Ancien joueur de l’US Orléans ou du GFC Ajaccio en Domino’s Ligue 2, Robert Maah, libre de tout contrat, se prépare à un nouveau challenge en vue de 2018-2019. A quelques semaines de la fin de la saison et du début du mercato, l’attaquant raconte son quotidien pour se tenir en forme, et revient pour MaLigue2 sur son parcours atypique et son envie de retrouver les terrains.
MaLigue2 : Robert, nous avions un peu perdu votre trace depuis la rupture de votre contrat au Gazélec Ajaccio en octobre 2017. Tout d’abord comment allez-vous, et comment vivez-vous cette période sans club ?
Robert Maah : Je ne vais pas dire que tout va très bien, car ce serait un peu exagéré. Mais ça va. Évidemment, il me manque les terrains, mais je vais bien car c’est moi qui ait choisi ce destin. Au moins de janvier, j’ai préféré ne pas rejoindre un club par défaut juste histoire de signer dans un club. Je m’entraîne tous les jours, et je peux aussi m’occuper de ma famille. C’est quelque chose d’appréciable, alors qu’on n’en a pas forcément le temps pendant une carrière pro.
Comment occupez-vous justement vos journées pour rester dans le rythme ?
Concrètement, du lundi au vendredi, je suis un programme avec mon préparateur physique, Baptiste Fixot. On réalise beaucoup d’exercices en salle, et aussi un peu en extérieur. On travaille énormément sur la tonicité, sur l’explosivité pour être au top. Je touche aussi un peu le ballon, mais c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. À côté de ce programme, j’ai aussi la possibilité de m’entraîner avec l’US Créteil (N1), qui m’a accueilli. Je les remercie grandement, et c’est dans ces moments qu’on se rend compte de ses amis dans le foot. Le président, le directeur sportif, le staff, les joueurs… je les remercie de me laisser venir avec eux quand j’en ai besoin.
Quel type de challenge cherchez-vous pour la saison prochaine ? La L2 absolument, ou alors l’étranger ou le N1 peuvent-ils aussi vous tenter ?
Je respecte les clubs de National 1, et j’ai toujours écouté avec grand respect ceux qui m’ont contacté. Mais j’ai envie d’évoluer au plus haut niveau possible. Après, c’est le mercato qui décidera de cela. Je suis un compétiteur invétéré. Il faut que le discours d’un coach, d’un club me séduise. Je chercher un projet où il faut y mettre ses tripes. Je ne veux pas signer juste pour signer. L’hiver dernier, j’étais en contacts avancés avec un club, tout correspondait, j’avais ce bon feeling, mais ça ne s’est pas fait à la dernière minute…
« J’ai pu disputer un 16e de finale de Coupe d’Europe à Cluj »
Revenons à votre parcours, vous avez connu de nombreux clubs en Italie, en Belgique, en Roumanie ou en Turquie. Vous appréciez l’aventure ?
C’est une vision un peu française des choses de parler d’aventure. J’allais là où on voulait de moi. En Italie, j’ai eu la chance de signer à Bari, un super club, dans des conditions merveilleuses. Je suis resté huit ans en Italie, je suis devenu un homme là-bas. Je ne retirerais rien de mon parcours contre huit années en France dans le même club. En Belgique, j’ai eu l’opportunité de jouer en première division. Puis j’ai signé en Roumanie, à Cluj. Là-bas, j’ai appris à jouer pour gagner des titres, j’ai disputé un 16e de finale de Coupe d’Europe ! Il y a eu un vrai fil conducteur dans ce parcours, émaillé de rencontres importantes au fil de mes expériences.
Après Cluj, on vous découvre réellement en France à l’US Orléans lors de la saison 2014-2015. Vous signez une saison à 7 buts en championnat (10 avec les Coupes), mais le club termine finalement 18e et descend. Un gros regret, forcément ?
Cette relégation, c’était très difficile. On avait toutes les cartes en mains pour se maintenir. Et puis cette saison-là, il y a eu l’affaire des matchs présumés truqués (Nîmes avait été rétrogradé dans un premier temps, avait d’être sauvé et de commencer la saison d’après avec huit points de pénalité)… On sait maintenant avec le recul que ça n’aurait pas dû se dérouler comme ça. Je sortais de Cluj, j’aurais pu signer dans bien d’autres clubs qu’Orléans. Mais j’ai senti quelque chose de particulier, et ce n’était pas très loin de chez moi. J’avais besoin de ce retour au pays après tant d’années à l’étranger. J’ai gardé un lien affectif pour ce club, ça s’est très bien passé, notamment avec le coach Olivier Frappoli, un bel entraîneur. Je suis très content pour eux qu’ils se maintiennent encore cette saison.
« On ne devient pas un joueur à problèmes à 32 ans »
Après l’USO, vous partez en Turquie, puis vous revenez en Ligue 2 en 2016, cette fois au Gazélec Ajaccio. Vous marquez une nouvelle fois 7 buts en championnat en 2016-2017.
J’ai pu redécouvrir la Corse. J’y étais déjà allé en vacances, et j’avais compris pourquoi on l’appelait « L’Ile de Beauté ». On avait vraiment un super groupe, avec des gars d’expérience comme Jérémie Bréchet, François Clerc, Jérôme Le Moigne… Des mecs vraiment costauds, d’anciens internationaux. C’était vraiment une année intéressante, je pense qu’on aurait dû finir au moins dans le Top 5, mais c’est le football. L’idée était de remonter au plus vite, le club avait fait le nécessaire.
Mais l’aventure s’est mal terminée en octobre dernier, avec cette rupture de contrat. Avec le recul, comment expliquez-vous cette situation ?
Cette séparation, je pense que ça m’a porté préjudice, car une rupture de contrat discrédite un joueur de foot. Pas l’homme, mais le joueur. Ça me colle aussi peut-être une étiquette stupide de joueur à problèmes, alors qu’on ne devient pas un joueur à problèmes à 32 ans. Je suis un mec qui marche beaucoup à l’affect. Quand on met la séparation dans la balance, le club a toujours la bonne image car c’est lui qui a le pouvoir de virer un joueur, et pas l’inverse. Il y a de l’incongruité dans ce qu’il s’est passé. Tous les gens qui me connaissent m’ont appelé pour me demander ce qui était arrivé, alors qu’il n’y a rien eu de fou. J’attends avec impatience le jugement du tribunal des Prud’hommes dans cette histoire. Mais bon, le jugement arrive toujours une année après, et l’image reste en attendant. C’est vraiment dommage car je m’étais lié d’affection avec ces gens-là. Après, l’âge me permet de relativiser cette situation. Je ne suis pas revanchard. Je n’ai pas 18 ou 20 ans, il n’y a pas le feu. J’ai envie de retrouver un club car le terrain me manque. Je veux aussi jouer de nouveau pour mes proches, ma famille. J’aimerais que ma fille puisse venir me voir et se dise que son papa est un bon joueur.
Propos recueillis par Dorian Waymel