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Entretien ML2 – Peter Zeidler : « Une vraie chance de revenir travailler en Ligue 2 »

Après une première expérience en Ligue 2 sur le banc du Tours FC pendant 14 mois entre 2011 et 2012, Peter Zeidler est de retour en France à la tête du FC Sochaux-Montbéliard. Technicien allemand mais bilingue en français, l’entraîneur de 54 ans n’a pas hésité longtemps à rejoindre le Doubs après des aventures à Salzbourg ou Sion. Rencontre avec l’homme qui souhaite remettre le FCSM sur les bons rails en championnat.

MaLigue2: Peter, heureux de revenir en France après votre passage à Tours ?

Peter Zeidler : Oui car j’adore la France, le foot français et sa culture. C’est une vraie chance pour moi de revenir travailler en Ligue 2. Et tout cela dépasse le projet sportif. J’ai hâte de voyager dans le Nord, en Corse, de revenir à Tours où j’ai déjà travaillé… Diriger une équipe française, c’est un vrai plaisir pour moi sinon je ne serais pas là. J’ai évolué depuis ces six dernières années et mon passage au TFC. J’ai fait trois ans et demi à Salzbourg, j’ai dirigé le FC Sion la saison dernière avec beaucoup de réussite. J’ai beaucoup appris et cela va m’aider pour aborder de nouveau la Ligue 2. Je suis très content d’être de retour.

Vous avez évolué sur le plan personnel, mais pensez-vous que la Ligue 2 a également beaucoup évolué en six ans ?

Il faudra me reposer la question dans trois mois (rires). Mais j’ai suivi quand même la Ligue 2 depuis mon départ. Lorsque j’étais à Sion, je travaillais avec un Français à la vidéo qui est maintenant au Havre (Romain Héquet, ndlr). Lorsque l’on était à l’hôtel, il nous arrivait de regarder parfois le multiplex par exemple. Après, je mentirais si je disais que je connaissais ce championnat par cœur. Mais je m’y suis toujours intéressé. Pour l’instant, je suis surtout dans la connaissance de ma propre équipe. Créer un groupe, c’est le plus important. Après ça va aller vite avec les vidéos et les matchs en décalé le samedi et le lundi d’observer les autres formations.

Qu’est-ce qui vous a fait opter pour le projet sochalien ?

Déjà, de revenir en France. Et puis ce club, c’est une marque. Pour quelqu’un de mon âge, c’est un club historique. Je me souviens de l’épopée de 1981 jusqu’en demi-finale de la Coupe UEFA. Je me souviens également des victoires en Coupe de la Ligue en 2004 et en Coupe de France en 2007. Je suivais déjà Sochaux de loin. En mai, j’ai vu 3-4 matchs, et j’étais aussi venu voir Sochaux jouer contre Monaco en Coupe de la Ligue en janvier dernier (défaite aux tirs au but). Le FCSM, c’est sur la route de Stuttgart donc je m’arrêtais parfois au stade pour voir des matchs comme cela quand j’étais sans club. Sochaux, c’est forcément une bonne adresse. J’ai la possibilité de participer au recrutement, 5-6 joueurs vont arriver. J’ai des jeunes et des expérimentés à gérer. Créer un groupe, c’est quelque chose de fascinant dans le football. Jouer avec des principes bien définis, avec l’envie de créer ensemble.

Le projet du FCSM ? Tout est préparé pour monter mais bon. Je pense que 12 ou 15 clubs visent la même chose. Je ne pense pas que Quevilly-Rouen joue la montée, mais quand on voit ce qu’a fait Amiens la saison dernière… J’ai également pris connaissance des supporters de la région. Quand je les vois dans la petite ville de Montbéliard, à l’entraînement, ou même à un barbecue où j’étais leur invité, je vois que ça vit ! Sochaux, c’est une institution. Les Coupes gagnées hier ne nous aident pas dans le travail d’aujourd’hui, c’est sûr. Mais ce maillot bleu et jaune… Si on joue bien, on peut ramener du monde au stade. Pas en août, car c’est les vacances chez Peugeot (rires). Mais disons septembre. Si on arrive à franchir la barre symbolique des 10 000 spectateurs cette saison ce serait magnifique. Pour cela, il faut enclencher une dynamique positive. A nous de développer ça.

Selon leurs discours, les joueurs semblent en tout cas déjà adhérer à vos méthodes. Quelles sont-elles ?

C’est difficile de parler de cela. Je pense que ce que j’ai fait à Sion la saison dernière monte ce que j’applique. J’ai repris l’équipe en dernière position, on a terminé 4e avec la finale de Coupe en prime. J’avais de jeunes joueurs, et j’ai réussi à les faire progresser. Pas mal d’entre eux ont signé en Bundesliga d’ailleurs cet été. On voit aussi ce que j’ai pu faire du temps de Salzbourg avec de jeunes comme Sadio Mané, Naby Keita ou Dayot Upamecano. Ces deux derniers sont aujourd’hui à Leipzig. J’apporte ma touche personnelle. Tous mes collègues ont leur méthode, chacun a ses principes bien définis. Je veux surtout trouver cet état d’esprit d’équipe. J’ai trouvé mon passage à Tours positif aussi, j’avais de bons joueurs. Dommage que je ne sois resté que 14 mois… C’était l’un des meilleurs classements du club sur ces 10 dernières années de L2 (6e), j’en suis fier. Mais j’arrive en étranger ici, je veux rester humble. C’est dur de parler d’une méthode spéciale. Ce que j’ai fait dans le passé parle pour moi.

Vous avez parlé du recrutement tout à l’heure. Deux jeunes joueurs sont arrivés en prêt pour le moment en plus de Ba, attendez-vous encore des renforts à des postes précis ?

On a commencé avec Yakou Meïté. Certes, le départ de Marcus Thuram à Guingamp n’était pas prévu, mais on avait déjà ciblé Yakou. On voulait ce joueur de Reading. Il est très intéressant. Il provoque, il percute, et il avait vraiment envie de rejoindre Sochaux. Je l’ai senti dès mon premier coup de fil. El Hadji Ba, pareil. Il voulait se relancer et j’avais personnellement déjà des bons retours de lui, on a eu un bon échange. Ensuite, le jeune de l’Inter Milan, Axel Bakayoko, c’est une flèche. Ça peut surprendre, mais lui aussi avait envie de venir à Sochaux alors que d’autres clubs étaient intéressés. C’était clair qu’il viendrait en prêt. Et pourtant à Sochaux, il n’y a pas la mer, il n’y a pas la montagne…

Nous sommes également tout proche de faire signer un jeune très bon gardien en numéro 2 (Lawrence Ati Zigi) où il était troisième et un peu bloqué à Salzbourg. Il viendra derrière Maxence Prévot, qui m’a impressionné depuis le début. C’est très clair dans mon esprit, Maxence débutera la saison titulaire. Sinon, on cherche toujours un latéral gauche. Après pendant le mercato, tous les clubs de Ligue 2 ne sont jamais assurés qu’il n’y ait plus de mouvements jusqu’à la fin. Dans les deux sens d’ailleurs. Il y a toujours des mouvements qu’on attend pas.

Vous avez enclenché une première spirale positive avec ces trois victoires de rang en matchs amicaux. Même si ceux-là ne veulent pas forcément dire grand-chose, comment jaugez-vous votre groupe depuis la reprise ?

J’ai l’impression que les joueurs adhèrent au projet qu’on leur présente. Contre Aarau (2-0), même si c’était une équipe de D2 suisse, on a eu le contrôle total. On aurait pu marquer 5 buts. Les joueurs voient que ça ne fonctionne pas seulement à l’entraînement, mais également sur le terrain en match. Donc ils adhèrent et ils y croient encore plus. On réalise des bons débuts. Ce qui fait la différence ensuite, ce sont les détails tactiques et les automatismes. Et c’est la partie la plus difficile à régler. Le deuxième aspect, c’est l’esprit de groupe. Et avec le départ de Thuram, de nouvelles relations sont à tisser offensivement.

Il faut que ça se fasse vite, même si on a encore deux bonnes semaines de préparation. C’est pour cela que j’organise un deuxième mini-stage la semaine prochaine, dans un petit hôtel, afin de renforcer la cohésion. On le fera du mercredi au vendredi, avant de jouer contre Strasbourg à Colmar. Ici l’été, c’est facile pour travailler. Les pelouses sont bonnes et bien arrosées. Le groupe montre beaucoup d’envie, l’équipe est en train de se créer. Mais le 28 juillet contre Bourg, ça sera une autre histoire, ça sera la compétition officielle. D’ici là, il reste encore beaucoup de rond-points à négocier. Et comme sur le Tour de France, il ne faut pas rater la bonne sortie !

Propos recueillis par Dorian Waymel

Crédit photos : Christian Lemontey/FCSM

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