Ancien directeur général du LOSC dans les années 2000, puis directeur général adjoint du RC Lens entre 2013 et 2015, Xavier Thuilot était l’invité de nos confrères de France 3 Nord-Pas-de-Calais et de France Bleu Nord dans l’émission hebdomadaire Tribune Nord. Ce lundi soir, il a notamment évoqué assez longuement l’évolution du modèle économique des clubs de football. Modèle que l’on peut retrouver chez plusieurs entités de Ligue 2 avec l’arrivée d’investisseurs particuliers.
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« Vers la fin des années 1990, nous sommes repartis dans un modèle qui correspondait aux entrepreneurs régionaux, voire nationaux quand on était dans de grands clubs. Aujourd’hui, et après les banques, il y a une accélération avec un phénomène nouveau. Les banques, à leurs frais, venaient à la demande non-officielles des collectivités et des entrepreneurs en détresse qui avaient repris les clubs pour ne pas que le territoire pâtisse de la mort d’un club. Depuis quelque temps, nous voyons arriver de nouveaux acteurs attirés par des modèles économiques à construire mais alléchants, avec de hauts niveaux de risques. Nous sommes en train de passer dans une financiarisation du sport et du football. L’accumulation de l’explosion des ventes de joueurs additionnée à l’explosion des droits TV sur la planète fait que des gens qui ont de l’argent à placer, se disent que le football peut être un bon rendement.
Nous avons une vision de cette économie du football liée au rendement. Néanmoins, le football reste une activité liée à l’humain. Quand on rentre cela dans un tableau Excel avec un rendement linéaire sur 5-7 ans, on peut s’interroger. Pourquoi 5-7 ans ? Car en 5-7 ans, il faut multiplier l’investissement par 2. C’est le principe standard d’un fond d’investissements. Quand ça ne marche pas, c’est assez simple. Une entreprise industrielle peut être délocalisée dans un marché davantage porteur ou avec des coûts de production moindre. Dans le football, c’est plus compliqué. Cela pose la question de la sortie de cet investissement car il n’y a aucun fond, au monde, qui fait du mécénat.
Le modèle économique du football est toujours sauvage. Il s’agit d’une économique très libérale. Cette arrivée d’investisseurs de tout bord, de toute horizon se fait aussi car le football n’a pas réussi à développer un modèle économique stable. Aujourd’hui, nous sommes à la merci de gens qui font des montages financiers. Ces modèles s’apparentent à des reprises de société en faillite. »