Buteur pour la première fois le week-end dernier contre Clermont (3-1), Issam Chebake est l’une des révélations de cette saison en Ligue 2. A 25 ans, il découvre le monde pro. Avant un déplacement sur la pelouse du leader troyen, le latéral droit havrais nous livre ses impressions sur son début de saison, et celui de son équipe.
MaLigue2 : Comment va le nouveau buteur du HAC ?
Issam Chebake : (Rires) Nouveau buteur, c’est un peu gros de dire ça. Mais je vais très bien, je me sens de mieux en mieux sur le terrain dans mon rôle de latéral droit. J’avais déjà marqué un but à Clermont, mais il avait été refusé pour un hors-jeu limite. Alors vendredi, j’étais hyper content de trouver le chemin des filets devant nos supporters. Mika Le Bihan me décale, je crochète puis après je prends bien le ballon… Au moment du but, je pense surtout à la victoire. On menait 2-1, et ce but du break a fait mal aux Clermontois. Après le match, je pense à ma famille et à mes proches. Ce but récompense tout le travail accompli depuis mon arrivée ici.
Cette première réalisation aurait pu figurer dans notre Top But. La concurrence était féroce. D’ailleurs les supporters Havrais nous en veulent un peu de ne pas vous avoir sélectionné…
Quelques gars de l’équipe m’avaient dit que j’y serai certainement. Alors j’ai été voir les autres nominés et c’est vrai qu’il y a eu pas mal de lucarnes. Mais je ferai mieux la prochaine fois ! J’essaierai de la mettre un peu plus en hauteur pour en faire partie (Rires).
Vous êtes l’une des révélations cette saison, débarqué de Rodez (CFA) et de suite titulaire. Comment s’est déroulée votre intégration au Havre et dans le monde professionnel ?
Je me suis fait repérer lors du dernier match de la saison passée par le recruteur du HAC. Avec Rodez, on avait aussi fait un beau parcours en Coupe de France. On a joué contre Montpellier en 32e de finale (0-2). Le coach Erick Mombaerts a vu la vidéo de ce match pour observer mon comportement contre des pros. Puis tout est allé très très vite. J’ai eu la chance de faire une grosse préparation estivale et d’être lancé dans le bain. J’ai 25 ans, j’arrive du milieu amateur avec les crocs ! J’ai beaucoup appris en peu de temps avec Mombaerts et il m’a de suite fait confiance.
Vous découvrez donc la Ligue 2. Quelles sont les grosses différences avec le CFA et quelles sont les spécificités de ce championnat ?
La plus grosse différence entre ces deux niveaux, c’est la charge de travail beaucoup plus importante à l’entraînement. En L2, tu sens qu’en fin de semaine, tu es ultra préparé au match qui arrive. En amateur, il y a un peu moins de rigueur parce que par moments, tu sors du boulot le soir et tu arrives sur la pointe des pieds pour t’entraîner, tu n’as pas forcément une grosse motivation.
Sur le terrain, il y a une différence physique. Le CFA aussi est un championnat physique. Mais chez les pros, il y a beaucoup plus d’intensité. Ce sont des efforts plus courts mais répétés. L’approche tactique est également différente et plus poussée. J’ai encore beaucoup à apprendre de ce côté, notamment dans l’animation offensive du couloir et dans les automatismes avec mes partenaires.
A l’aise aussi pied gauche !
Sur le plan collectif, après un long passage à vide entre décembre et mi-janvier, vous avez inversé la spirale négative avec une série de 4 matchs sans défaite, donc deux victoires 3-1 au Stade Océane contre VA et Clermont. Ce nouveau souffle correspond aussi à l’arrêt définitif du « feuilleton Maillol ». Une coïncidence ?
On perd trois fois d’affilée en décembre, janvier aussi est compliqué. Mais on sait de quoi on est capables après notre début de saison. Certes, le dossier Christophe Maillol était pesant au sein du club, mais il n’y avait pas que ça non plus. On a essayé de faire abstraction au maximum de cette situation. Puis il y a eu le départ d’Erick Mombaerts à digérer. C’est un coach en qui j’avais vraiment confiance et qui m’a donné ma chance. Il a fallu une période de transition mais l’arrivée de Thierry Goudet nous a fait du bien. Il a amené sa hargne à l’équipe. Pendant le match, il apporte toute sa détermination sur le banc et on le ressent sur le terrain. Il nous demande de jouer très vite vers l’avant, de chercher la profondeur pour faire la différence.
Prochain déplacement à Troyes. C’est ce qui se fait de mieux actuellement : leader, meilleure attaque, meilleure défense… Au final c’est le genre de match où vous n’avez rien à perdre. Un match sans pression ?
Oui, c’est un gros match, contre une équipe qui évoluera sans doute en Ligue 1 l’année prochaine. Alors qui n’aimerait pas jouer ce genre de rencontre ? On s’entraîne dur toute la semaine pour ces rendez-vous. On doit surtout reproduire ce qu’on a fait pour gagner lors du match aller (3-2). Mettre de l’agressivité, mais aussi savoir être patients pour jouer les bons coups. On avait été au top techniquement, on se trouvait très bien. Il faut bien ça pour battre Troyes.
Le Havre se situe pile en moitié de tableau. Assez loin de la zone de relégation (8pts) et de la montée (9pts). Qu’est-ce qui vous manque encore pour basculer dans la bonne partie du classement et viser plus haut ?
On a encore des manques sur des moments précis, quand on doit tenir le score par exemple. Je pense au match contre le Gazélec où on fait 1-1 alors qu’on menait, et d’autres matchs nuls. C’est une question de concentration, ça se joue sur des petits détails qu’on doit travailler. On sait qu’au fond de nous-mêmes, on peut aller chercher le haut du classement et faire une bonne série. L’objectif c’est de raccrocher les 5-6 premières places déjà.
Vous avez une trajectoire atypique. Peu de joueurs percent dans le monde amateur sans faire de centre de formation jusqu’à monter directement chez les pros. Vous fixez-vous des limites, où rêvez-vous d’un parcours à la Adil Rami, passé du CFA à l’Équipe de France en quelques années ?
Son parcours m’inspire forcément. Je sais d’où je viens. Il y a encore 4-5 ans, je jouais en DH. Il ne me reste plus qu’un niveau, qu’un palier à franchir pour rejoindre l’élite et je vais tout donner. Si c’est avec Le Havre, ce serait encore mieux. Quand on vient du milieu amateur, on apporte de la fraîcheur, de l’envie. On est récompensés de notre travail, c’est une belle porte d’entrée. Je garde contact avec mes anciens coéquipiers. A travers mon parcours, ils peuvent voir que rien n’est impossible, qu’il ne faut rien lâcher !
Crédit photos : Mégane Fréchon