En fin de semaine dernière, la Ligue de Football Professionnel a décidé de faire cavalier seul et d’imposer 2 montées et 3 descentes au championnat de France de Ligue 2. Plus que la forme de cette réforme, c’est la manière méprisante dans laquelle elle a été conduite qui débouche ce matin sur une réunion des présidents des clubs de Ligue 2.
Moins d’un mois avant la reprise du championnat, le Conseil d’Administration de la Ligue a validé son projet de 2 montées et 3 descentes pour le championnat de Ligue 2. Pourtant initialement repoussé à la saison 2016/2017, en adéquation avec la réforme du championnat du National, le CA est passé en force.
Les décisions ahurissantes de la LFP alimentent une nouvelle fois la fracture entre « l’élite » du football et son antichambre. Un grand frère qui, égoïstement, ne pense qu’à lui et ne s’aperçoit pas des blessures de son cadet. Dans un Conseil d’Administration composé de deux présidents de Ligue 2, Jean-Pierre Louvel et Claude Michy, le vote n’a pas semblé des plus équitables. Saïd Chabane, boss du SCO Angers, n’a pas manqué de servir ses propres intérêts en oubliant son récent passé et sa dernière troisième place lors de l’édition 2014/2015. Il ne faut pas remonter si loin pour voir que d’autres ont également retourné leur veste dans un intérêt personnel : Saint-Etienne, Lille, Caen, et autres anciens pensionnaires de ce championnat.
Romain Hamouma et Sofiane Boufal tirent-ils vraiment la Ligue 1 vers le bas ?
Des intérêts que le patron des Verts Bernard Caïazzo justifie par un manque de compétitive : « On est tirés vers le bas par la Ligue 2 ». Autrement dit, c’est un fardeau que traîne la Ligue 1. Étonnante remarque, pour ceux qui auront vu évoluer Benjamin Corgnet ou encore Romain Hamouma sous le maillot stéphanois, sans conteste les joueurs de football les plus plaisants de cet effectif. Si Sofiane Boufal a tiré Lille vers le bas lors de cette seconde partie de saison, c’est le bas de la pelouse, endroit où il fut le seul capable de faire un peu vibrer ses supporters… Certains présidents de clubs de Ligue 1 oublient vite les belles trouvailles qu’ils font régulièrement en Ligue 2, nous ne nous amuserons pas à dresser une liste de noms qui serait pléthore, tant chaque club est concerné. Tout comme lorsqu’il s’agit de prêter ou revendre des joueurs qui ne percent pas en équipe première, pour leur offrir du temps de jeu, se soulager d’un salaire à verser et espérer ensuite réaliser une belle opération financière.
Une Ligue 2 qui attire des investisseurs
C’est également dans « ce bas » que les nouveaux investisseurs ambitieux se présentent, exception faite du PSG et de Monaco en Ligue 1, clubs hors normes. Comme au Havre, à Sochaux ou encore dans un degré moindre, Nîmes. D’autres suivront sans doute, là-haut beaucoup espèrent mais ne voient rien arriver… Pendant ce temps, les promus du National se structurent en arrivant dans le monde professionnel, et font d’énormes efforts pour faire figure de bons élèves devant la DNCG, qui n’a rétrogradé aucune formation de Ligue 2 dans les divisions inférieures. Et montent aussi avec un projet structuré et des investisseurs, tel le Paris FC cette année.
Très clairement, la Ligue 1 se protège et réduit le risque de rétrogradation pour maintenir une sorte de monarchie au sein du football français. « On veut nous tuer » déplorent Joël Coué (Niort) et ses homologues, qui comptent ne pas se laisser faire quitte à boycotter la première journée, voire plus. Pierre Ferracci l’expliquait parfaitement hier : « On a la Ligue 1 la plus protégée d’Europe, 20 clubs et 2 descentes vous ne trouverez cela nulle part ailleurs ! Et à l’opposé, vous avec le championnat de National qui est le plus haut niveau amateur, qui est le plus exposé d’Europe, 4 descentes pour 18 clubs. Cherchez l’erreur… On voudrait symboliquement couper ces deux mondes qu’on ne s’y prendrait pas autrement. » Et d’ajouter : « Il y a un devoir d’exemplarité quand on est en tête du peloton, qui consiste à ne pas oublier ceux qui sont derrière. » L’attitude des présidents de Ligue 1 a de quoi laisser perplexe…
Souvent remise en cause par son manque de médiatisation, la Ligue 2 va rassembler ses troupes mais surtout ses forces pour affronter ce qui représente aussi, et peut-être en premier lieu, la perte de l’esprit du sport. Fait de victoires, de défaites, de coups portés et de rudes désillusions. Ce ne sont mêmes pas ces mots qui sont employés par les présidents de Ligue 2 pour évoquer la mesure : « putsch », « scandale », « méthodes brutales », « égoïsme » ou encore « climat malsain » reviennent sur leurs lèvres. C’est dire l’ampleur du problème, et du combat…