Après 6 mois à QRM et 8 buts inscrits en Domino’s Ligue 2, Mathieu Duhamel avait opté pour l’étranger. Cet hiver, pour la première fois de sa carrière, l’attaquant de 33 ans sortait de France. Direction l’Italie et Foggia (Serie B). 5 mois et 12 matchs plus tard, l’ancien Havrais et Caennais est de retour dans l’Hexagone. Non pas pour jouer, mais pour, peut-être, quitter définitivement les pelouses professionnelles.
MaLigue2 : Mathieu, que retenez-vous de votre expérience italienne ?
Sincèrement, que du positif. Ce fut réellement une bonne expérience. L’Italie, c’est assez différent de la France, notamment du point de vue de la mentalité. Le fonctionnement n’est également pas le même. Cela travaille beaucoup plus. Au début, je ne m’y attendais pas. Il m’a fallu un mois pour réellement m’adapter. C’était vraiment dur. La formation est très poussée et est réellement excellente pour les jeunes. Tactiquement… bon, je ne suis pas fan, mais il y en a à tel point que ça devient usant (rire). Et puis, quel enthousiasme dans les stades. Chez nous, c’était exceptionnel ! Tu ne pouvais pas sortir dans la rue sans être reconnu.
Le niveau est-il plus élevé que celui de la Ligue 2 française ?
C’est un championnat au-dessus du nôtre, sans aucun doute. J’ai pu comparer avec ce que j’ai connu à QRM. Il y avait un monde d’écart. Nous finissons en milieu de tableau. Mais notre équipe pouvait sans problème se battre avec des formations de bas de classement en Ligue 1. Techniquement, c’est vraiment au-dessus. Il n’y a quasiment jamais de déchet à l’entraînement. Même le gardien a interdiction de relancer de longs ballons !
Quelle suite allez-vous donner à votre carrière ?
Aujourd’hui, je ne sais pas ce que je vais faire. Pourtant, je me sens super bien physiquement. Mais, c’est possible que j’arrête ma carrière. J’en suis même pratiquement certain, sauf proposition exceptionnelle. Un challenge qui me fasse vibrer, qui soit plaisant. Cette idée d’arrêter, j’y ai pensé en arrivant en Italie. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Et puis, faire bouger toute ma famille sans arrêt, ce n’est jamais facile. Mes enfants grandissent et ils me demandent même de ne plus autant voyager.
« Caen restera gravé dans mon coeur »
Avez-vous eu des propositions ?
Oui, quelques-unes. J’ai notamment des contacts avec des clubs de Ligue 2.
Presque 200 matchs de Ligue 2, 30 de Ligue 1… que retenez-vous de votre carrière ?
Que je suis parti de rien et que j’ai réussi à jouer en Ligue 1. J’ai également fini meilleur buteur de Ligue 2. Et puis, j’ai vécu une bonne expérience à l’étranger, dans un pays que j’aime beaucoup. Si on m’avait dit cela il y a 10 ans, je n’y aurais pas cru. Je n’en ressors que du positif.
Votre meilleur souvenir ?
En toute honnêteté, c’est la montée en Ligue 1 avec Caen, en 2014. Caen restera le meilleur club de ma carrière, sans aucun doute, avec un coach, Patrice Garande, que j’aimais vraiment bien. Le club était sain, et la ville était belle. Sincèrement, si Caen m’avait appelé pour x raisons, pour être numéro 2 ou 3 devant, j’y serais allé sans souci. Ce club restera gravé dans mon coeur.
« QRM est resté amateur, logique qu’il retourne dans l’amateurisme »
La relégation de QRM vous surprend-elle ?
Pas du tout ! Je l’avais dit lors du 1er match amical, l’été dernier. Si nous jouons de la sorte, ça ne pourra pas le faire. A l’époque, on m’avait répondu que c’était notre jeu. Sauf que la Ligue 2, ce n’est pas le National. Malheureusement, tout au long de la saison, il n’y a jamais eu de changement. Cela n’a jamais progressé. Et de ce que je sais, par le biais de nombreux contacts avec les joueurs, ça a continué après mon départ cet hiver. Tout le monde m’a dit que le niveau était triste, que le jeu produit était triste. Dans le football, le but est de marquer, pas de conserver le ballon. Sinon, nous inventons un autre sport et ça s’appelle la passe à 10. Regardez le Gazélec ou Niort, eux arrivent à s’en sortir, avec notamment un jeu plus direct. Nous, à QRM, ce n’était pas comme ça. Le club est resté amateur et c’est logique qu’il retourne dans l’amateurisme. Pourtant, j’aurais aimé qu’il se maintienne. Je suis plus triste pour les gens de la région. Nous méritons, en Haute-Normandie, d’avoir une équipe largement au-dessus que ce niveau-là.
Avez-vous un regret durant votre carrière ?
En sachant que je suis parti de nulle part… Le seul, c’est à la fois une qualité et un défaut. Mon caractère m’a permis d’aller loin, mais c’est aussi mon point faible. J’ai dit certaines choses que je n’aurais jamais dû dire. J’ai voulu brûler certaines étapes, me fermant ainsi des portes. Mon caractère a pu refroidir.
Le futur de Mathieu Duhamel, il ressemblera à quoi ?
D’abord, je vais me reposer, profiter de ma famille. Je vais essayer de monter une société familiale. Et puis, pourquoi ne pas travailler comme agent de joueurs. Après, je reste ouvert à toute proposition, même comme éducateur dans un club. Je vais prendre les choses comme elles viennent.
Propos recueillis par Laurent Mazure