Le championnat de France de Ligue 1 semble surfer sur l’excellent début d’été du football français, avec des matchs spectaculaires et des formations qui n’hésitent pas à proposer un jeu ambitieux. Simple fait divers ou syndrome d’une petite révolution ? Aujourd’hui, force est de constater que peu d’équipes de « petite envergure » optent pour un style de jeu très défensif. Un constat à mettre en parallèle avec les coachs qui dirigent ces formations. Issus ou formés en Ligue 2, certains entraîneurs prouvent une fois de plus qu’il est possible d’attirer du monde au stade en proposant un jeu ambitieux malgré des moyens parfois limités…
Olivier Dall’Oglio, du jeu en Ligue 2, du jeu en Ligue 1
En premier lieu, le Dijon FCO qui réalise le meilleur début de saison des équipes à petit budget. Neuf points en quatre rencontres, huit buts marqués, le DFCO est bien parti pour ce troisième exercice consécutif en Ligue 1. A sa tête, un entraîneur qui a fait monter le club de Ligue 2 : Olivier Dall’Oglio. En progressant chaque année depuis 2012, toujours en passant par du jeu. Contrairement aux idées reçues, Dijon est passé de la Ligue 2 à la Ligue 1 par le jeu. Olivier Dall’Oglio n’a pas changé son fusil d’épaule en basculant dans la cour des grands : « On est un peu surpris parce qu’en fait on pratiquait le même jeu en Ligue 2. On m’avait posé la question lorsque nous sommes montés : allez-vous continuer la même politique ? J’avais répondu oui » déclarait le coach dijonnais au printemps dernier.
Bernard Blaquart, le football total depuis la Ligue 2
Autre belle surprise de ce début de saison, le Nîmes Olympique, club historique du football français qui retrouve la Ligue 1. En s’offrant une victoire spectaculaire à Angers puis face à Marseille et en étant pas loin de tenir tête au PSG, les Crocos ont montré une palette de ce qui a fait leur réussite en Ligue 2 sous la houlette de Bernard Blaquart : Monsieur 1,81 point / match en deux saisons et demi sur le banc du NO en Ligue 2 et quelques 130 buts marqués en championnat par ses joueurs. Bernard Blaquart a prouvé à tous ceux qui pensent qu’il n’est pas possible de gagner en jouant bien en Ligue 2 à quel point il s’agit d’une totale hérésie. Le coach qui avait découvert la Ligue 2 avec le Tours FC va désormais faire profiter la Ligue 1 de son football total dont ses adversaires ont découvert de belles facettes en ce début de saison…
Fabien Mercadal, « très proche de Bielsa dans la notion d’intensité »
Fabien Mercadal est un autre néophyte du championnat de France de Ligue 1 cette saison. Auréolé d’une belle saison en Ligue 2 avec le Paris FC l’an dernier après des débuts plus compliqués à Tours, l’entraîneur caennais a obtenu son premier succès à Dijon après quatre journées. Le SM Caen a-t-il choisi Fabien Mercadal pour ses idées de jeu après le long mandat de Patrice Garande ? Possible qu’ils aient été séduits par les discours passionnés d’un coach à qui il arrivait de dormir au centre d’entraînement du Paris FC après une journée de travail de plus de 17 heures ! Le coach regarde, décrypte, analyse sans cesse, cherche la solution, le meilleur style de jeu : « Essayer de comprendre Bielsa, cela m’a pris pas mal de temps. J’ai essayé de regarder beaucoup de matchs, de comprendre sa philosophie. Je suis très proche de ce qu’il fait dans l’idée dans la notion d’intensité » expliquait-il l’an dernier.
David Guion, encore une belle surprise venue de Ligue 2 ?
Un autre entraîneur s’est construit en Ligue 2, en même temps qu’il a permis à son club de progresser et se structurer : Stéphane Moulin avec le SCO Angers. Avec un style de jeu bien à lui, qu’il a peaufiné au fil des années en Ligue 2 pour arriver à obtenir l’accession en Ligue 1. Depuis, le technicien s’est fait une place dans le paysage footballistique français et permet au SCO de rester un club de l’élite depuis plus de trois ans.
David Guion parviendra-t-il à en faire autant et à stabiliser enfin le Stade de Reims en Ligue 1 ? L’entraîneur rémois a tellement dominé le championnat de France de Ligue 2 pour sa première saison que tous les espoirs semblent permis. David Guion n’est pas resté suffisamment longtemps en Ligue 2, mais il a su appliquer ce qui avait fait la réussite de son travail en équipes de jeunes puis en réserve au Stade de Reims. Un parcours brillant pour un manager de grande qualité, qui assure profiter aujourd’hui de sa courte expérience en Ligue 2 pour réussir son début de saison en Ligue 1 : « Quand on analyse bien, je pense que notre bon début de saison s’explique aussi par le fait que le championnat de Ligue 2 a énormément progressé » déclarait-il fin août. Tout comme un certain Christophe Pélissier, qui est passé sur la Ligue 2 tel un OVNI avec l’Amiens SC durant une saison avant de brillamment se maintenir en Ligue 1 l’an passé !
Il ne faudrait pas oublier de mentionner les performances d’un coach comme Thierry Laurey, qui a récemment hissé puis maintenu le RC Strasbourg Alsace en Ligue 1. Son passage sur le banc de touche du Gazélec Ajaccio semble avoir profondément permis au coach d’évoluer. Avec un jeu ambitieux, Thierry Laurey a fait monter le GFCA de Ligue 2 en Ligue 1 et son équipe a été loin d’être ridicule malgré son statut de petit Poucet dans l’élite. Appelé à Strasbourg, le coach a proposé un football toujours plus ambitieux qui lui a permis de rejoindre l’élite, et de s’y maintenir.
La Ligue 2, passage permettant aux coachs d’évoluer au niveau de leurs idées de jeu ? C’est peut-être ce qu’il s’est produit pour l’ancien entraîneur du RC Lens, Alain Casanova. Malgré une fin d’histoire catastrophique avec le Racing, Alain Casanova a mis en place l’année précédente de nouvelles idées de jeu, qu’on ne lui connaissait pas en Ligue 1. Passé très très proche d’une montée dans l’élite, il a finalement mis un an à rebondir. Et c’est son ancien club du Toulouse FC qui lui a (re)fait confiance. Du neuf avec du vieux ? Pas forcément, puisque le projet de jeu mis en place cette saison avec le TFC semble différent de celui proposé entre 2008 et 2015. Aujourd’hui, Frédéric Antonetti ou Philippe Montanier n’ont pas hésité à « descendre » en Ligue 2. Pour mieux remonter en Ligue 1 ?