisive ou câline du rédacteur la plume légère et arrogante dont le résultat sera au moins tout aussi acéré, mais toujours explicite.
Très bien dit, totalement d'accord :-)